“Le Loup” est un sujet tombé en 2024 à l’oral de CSH à HEC. Voici une proposition de plan détaillé sur un tel sujet. Bien évidemment, d’autres approches du sujet sont possibles et d’autres références peuvent se substituer aux références proposées.
Introduction
[ Accroche ] Dans son conte “Le Petit Chaperon Rouge”, Charles Perrault met en scène un loup, qui prend le rôle du prédateur rusé, prêt à toutes les manigances pour dévorer le petit chaperon rouge. Le loup y incarne le danger auquel l’enfant doit faire face et même la manipulation lorsqu’il incite le petit chaperon rouge à aller cueillir des fleurs pour gagner du temps puis en se faisant passer pour sa grand-mère. Chez Perrault, le loup finit bel et bien par dévorer le petit chaperon rouge, récompensant son stratagème vicieux. Dans la version plus optimiste des frères Grimm, un chasseur apparaît et sauve les victimes, symbolisant la victoire de l’homme face au “Grand Méchant Loup”.
[ Définition ] Le loup est un animal carnivore, qui doit donc chasser et tuer pour se nourrir. Bien que l’on ait une vision très solitaire et individualiste du loup, c’est un animal qui vit en meute.
[ Analyse ] Dans l’imaginaire collectif, c’est un animal qui incarne la sauvagerie, la cruauté, un animal menaçant qui provoque la peur. Le loup devient bien plus qu’un animal mais une figure mythique par sa forte présence dans les légendes et les récits. Il y est souvent perçu comme un animal dangereux et manipulateur. Mais peut-on résumer le loup à cette vision d’animal individualiste et sauvage ?
[ Problématique ] Cette vision du loup cruel est-elle alors une réalité ou bien une construction culturelle visant à projeter nos propres peurs sur cet animal ?
I – Le loup comme figure du danger dans l’imaginaire collectif
A) Le loup, animal cruel qui provoque la peur
On retrouve très souvent le loup dans les légendes et les mythes. Dans leur très grande majorité, le loup y est l’antagoniste, le “méchant”.
Référence 1: citer le conte musical de Sergueï Prokofiev “Pierre et le Loup”, le loup est représenté par le cor dans l’orchestre, accentuant la peur chez le spectateur.
Au-delà de la fiction, le loup est un animal qui terrifie les hommes dans la réalité.
Référence 2 : C’est ainsi à un loup que ressemblerait la Bête du Gévaudan qui aurait tué plusieurs centaines d’habitants, terrorisant ainsi les villages aux alentours.
N.B. : De nombreux autres exemples sont possibles ici. N’hésites pas à davantage développer ton exemple en évoquant un passage
B) Le loup, symbole de la force face à la raison
Chez le loup, c’est la brutalité et la force qui semblent primer sur la raison et la justice. Le loup est l’illustration de la loi du plus fort.
Référence : citer la fable “Le loup et l’agneau” de Jean De La Fontaine avec sa morale “La raison du plus fort est toujours la meilleure”. La justice est délaissée au profit de la force : “Si ce n’est donc toi, c’est donc ton frère”.
C) La dualité Homme/Loup
L’Homme cherche à surpasser la puissance et la force du loup en se montrant plus fort que lui. On peut penser aux battues organisées par les hommes pour chasser les loups, aux tenues en peau de loup révélant la victoire de l’homme sur l’animal, ou encore la mise en captivité du loup dans un zoo.
Référence : “L’oeil du Loup” de Daniel Pennac. Un jeune garçon rencontre “Loup Bleu”, un loup en rétention dans un zoo. Alors qu’il vivait avec sa meute en Alaska, sa famille a été tuée par des humains et il fut capturé pour finir dans ce zoo.
II- La vision du loup sauvage et cruel comme construction culturelle
A) Un animal dangereux : c’est le rôle qu’on cherche à donner au loup afin d’éduquer à la méfiance
On a besoin des récits mettant en scène une vision négative du loup, car cela permet de confronter l’enfant à ses propres peurs mais aussi de lui apprendre la méfiance envers l’inconnu.
Référence : Bruno Bettelheim, “Psychanalyse des contes de fées”. Les contes permettent de faire apprendre des règles de vie aux enfants (ne pas parler aux inconnus dans le cas du petit chaperon rouge). Le loup révèle à l’enfant qu’il existe de véritables dangers dans la vie et qu’il doit s’en protéger en suivant certaines règles : la méfiance vis-à-vis du loup (représentant un homme mal intentionné) dans le cas des trois petits cochons.
B) Le loup représente la force face à laquelle il faut privilégier l’intelligence et la raison
A l’instar du conte des trois petits cochons, le loup est encore présenté comme l’être brutal et violent. Pour le vaincre, il faudrait être plus malin que lui. On retrouve encore une leçon : L’intelligence doit triompher de la force.
Référence : Le Roman de Renart. Malgré sa puissance physique, Ysengrin le Renart perd souvent face à Renart le goupil qui utilise la ruse pour arriver à ses fins. Plusieurs scènes peuvent être mobilisées pour montrer que la force du loup peut être surpassée par la raison. On a une opposition avec La Fontaine qui montrait la victoire de la force du loup sur l’éthique et la justice.
C) Le loup comme opposition à l’homme civilisé
Dans l’imaginaire collectif, le loup s’oppose à la civilisation en étant symbole du sauvage. Le loup est alors ce qu’il ne faut pas devenir mais aussi celui dont l’on doit se méfier. Aussi Hobbes déclare-t-il que “l’homme est un loup pour l’homme” (d’après la formule de Plaute dans La Comédie des ânes : “Homo Homini Lupus”).
Référence : Thomas Hobbes, Le Léviathan
III- On ne peut réduire le loup à un générateur de peur. Au contraire, le loup est plus proche de l’homme qu’il n’y paraît
A) Le loup comme animal sociable
Contrairement à l’idée reçue forgée par les récits, le loup n’est pas un animal solitaire et individualiste. Bien au contraire, le loup vit en meute, une structure organisée. La meute suit une hiérarchie précise : du loup alpha (mâle dominant) au loup omega (bouc émissaire). Ainsi, la meute agit collectivement : ils chassent, protègent le territoire et élèvent leur petits ensemble. La communication est essentielle chez les loups et passe par les hurlements.
Référence : Le livre de la jungle, Rudyard Kipling : décrire la micro-société qu’est la meute de loup, la hiérarchie (Akela),…
B) La louve comme figure de la maternité
Dans Le Livre De La Jungle, la mère louve, Rashka, élève ses petits ainsi qu’un “petit d’homme”, Mowgli, avec amour. On voit ici la parfaite opposition à la vision de violence et de cruauté du loup décrite dans les contes, par l’amour maternel.
Référence : On peut citer la louve qui éleva Rémus et Romulus, comme symbole de maternité créatrice par la fondation de Rome.
C) À contre-temps avec la vision négative du loup, la figure du loup a également été romancée en adoucissant la vision qu’on en avait.
Lorsque l’on est enfant, on découvre une vision violente du loup par les contes. Une fois adulte, les récits nous montre une autre facette de cet animal : une facette de reconversion, d’animal qui passe de l’état sauvage à civilisé.
Référence 1 : Croc-Blanc, Jack London. Le roman décrit un loup brutal et sauvage qui tombe sur plusieurs maîtres cruels (comme Beauty Smith), avant d’arriver chez Weedon Scott, un maître bienveillant qui sort Croc-Blanc de la violence.
Référence 2 : Le loup de Gubbio. Un loup féroce qui dévorait le bétail et faisait fuir les habitants, avant de rencontrer Saint françois d’Assise qu’il écoute calmement et qui lui permet de se réconcilier avec les hommes.
Conclusion
Instinctivement, lorsque l’on songe au loup, la première image que l’on s’en fait est très négative : Le loup est sauvage, dangereux, sans pitié. Cette vision du loup est influencée par les contes pour enfants, qui mettent en avant le côté brutal du loup. D’une part, cela permet d’éduquer les enfants au fait qu’il existe de la violence et de la méchanceté dans le monde. D’un autre côté, cela trahit ce qu’est réellement le loup. Car le loup est aussi capable, à l’instar de l’homme, de vivre en société, de communiquer, d’agir avec douceur. Finalement, le loup est un animal complexe qui interroge notre rapport au sauvage et à la peur.
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