Misterprepa

Sixième synthèse du GIEC, le rapport de la dernière chance ?

Sommaire

La synthèse du sixième rapport d’évaluation du GIEC a été publiée ce lundi 20 mars 2023. Ce document a été adopté à l’issue d’une session d’approbation qui s’est tenue du 13 au 17 mars avec les représentants des 195 pays membres du GIEC. Penchons-nous sur les grandes lignes de ce rapport qui offre aux décideurs politiques une image de l’état de la science et le panorama des solutions possibles pour une réduction rapide des émissions de gaz à effet de serre.

 

Une sixième synthèse attendue depuis la COP21 de Paris en 2015

Créé́ en 1988, le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) organise ses travaux selon des cycles. Ouvert en octobre 2015, année de l’adoption du traité international appelé “Accord de Paris”, le rapport de synthèse publié le 20 mars vient clôturer neuf années de travail. Ce rapport est le fruit du Volume 1 « Les éléments physiques du climat » publié en août 2021, du Volume 2 « Impacts, Adaptation et Vulnérabilité » de février 2022 ainsi que du Volume 3 « Atténuation » paru en avril 2022. Ce « résumé des décideurs » est le fruit de plus de 10 000 pages de travaux publiées depuis la précédente synthèse à la fin de l’année 2014.

Près de neuf ans après leur dernière synthèse, les experts climats de l’ONU réunis en Suisse viennent de livrer le dernier consensus scientifique sur le réchauffement climatique et sur la réponse urgente de l’humanité à ce défi existentiel. Après une semaine de réunions à Interlaken en Suisse, les représentants des États membres du GIEC ont approuvé dimanche le “résumé pour les décideurs”, une trentaine de pages synthétisant l’état de la science et le panorama des solutions possibles, sous une forme intelligible par tous. Ce rapport de synthèse se divise en trois parties : premièrement, la situation actuelle et les tendances, deuxièmement, le futur du réchauffement climatique, les risques, et les réponses à long-terme. Enfin, troisièmement,les réponses à apporter à court terme.

 

Lire plus : Nouveau rapport du GIEC : il est vraiment temps d’agir !

 

Le constat : la hausse de la température globale continue de s’accentuer

Dans ce rapport, le GIEC rappelle que les émissions de gaz à effet de serre dues aux activités humaines ont réchauffé le climat à un rythme sans précédent : la température de la surface du globe s’est élevée d’ 1,1 °C par rapport à la période pré-industrielle. Quels que soient nos efforts actuels, le GIEC estime que le réchauffement de la planète atteindra 1,5 °C dès le début des années 2030.

Les émissions de gaz à effet de serre (GES) ont continué à augmenter fortement au cours de la dernière décennie avec en moyenne 56 GtCO2eq par an, mais deux fois moins vite que lors de la décennie précédente.  La poursuite des émissions est principalement due au fait que l’amélioration de l’efficacité énergétique n’a pas compensé l’augmentation globale de l’activité dans de nombreux secteurs économiques, les énergies fossiles et l’industrie restant les principales sources d’émissions.

Les effets du changement climatique sont amplifiés dans les villes qui concentrent plus de la moitié de la population mondiale.  3,3 milliards de personnes vivent dans des zones qui sont déjà̀ vulnérables au changement climatique. Entre 2010 et 2020, la mortalité́ due aux inondations, aux sècheresses et aux tempêtes a été 15 fois supérieure dans les pays très vulnérables par rapport aux pays peu vulnérables.

 Les impacts du changement climatique vont s’accentuer au fur et à mesure du réchauf- fement mondial. Cela concerne : les extrêmes de températures, l’intensité des précipitations, la sévérité des sécheresses, l’augmentation en fréquence et intensité des évènements climatiques rares, l’accélération de la fonte du permafrost, de la glace de mer en Arctique, des glaciers de montagne et des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique.

 

Lire plus : Le nouveau rapport alarmant du GIEC sur le dérèglement climatique

 

Les solutions pour faire face au réchauffement climatique sont entre nos mains

Faire face à l’urgence climatique est possible : selon le GIEC, nous disposons collectivement de suffisamment de connaissances, d’outils et de capitaux mondiaux pour relever ce défi, avec un rôle crucial pour les gouvernements. Cela nécessitera d’engager une véritable transformation de nos sociétés en déployant très rapidement des mesures de grande envergure dans tous les secteurs. Mais si la volonté des décideurs politiques est alignée avec les objectifs climatiques, de nombreuses options réalisables, efficaces et peu coûteuses sont disponibles à court terme, certaines avec des impacts positifs immédiats. 

L’une des principales sources de gaz à effet de serre est la combustion d’énergies fossiles, provenant notamment des centrales à charbon et des véhicules thermiques. Il faut donc arrêter le financement de ces énergies, qui selon le rapport, bénéficie de plus d’investissements publics et privés que l’action climatique.

Une autre condition est indispensable pour limiter le changement climatique en plus du déploiement des énergies renouvelables : réduire fortement notre consommation. Le GIEC emploie pour la première fois le terme de « sobriété ». Une forte réduction de la demande pourrait permettre une baisse de l’ordre de 40 à 70% des émissions mondiales de gaz à effet de serre d’ici 2050. 

Le nombre de mesures d’adaptation a considérablement augmenté depuis 2014, mais de façon inégale et fortement focalisées sur l’eau. Il existe de nombreuses options d’adaptation qui peuvent réduire les risques pour les populations et les écosystèmes : systèmes d’alerte précoce, amélioration de l’irrigation, agroécologie, solutions fondées sur la nature. La finance climat internationale dédiée à l’adaptation (entre 4 et 30 %, selon les sources) a progressé́, mais elle reste insuffisante et contraint les efforts d’adaptation.

Pour finir, il est évident que rien ne se fera sans l’appui des décideurs politiques du monde entier. Il faudra ainsi s’appuyer sur une coopération internationale forte en matière de décision et de financement. Le GIEC nous ouvre des solutions, il est de la responsabilité de chacun d’en prendre connaissance et de les appliquer dans son quotidien.

 

Lire plus : Quelle gouvernance gouvernance d’entreprise pour la transition énergétique et écologique ?

 

Pour conclure, le “résumé pour les décideurs” sera un point d’appui majeur pour la société civile qui a en ligne de mire le rendez-vous de la COP28, en décembre à Dubaï, où un premier bilan mondial des engagements des pays pour tenir les objectifs de Paris est attendu.

Newsletter
Image de Damien Copitet
Damien Copitet
Je suis étudiant à SKEMA BS après deux années de classe préparatoire au lycée Gaston Berger (Lille). Nous nous retrouvons toutes les semaines pour l'actualité en bref