Analyse rapport de jury – La culture générale (emlyon / HEC)
La moyenne générale s’élève cette année à 9,95 contre une moyenne à 10,15 en 2018 pour HEC et de 10,10 pour l’emlyon.
Sujet : « Les blessures de la mémoire. »
Le rapport de jury complet est présent ICI.
Les attentes du jury
Un changement important est intervenu cette année, puisque a été mise en place une nouvelle épreuve “fusionnée” sur le principe d’une co-conception et d’un co-pilotage de l’équipe de correcteurs entre l’emlyon business school et HEC Paris, avec une concertation et un travail conjoint entre les deux concepteurs. La correction de cette nouvelle épreuve a nécessairement
pris en compte les critères d’évaluation des deux écoles et en a réalisé une synthèse.
Pour la conception du sujet, certaines pratiques, propres notamment à l’emlyon business school, ont évolué. Le sujet proposé peut prendre une forme interrogative, mais cela n’a plus rien d’obligatoire (le sujet cette année n’était pas une question) ; le thème étudié peut apparaître dans le sujet (comme cette année : « la mémoire ») mais là encore nous ne considérons pas cela comme une règle absolue : un sujet comme « se souvenir de soi », ou
« pourquoi raconter ses souvenirs ? » était possible.
Il est fortement conseillé aux candidats d’être synthétiques et incisifs, même si plus aucune limite explicite du nombre de pages ne leur est imposée.
Enfin, les fautes d’orthographe et/ou de syntaxe ne donnent pas lieu à des pénalités chiffrées (comme auparavant pour l’emlyon) mais il est bien sûr tenu compte de la qualité de l’expression écrite, qui joue un rôle important dans l’évaluation.
Nous réaffirmons par ailleurs des règles fondamentales : le sujet de culture générale qui sera proposé aux candidats dans le cadre de cette fusion sera immédiatement lisible et compréhensible, il appartiendra au cœur du champ notionnel, et tout candidat qui a travaillé pendant l’année pourra le traiter ; il engagera une réflexion philosophique qui pourra être alimentée par des références culturelles variées, notamment littéraires.
Le sujet proposé cette année ne se présentait pas sous forme de question mais reprenait le thème de la mémoire et l’associait à un autre concept, ce qui aurait dû permettre non seulement de mobiliser les connaissances acquises, mais de réfléchir à nouveau sur le sens de la notion étudiée.
Nous attendions des candidats qu’ils ne prennent pas les concepts du sujet pour une évidence, mais en fassent l’analyse, et s’étonnent du rapprochement entre blessures et mémoire. Le pluriel « des » blessures n’est pas interrogé, et laisse place à une homogénéisation plate, les blessures se réduisant au souvenir traumatique. Les blessures de la mémoire ne sont pourtant pas la mémoire des blessures.
Les très mauvaises copies (de 1 à 5) sont rares, mais nous en avons trouvé : elles sont mal écrites, les idées sont mal organisées et surtout, elles substituent totalement au traitement du sujet la récitation de bribes de cours plus ou moins maîtrisées. Certaines copies ne respectent pas les règles élémentaires de la dissertation (une introduction claire, trois parties, une conclusion) et d’autres deviennent illisibles par la multiplication de ratures, de fautes d’orthographe, ou une graphie quasiment indéchiffrable.
Les meilleures copies – qui sont notées à partir de 15 – sont celles qui, ne prenant pas les concepts du sujet pour une évidence, en font l’analyse, et s’étonnent à juste titre du rapprochement entre blessures et mémoire.
Conseil aux futurs candidats
Nous avons particulièrement sanctionné les copies qui ne questionnent pas le sujet, qui ne l’affrontent pas. Aborder – si possible tout au long de la copie – le sujet comme un problème, a toujours été valorisé. Inversement, l’accumulation de références ou d’exemples sans aucun esprit critique et surtout sans attention portée au sujet lui-même, est, redisons-le, pénalisée. Savoir « par cœur » telle ou telle citation est inutile si celle-ci n’apporte rien au raisonnement ; le but de l’épreuve n’est nullement de multiplier les références pour elles- mêmes. Rappelons également que l’usage de sites internet qui accumulent mécaniquement les mêmes références [qu’on retrouve massivement ensuite dans les copies] est profondément contre-productif : il faut rappeler aux candidats l’impérieuse nécessité de s’inspirer du cours de leurs professeurs de philosophie et de lettres, cours qui visent à leur montrer que la culture générale est une activité d’intelligence, de réflexion, d’émotion, de lectures, d’écriture. Nous constatons que très peu d’étudiants lisent les œuvres dont ils parlent, et préfèrent travailler à partir des sites et non à partir du cours. Cette mécanisation de la culture produit un nombre très grand de copies faiblement notées, car la culture n’y est plus un geste libre, propre, personnel au bon sens du terme.
Il est rappelé aux candidats qu’ils ne doivent pas non plus transformer le sujet qui leur est donné. En l’occurrence, le sujet n’était pas simplement un sujet sur l’oubli, ni sur l’identité au cours du temps ; on ne pouvait réduire la question à sa dimension individuelle, pas plus qu’on ne devait seulement la traiter à partir de son sens collectif. Bref, il faut lire le sujet, se l’approprier, le penser.
Enfin, nous ne pouvons que rappeler qu’il est impossible dans une composition de culture générale de dissocier le fond de la forme, ce qui implique d’écrire de manière correcte, sinon élégante, d’être clair et d’argumenter de façon cohérente. La dissertation ne saurait par ailleurs se définir comme une structure purement formelle se subdivisant en parties et sous- parties explicitement nommées et numérotées (I, II, III, A, B, C) : cette présentation est maladroite et fait plutôt obstacle à la lecture. Un grand nombre de copies présente, au début de chaque partie, un résumé numéroté de l’argument qui va suivre. Cette mécanisation de la dissertation est profondément à bannir, rendant la lecture de la copie inutilement formelle.
Notre analyse
Il est donc nécessaire de prendre en compte la totalité des termes du sujet afin de pouvoir bien problématiser et avoir une rédaction pertinente répondant bien aux attentes des jurys. L’épreuve de Culture Générale est une épreuve de dissertation, il est donc nécessaire de s’appliquer tant sur la syntaxe et l’orthographe que sur la calligraphie. Il est recommandé d’écrire avec une encre sombre (bleue ou noire) du fait que les copies sont numérisées, évitez de fait au maximum les ratures et le correcteur blanc.
Les meilleures copies se distinguent car ces dernières arrivent à s’approprier le sujet et ne cessent de soulever des problèmes tout au long de la copie (c’est comme une enquête avec plein de rebondissement). Evitez au maximum les paragraphes tout cuits, car ces derniers sont souvent pénalisés. Et pour finir respectez bien la forme de la dissertation de Culture Générale présentée ci-dessus, elle est totalement différente de celle d’ESH ou de Géopo.