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Géopolitique de l’Asie du Sud-Est : histoire et enjeux

Sommaire

L’Asie constitue un théâtre géopolitique complexe, marqué par l’héritage de la Guerre froide, des tensions endogènes et des rivalités territoriales. À travers des conflits majeurs, des alliances fluctuantes et des dynamiques régionales singulières, elle illustre les profondes transformations politiques, économiques et sécuritaires qui façonnent le monde contemporain. Ce texte explore, dans une logique analytique, les impacts de la Guerre froide, les menaces internes et les rivalités territoriales, en mettant en lumière les interactions entre les grands acteurs de la région.

 

La Guerre froide et l’Asie du Sud Est

La Guerre froide a laissé une empreinte durable sur l’Asie, à travers des conflits majeurs qui ont redéfini les rapports de force régionaux. La Guerre de Corée (1950-1953) et la Guerre du Vietnam (1963-1975) illustrent la rivalité entre blocs communiste et capitaliste. Plus tard, la guerre entre la Chine et le Vietnam en 1979 révèle les tensions entre pays communistes eux-mêmes, le Vietnam ayant envahi le Cambodge pour chasser les Khmers rouges soutenus par la Chine. Cette intervention a conduit à une invasion chinoise du nord du Vietnam, soulignant la relation ambivalente entre ces deux nations.

Les relations sino-nord-coréennes s’inscrivent également dans cet héritage. La Corée du Nord, État totalitaire, utilise des politiques coercitives, y compris la famine, pour asseoir son pouvoir. En détenant l’arme nucléaire, elle représente une menace internationale, ce qui pousse la Chine à maintenir son soutien pour des raisons idéologiques, sécuritaires et géopolitiques. Pékin voit Pyongyang comme une zone tampon stratégique contre les forces américaines et un partenaire idéologique. Les États-Unis, quant à eux, ont tenté des rapprochements, comme la rencontre entre Kim Jong-un et Donald Trump en 2018, sans réelle avancée. La Corée du Sud, malgré sa dépendance militaire envers Washington, navigue entre alliances économiques avec la Chine et tensions régionales, illustrées par le déploiement du système antimissile THAAD en 2016.

 

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Une géopolitique marquée par la décolonisation et la montée des extrémismes

Les tensions internes en Asie trouvent souvent leur origine dans des fractures historiques et des mouvements séparatistes. L’exemple des Rohingyas en Birmanie montre comment la colonisation britannique a laissé des populations musulmanes marginalisées, aujourd’hui victimes de nettoyages ethniques pour des raisons racistes, politiques et économiques. La persécution des Rohingyas en 2017 a mis en lumière les contradictions internes de la Birmanie, où la junte militaire manipule cette crise pour discréditer ses opposants.

Des divisions similaires se retrouvent au Sri Lanka, où la guerre civile (1983-2009) a opposé les Cinghalais bouddhistes aux Tamouls hindouistes. Héritée de la colonisation britannique, cette fracture a alimenté un conflit sanglant marqué par des violations des droits humains. Bien que la guerre soit officiellement terminée, les tensions communautaires subsistent.

Parallèlement, la montée de l’islamisme radical constitue une menace majeure en Asie du Sud-Est. Dans des pays historiquement tolérants comme l’Indonésie et la Malaisie, l’influence du wahhabisme a radicalisé certaines écoles coraniques depuis les années 1970. Le fondamentalisme religieux se traduit par des dérives djihadistes inquiétantes, comme les attentats de Bali en 2002 ou la bataille de Marawi aux Philippines en 2017. À cela s’ajoutent les répressions étatiques, comme celle des Ouïghours en Chine, qui exacerbent les tensions religieuses et alimentent des mouvements extrémistes.

 

L’Asie du Sud-Est en quête de frontières stabilisées

Les rivalités territoriales en Asie découlent en grande partie des frontières redessinées au fil des siècles. Le Cachemire, disputé entre l’Inde et le Pakistan depuis la partition de 1947, reste une zone de tension majeure. Les quatre guerres indo-pakistanaises, combinées à des affrontements récurrents, illustrent les risques d’escalade entre puissances nucléaires. Ces tensions sont aggravées par les activités terroristes soutenues par Islamabad, comme les attentats de Mumbai en 2008.

Les relations entre la Chine et ses voisins sont également conflictuelles, notamment en ce qui concerne Taïwan. Pékin considère toujours l’île comme une province rebelle et intensifie les pressions diplomatiques et militaires pour isoler Taipei. Les crises récurrentes dans le détroit de Formose et les déclarations agressives de Xi Jinping, affirmant que la réunification est inévitable, montrent une volonté chinoise de redéfinir l’équilibre régional.

Enfin, les conflits en mer de Chine méridionale témoignent des ambitions territoriales chinoises face aux intérêts des États-Unis et de leurs alliés. Ces disputes renforcent l’idée, selon Michel Foucher, que les États asiatiques ne considèrent pas leurs frontières actuelles comme définitives, alimentant une instabilité chronique.

 

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Conclusion

L’Asie est un continent où les héritages de la Guerre froide, les tensions internes et les conflits frontaliers se croisent, créant un espace marqué par des contradictions profondes. Loin d’être unifié, il est traversé par des lignes de fractures historiques, religieuses et géopolitiques, qui nécessitent des approches multilatérales pour garantir une stabilité durable. Dans ce contexte, le rôle des grandes puissances, notamment des États-Unis et de la Chine, sera déterminant pour façonner l’avenir de la région, entre coopération et rivalités exacerbées.

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Image de Augustin Hirtzberger
Augustin Hirtzberger
Etudiant en première année à Audencia après deux années de classe préparatoire au lycée Hoche.