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Brexit : des gagnants, des perdants #1 Le Commonwealth

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Le Brexit : des gagnants, des perdants

Le Brexit a bien été LE sujet d’actualités pendant la fin des années 2010. Alors que l’on peut enfin bénéficier d’un peu de recul, voyons qui en sont les perdants et les gagnants.

 

Episode 1 : Le Commonwealth

Tout d’abord, commençons par le Commonwealth, véritable régionalisme anglais.

 

Qu’est-ce que le Commonwealth ?

Il s’agit d’une organisation regroupant les anciennes colonies britanniques comportant 54 pays membres regroupant 2,4 milliards d’habitants (1/3 de la population mondiale) parmi lesquels comptent l’Inde, le Canada et l’Afrique du Sud par exemple. C’est une organisation dont on ne parle que très peu aujourd’hui mais elle reste vivante et attractive. Depuis 2009, quatre Etats ont candidaté à l’adhésion dont le Somaliland et le Soudan du Sud. En règle générale, le chef de l’Etat des pays membre de l’organisation est la Reine Elisabeth II.

 

Une alternative pour le Royaume-Uni au lendemain du Brexit ?

Au moment où le Royaume-Uni se retire de l’Union Européenne, il est à la recherche de nouveaux partenaires commerciaux. A partir d’avril 2018, plusieurs parlementaires et autres politiques en faveur du Brexit appellent le gouvernement à se tourner vers les pays du Commonwealth avec lesquels le Royaume-Uni entretient naturellement une relation privilégiée, en marge d’une réunion des chefs d’Etat de l’organisation. Toutefois, le Financial Times dans A British illusion of Commonwealth trade after Brexit  a relevé quelques difficultés quant à ce projet d’apparence prometteur.

L’Union Européenne est aujourd’hui le principal partenaire commercial du Royaume-Uni (43% de importations et 53% des exportations). Le Commonwealth échange, quant à lui, cinq fois moins avec l’archipel. Si avant son intégration à la Communauté Economique Européenne le Royaume-Uni représentait un acteur majeur dans le commerce extérieur de ses anciennes colonies, ces Etats se sont tournés vers de nouveaux partenaires après avoir souffert de l’abandon britannique de 1973. En réalité, les relations entre le Commonwealth et l’ancienne métropole avaient déjà été affaiblies par la dévaluation de la Livre Sterling en 1967. Le grand espoir du Commonwealth post-Brexit pourrait être résumé en un sigle : « CANZUK » (Canada, Nouvelle-Zélande et Royaume-Uni. Toutefois, si pour le Royaume-Uni ils représentent des partenaires de choix, ils ont de leur côté d’autres partenaires, plus proches d’eux.

Le principal problème quant à l’alternative du Commonwealth réside toutefois dans la construction même de l’organisation. Là où l’Union Européenne possède des institutions que l’on pourrait qualifier de forte poussant l’ensemble des pays à agir ensemble et négociant les accords commerciaux avec les pays extérieurs à la zone d’une seule et même voix, le Commonwealth est loin de former un « bloc ». Il regroupe des pays aux caractéristiques et aux ambitions très diverses éparpillés sur l’ensemble du globe. Des 54 pays membres, on compte plusieurs puissances émergentes telles que l’Inde ou l’Afrique du Sud mais également des pays moins développés tels que le Bangladesh ou l’Ouganda. Il serait donc difficile de créer une dynamique au sein d’un tel groupe.

 Les relations commerciales les plus intéressantes pour le Royaume-Uni seraient avec l’Inde, deuxième économie du Commonwealth, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et le Canada. Or ces pays ont d’autres partenaires privilégiés. Le Canada profite de sa proximité avec les Etats-Unis pour entretenir des relations étroites, tandis que l’Australie et la Nouvelle-Zélande, en plus d’être mutuellement très proches, échangent beaucoup avec les grandes puissances asiatiques que sont la Chine, le Japon ou la Corée du Sud. Enfin, l’Inde sortant progressivement de sa politique protectionniste aurait du mal à accepter une coopération étroite avec l’ancienne puissance coloniale puisqu’elle rechigne encore à signer des accords commerciaux. De plus, la puissance émergente regarde de plus en plus en direction de l’Union alors que le Royaume-Uni s’écarte. En effet, des sommets Inde-UE se sont tenus en 2016 et 2017 où les deux partis ont affirmé leur proximité sur certains sujets tels que le nucléaire iranien. Il faut aussi rappeler que l’UE est l’un des plus grands investisseurs en Inde et était également son premier partenaire commercial en 2017.

Le Brexit a été l’occasion pour certains Britanniques d’exprimer leur nostalgie d’un empire puissant qui régnait sur les mers et où « le soleil ne se couchait jamais ».  C’est donc naturellement que l’organisation regroupant leurs anciennes colonies semblait parfaitement indiquée pour l’avenir post-Brexit. Toutefois, il semble qu’il s’agisse d’une voie peu prometteuse, tant au niveau commercial que politique. Avec des puissances émergentes de plus en plus influentes et proches d’autres pays, le Royaume-Uni ne trouvera pas de nouvelle zone d’influence au sein de l’organisation. On peut donc conclure avec le titre de l’article du Courrier International : Le Commonwealth ne remplacera jamais l’UE.

 

Qu’en dit le Commonwealth ?

D’après le site officiel de l’organisation, durant la période de transition, le Commonwealth ne sera pas affecté et une fois que le processus sera achevé, il y a une opportunité d’accroissement des relations commerciales entre les pays membres. Il s’agit en effet d’une priorité affirmée par le gouvernement britannique. La priorité du Commonwealth est cependant de protéger ses membres les plus faibles « quoiqu’il arrive entre le Royaume-Uni et l’UE ». Dans le même temps, les relations entre le Commonwealth et l’UE se poursuivront et les deux continueront de mener des projets d’aide au développement partout.

Dans un rapport, Brexit and Commonwealth trade, paru en Janvier 2017, l’organisation explique que le Brexit représente une opportunité, en particulier pour les pays en développement membres de l’organisation. Au plus fort de leur coopération économique en 2012, les échanges entre le Royaume-Uni et les autres membres représentaient 120 milliards de dollars, alors que de nombreuses pistes restent peu exploitées. 10 pays en développement consacrent plus de 10% de leurs exportations au Royaume-Uni parmi lesquels les Seychelles, Sainte-Lucie et le Botswana. Aussi beaucoup de pays consacrent plus d’un tiers de leurs exportations vers l’UE au seul Royaume-Uni. Tous les produits ne sont toutefois pas encore exploités et de nouvelles pistes restent encore à explorer pour l’organisation dans une nouvelle ère post-Brexit.

 

Le Commonwealth comme alternative à l’UE au lendemain du Brexit ? Rien n’est moins sûr !

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Alexandra POMMIER
Après 2 ans de prépa ECE, j'ai intégré l'ESSEC, où je suis cette année en Pré-Master. Je me charge du pôle anglais sur Mister Prépa. Let's move forward guys !