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CG HEC/EM LYON 2020 – Copie de Théotime (19/20) + analyse

Sommaire

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👉 Copie de Théotime 👈

👉  Sujet : Peut-il y avoir une civilisation du désir ? 👈

Une autre très bonne copie sur le même sujet est disponible sur le site. Je vous invite à lire la copie (bien sûr) mais surtout l’analyse qui y est développée. Vous y retrouverez les éléments méthodologiques qui doivent être acquis par tous les préparationnaires, peu importe l’école visée. De ce fait, cet article n’évoque que très peu la méthodologie générale, pour n’approfondir que certains points qui, selon moi, sont primordiaux pour produire une bonne dissertation de Culture Générale.

 

Introduction : là où se joue 80% de la note

Globalement, l’ordre des parties de l’introduction est le même que celui que je faisais au brouillon lors de la découverte du sujet. Je ne rédigeais au brouillon que les définitions. Je vais commenter partie par partie l’introduction. J’avais l’habitude de diviser l’introduction en quatre parties.

 

Première partie : aborder le sujet de la meilleure des manières 

Il s’agit de l’accroche, première impression (déjà déterminante) laissée au correcteur. De ce fait, il faut la soigner particulièrement. Il s’agit de montrer que l’on maîtrise le sujet, avec une référence précise et développée (et non une simple allusion). Il ne faut pas s’en contenter cependant, et rattacher immédiatement la référence au sujet, et plus particulièrement, dans la mesure du possible, à l’élément différenciant (ici le terme « civilisation »). Il faut en fait expliquer en quoi cette référence précise est intéressante et fait sens dans le cadre du sujet, afin de dégager ensuite les premières questions soulevées par la référence, et la réponse qu’elle donne a priori.

 

Deuxième partie : un sujet bien défini est la garantie d’une bonne dissertation

Je commençais par définir absolument tous les mots du sujet, pris individuellement. Il faut bien-sûr définir les termes centraux (civilisation, désir), mais aussi ceux qui le sont moins (peut-il, avoir). Tout le monde ne le fait pas, et votre copie peut déjà sortir du lot en vous concentrant sur ce que les autres candidats jugent – à tort – comme insignifiant. Cherchez le plus loin possible ce que chaque mot signifie. Cela montre que vous réfléchissez au sujet dans son ensemble, et pas seulement en fonction des références que vous avez. De la sorte, le correcteur voit dès le départ qu’il a affaire à un candidat qui réfléchit par lui-même.

Vous pouvez convoquer des antonymes et des synonymes pour vous aider à définir certains mots dont vous n’avez pas forcément la définition exacte en tête (ici, c’est le cas pour « civilisation »). Vous pouvez aussi rattacher certaines notions à d’autres notions classiques en philosophie (ici le loisir, l’individuel, le collectif, …), quitte à ne pas les approfondir pendant le développement.

Mais attention, il ne s’agit en aucun cas de caser tel ou tel auteur (même si j’évoque Joffre Dumazedier), mais de fournir des clés de lecture qui vont vous aider dans VOTRE réflexion. Encore une fois, chaque terme doit être analysé, aussi insignifiant qu’il vous paraisse être. N’hésitez pas, si vous êtes surpris ou trouvez le sujet difficile (et même si ce n’est pas le cas d’ailleurs) à le dire (avec un « le sujet ne laisse pas d’être ambivalent » par exemple). On cherche de toute façon à vous pousser hors des sentiers battus pour vous pousser à développer votre propre réflexion. Cela montre que vous cherchez réellement à traiter CE sujet, et pas un sujet quelconque.

Après les définitions des mots pris seuls, je m’intéressais à la formulation du sujet, en mettant en rapport les mots. Car ni leur agencement, ni la formulation du sujet n’est anodin. Typiquement, pourquoi choisir comme sujet «  Peut-il y avoir une civilisation du désir ? » et pas « Civilisation et désir » ou même « Une civilisation du désir doit-elle exister ? ». Vous devez expliquer cette différence. Vous interroger dessus vous aidera à comprendre la spécificité de VOTRE sujet. Si le jury a posé le sujet de cette façon, c’est qu’il avait bonne raison de le faire. Faîtes dialoguer les différents termes ensemble. Certains termes seront semblables, d’autres différents (civilisation et désir typiquement). Ce sont ces ressemblances qu’il faut bien questionner, car c’est à partir de cela que vous bâtirez votre réflexion.

Enfin, la mise en tension du sujet peut commencer. Pour cela, j’utilisais une définition précise du thème central (ici le désir, avec André Lalande), avant de m’intéresser aux derniers enjeux que cela soulevait par rapport au sujet donné.

 

Troisième partie : la problématique, synthèse et hiérarchisation de vos questionnements

De toutes vos définitions et questionnements découle (le plus logiquement possible) votre problématique. Elle ne sort pas de nulle part, mais bien de tout ce que vous avez évoqué avant. Il n’y a pas de surprises. La référence à un auteur (ici Joffre Dumazedier) peut contribuer à crédibiliser la problématique, mais elle n’est en aucun cas indispensable.

 

Quatrième partie : l’annonce du plan, annonce de votre raisonnement, promesse de vos futures démonstrations

Pour l’annonce du plan, visez simple, clair et concis. Partez du principe que le correcteur ne lira pas le développement (heureusement, chacun sait que le correcteur lit attentivement votre développement !). Cette annonce doit suffire à comprendre d’où vous partez et où vous voulez en venir. Le raisonnement doit pouvoir se comprendre à la première lecture, du moins la direction que vous souhaitez prendre.

De là à savoir si vous parvenez réellement à démontrer ce que vous annoncez, c’est une autre histoire, et cela se passe dans le développement.

 

Le développement : le corps du devoir, mais surtout la réalisation d’une promesse faite dans l’annonce du plan

Le plus dur est déjà fait ! Le correcteur a déjà une idée assez précise de la note qu’il va vous mettre (modulo deux points bien souvent). Il ne vous reste plus qu’à « dérouler » le reste, c’est-à-dire vos références au service du raisonnement que vous avez annoncé dans l’annonce du plan. Plutôt que viser un coup d’éclat ou à feinter le génie, cherchez plutôt à être le plus cohérent possible, et à insister sur les différentes étapes de votre raisonnement, pour rendre un produit cohérent, et non une superposition d’auteurs indigeste qui disqualifiera votre copie.

Ici aussi, je ne vais insister que sur certains points.

Déjà, il faut s’appliquer à créer du lien entre chaque paragraphe de votre partie, montrer en quoi ils s’enchaînent, et font progresser la réflexion. Par exemple : dans ma copie, j’ai cherché à montrer dans le I. trois choses, tel que A. implique B. qui lui-même implique C : il y a d’abord une sorte de société du désir (A), mais que cette société est d’une certaine façon une civilisation au niveau individuel (B), ce qui fait alors émerger une réelle civilisation du désir collective. Notez l’importance des mots de liaison qui lient les paragraphes. CE N’EST PAS une superposition d’auteurs avec leur thèse résumée, (i.e. thèse de Baudrillard puis celle Kierkegaard (<3) et enfin celle Rousseau), mais bien une succession d’idées, appuyées par des auteurs.

Après vos trois sous parties, il s’agit de synthétiser les étapes de votre raisonnement, avant d’en pointer une limite, qui servira de transition pour la partie suivante. Dans la mesure du possible, appuyez-vous sur un auteur.

Par rapport aux prises de risques : un point important, qui explique sans doute en partie la bonne note. L’appel à une référence sortie de nulle part (ou plus exactement de mon cours d’HGGMC, merci à M. Guyot sur ce coup-là !) Riz et Civilisation, couplée à Spinoza. C’est risqué, sans doute très discutable sur beaucoup d’aspects, mais c’est passé. C’est à vous d’évaluer le risque que vous prenez.

Globalement, avec un mot aussi spécifique que « civilisation », vous avez intérêt à convoquer tous les auteurs qui en parlent de prêt ou de loin, et s’appuyer sur ces derniers pour créer une pensée personnelle et originale. Car tous les candidats vont évidemment parler de désir (du moins je l’espère), mais peu vont se concentrer sur civilisation, et c’est sur ce point que le correcteur va discriminer les copies. De la sorte, votre idée devient légitimée et appuyée par ces auteurs.

Par ailleurs, avec Samuel Huntington, je n’avais pas grand-chose à dire à part reprendre l’idée d’un « choc de civilisation », donc je ne l’ai pas mis en auteur central au cœur d’un paragraphe, mais davantage en transition. D’autre part, n’hésitez pas à paraphraser certains auteurs (ici Schopenhauer) pour coller le plus possible à la spécificité du sujet.

La troisième partie (III.) se veut comme celle où le candidat est le plus libre et peut pousser un peu le raisonnement, avec des considérations ontologiques par exemple. Le correcteur est prévenu dès la petite introduction, on va se faire plaisir.

Toujours pareil, n’hésitez pas à convoquer un auteur (ici Bataille avec la beauté) et l’adapter au sujet (ici la citation sur la beauté qui s’applique parfaitement à la civilisation). Par ailleurs, un classique de la troisième partie est de répondre à la question « à quelle condition ». Kant est bien commode dans ce cas.

 

Conclusion : le bouquet final

De l’importance (bien souvent sous-estimée) de la conclusion. Vous n’en pouvez plus et êtes à court de temps ? Rassurez-vous, le correcteur aussi. Il s’agit pourtant de puiser dans vos réserves pour soigner particulièrement cette partie, car il s’agit, à la surprise générale, de la dernière impression que vous laisserez au correcteur. Il est inacceptable de faire seulement quelques lignes. Cela disqualifierait votre copie et ruinerait tous vos efforts.

Il vaut mieux -selon moi- raccourcir votre troisième partie et produire une conclusion solide. En effet, le correcteur sait déjà plus ou moins ce que vaut votre copie après votre introduction et vos deux premières parties, et aura tendance à sauter la troisième car vous n’y révolutionnerez rien. De plus, ayant lu votre copie en diagonale, un dernier rappel de votre réflexion vaut mieux que de nouvelles idées à n’en plus finir.

Concrètement, comment faire une conclusion intéressante ? Plutôt que de répéter bêtement les thèses des auteurs, je vous conseille d’insister sur le raisonnement que VOUS avez développé, (les trois parties avec leurs sous-parties), en vous servant des termes techniques introduits par les auteurs que vous vous êtes approprié. Continuez d’insister sur les enchaînements logiques entre les différentes idées.

Enfin, je vous conseille d’éviter l’ouverture sous forme de question, car vous risquez de vous planter en beauté et montrer au correcteur que vous n’avez en fait rien compris au sujet. Plutôt que ne rien mettre, une idée est d’avoir comme ouverture une relecture de l’œuvre utilisée dans l’accroche à la lumière de ce que vous avez démontré. Cela vous permet de relire le texte avec un nouveau spectre de lecture, celui que VOUS avez développé pendant quatre heures. En fait, cela ressemble à une mise en pratique de ce que vous avez produit, et une justification que ce que vous avez tant bien que mal démontré est réellement utile, puisque cela permet d’analyser une œuvre. Il s’agit bien sûr de préparer en amont des œuvres qui peuvent être « découpées » en deux pour correspondre à cette « introduction/conclusion sandwich ». La boucle est bouclée !

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Théotime Noël
Etudiant à HEC à la suite d'une ECS, après deux années à Saint Jean de Passy et une khûbe à Saint Jean de Douai. J'ai à cœur de partager mon expérience afin de vous aider à intégrer l'école de vos rêves ??