Pour le second trimestre consécutif, le Produit Intérieur Brut (PIB) de l’Allemagne, première économie européenne, s’est contracté. Le pays a donc basculé en récession technique au premier trimestre 2023.
L’Allemagne tombe en récession technique au premier trimestre 2023
Selon l’institut Destatis, l’Allemagne est entrée en récession technique au premier trimestre 2023, avec une deuxième baisse consécutive de son produit intérieur brut, plombé par son industrie qui souffre d’une baisse de sa demande, sur fond d’inflation et de hausse des taux d’intérêt. Le PIB de l’Allemagne a chuté de 0,3% entre janvier et mars sur un trimestre, après avoir reculé de 0,5% entre octobre et décembre, en données corrigées des variables de saison et de calendrier.
Il s’agit d’une récession au sens technique, c’est-à-dire deux trimestres de baisse à la suite. La récession est définie comme une « période de recul temporaire de l’activité économique », explique l’Insee. « Le plus souvent, on parle de récession si l’on observe un recul du PIB sur au moins deux trimestres consécutifs », précise l’Institut national de la statistique et des études économiques.
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Les maux de son industrie plongent l’Allemagne en récession
L’industrie allemande, longtemps dépendante du gaz russe bon marché, a été durement touchée l’an dernier après l’invasion de l’Ukraine par Moscou. Et pour cause, le conflit a coupé ses approvisionnements vers l’Allemagne et fait grimper les prix. L’industrie pensait cependant profiter d’une réouverture de la Chine et de l’atténuation des goulots d’approvisionnement sur les marchés internationaux, relançant les exportations. Du coup, la perspective d’une récession semblait s’éloigner.
L’espoir allemand de profiter de la réouverture de la Chine a, en outre, été douché par un recul en avril de 9,5 % sur un an de la valeur des exportations vers cette dernière. Mais « cet optimisme a laissé place à plus de réalisme (…), l’Allemagne est bien tombée dans une récession hivernale », commente Carsten Brzeski, expert pour la banque ING. Le commerce extérieur a ainsi reculé de 5,2 % en mars.
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L’inflation reste très élevée en Allemagne
L’économie allemande semblait mieux résister que prévu en début d’année, avec des effets contenus de la crise énergétique grâce à des aides massives, un recours accru au gaz liquéfié et un début de baisse des prix du gaz. Mais l’inflation, qui reste très élevée à plus de 7%, a finalement comprimé considérablement les dépenses de consommation privée et publique, qui ont plombé cette dynamique. Et les hausses de taux directeur menées tambour battant par la Banque centrale européenne pour la combattre commencent à avoir des effets sur l’activité, en comprimant la demande.
Résultat, après plusieurs mois de hausse, la production du secteur manufacturier, central pour le modèle économique allemand chute de 3,4% sur un an. Les commandes industrielles ont elles aussi rechuté lourdement en mars, de 10,7%, du jamais vu depuis le creux de la pandémie.
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Faut-il craindre une récession en France ?
Première économie européenne et premier partenaire commercial de la France, l’Allemagne est tombée en récession, ce qui peut légitimement faire craindre une situation similaire du côté de l’Hexagone. Néanmoins, dans un entretien au Monde publié le 20 mars 2023, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau avait affirmé que « sauf événement mondial majeur, la France va échapper à la récession ».
Quant à lui Olivier Dussopt, ministre du travail, estime dans une conférence du 24 mai 2023 que « l’économie résiste bien », tout en ajoutant que pour lui, « l’objectif du plein-emploi en 2027, à la fin du second quinquennat d’Emmanuel Macron, est atteignable, il est plus proche que jamais ».
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Pour conclure, malgré ce ralentissement, le gouvernement allemand reste optimiste, avec une prévision de croissance de 0,4% en 2023. « L’économie a connu une faiblesse hivernale. Mais nous continuons à nous attendre à une nette amélioration au cours de l’année », a assuré à l’AFP le ministère de l’Economie.