La synthèse est souvent une épreuve redoutée des élèves en ce qu’elle comporte une part d’aléatoire, d’imprévu et notamment de goût, qui peuvent influer variablement sur la note finale. La stratégie de cette épreuve ne repose plus seulement sur la meilleure réalisation possible de la synthèse, mais s’avère plutôt un véritable défi quant à la qualité du travail fourni. Voici trois pistes qui devraient vous garantir, à défaut d’une excellente note, une note moyenne.
Allez à la concision
« Allez à la concision ! ». Voilà un conseil donné et redonné, qui ne fait rien pour les élèves : il s’agit de comprendre comment être concis. Pour cela, des formules sont à bannir absolument, car elles amènent des tournures de phrases lourdes, coûteuses en mots, soient par exemple « c’est-à-dire », « En même temps », « L’auteur dit que ». Préférez la légèreté, la simplicité avec des formules comme « Parallèlement/Concomitamment », « soit » plutôt que « c’est-à-dire ».
Cependant, la concision, c’est aussi aller à l’essentiel sans en perdre la substance : variez le plus possible vos verbes, noms, compléments pour montrer au correcteur que vous saisissez le ton, les aspects critiques comme laudatifs qui sous-tendent le texte. Dressez sur une feuille une liste, comme suit (non-exhaustive) : Marteler, rapporter, critiquer, fustiger, indiquer, affirmer, clamer, pérorer, asséner, dénoncer, déplorer, déblatérer, cracher, exploser, s’indigner, se révolter, se gendarmer, s’insurger, se révolter, récalcitrer, résister…. La langue française est riche de ses nuances : aussi emparez-vous en afin de faire vivre au correcteur une expérience haute en couleur !
Voilà le dernier point : la qualité de votre langue sera presque le critère principal de votre évaluation, alors sachez écrire intelligemment et travaillez autant la forme que le fond, tant l’exercice est en fait un exercice de forme. En ce sens, gardez à l’esprit que le correcteur lira lors des concours plusieurs dizaines de copies : il faut qu’il se souvienne, qu’il distingue votre copie, au moins par sa langue dès le premier coup d’œil. Alors RELISEZ vos copies : c’est quelque chose d’impératif, souvent ignoré, qui permet néanmoins de se mettre à la place du correcteur et de savoir si oui ou non notre copie est mémorable.
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Quid du fond ?
Ici, les choses se compliquent pour beaucoup : comment passer au niveau supérieur, soit de 10 à 15 ? Une réponse : le fond. La première règle à adopter lors de l’exercice d’une synthèse est la lecture attentive et ouverte, c’est-à-dire une lecture des textes sans surligneurs, sans annotations. Contre-intuitif, ce processus vous permettra de relire une deuxième fois les textes entièrement, sans s’arrêter aux choses que vous auriez entourées, pensant qu’elles étaient importantes. Il est impératif surtout lorsque l’on ne perçoit pas immédiatement le thème, de ne laisser aucun détail en dehors de son analyse, car il peut s’avérer fondateur.
Une deuxième règle se rapprochant de ce principe d’ouverture est la suivante : en cas d’hésitation sur le choix du thème du corpus, allez toujours au plus large (par ex. : Vous hésitez à choisir la rancune et la rancœur, choisissez le ressentiment). Le thème du corpus 2023 a ainsi porté beaucoup d’élèves à confusion et les plus prudents seulement ont réussi à bien s’en sortir. La synthèse est en ce sens comparable à un entonnoir : votre analyse doit démarrer large puis petit à petit s’affiner afin de rendre le résultat le plus précis possible. En ne suivant pas ce processus ou en affinant trop rapidement, vous courez le risque de faire un hors sujet, sanctionné beaucoup plus sévèrement qu’un manque de précision occasionnel : les titres et titres de parties devraient aussi s’adapter en fonction de la précision de votre propos.
Enfin, assurez-vous de bien relier les arguments des auteurs entre eux, afin de montrer que vous saisissez la portée argumentative du corpus, constamment oubliée par les élèves, ou du moins très mal rapportée. Pour cela fondez vos parties sur un registre didactique : mettez les auteurs qui se rapprochent ensemble, vous économiserez des mots. Aussi veillez à utiliser des connecteurs logiques appropriés : tandis que, cependant, alors que, nonobstant, pourtant, en ce sens, de même, similairement… et des verbes appropriés : rejoindre, agréer, appuyer, contredire, critiquer, fustiger, moquer, écarter, reprendre…
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Faites-vous confiance !
Vous êtes entrainés à cet exercice : aussi, passez le temps que vous jugez nécessaire sur le choix du thème, le reste de la copie devrait en découler, et être plutôt court. De fait, une fois le choix arrêté : ne doutez plus, construisez votre copie en conséquence. Un doute se ressent toujours, tant l’écriture devient moins claire, plus embrouillée, moins convaincante. Ne laissez donc pas place à l’interprétation, ou au doute dans votre copie. Vous serez amené à faire des choix, couper certains passages des textes : mentionnez-les ou ne les mentionnez pas, l’entre deux peut s’avérer dangereux en ce qu’il invite souvent les élèves à l’énumération, peu didactique et ennuyante.
L’exercice de synthèse comporte aussi une part de filouterie : parfois les auteurs ne s’alignent pas parfaitement et il faut tout de même les comparer. Il en va de votre jugeote de faire ces rapprochements douteux si besoin est, afin de rendre la copie la plus convaincante possible. Cela évite d’une part de faire l’impasse sur un auteur, faute impardonnable, et d’autre part, vous vous distinguerez des autres élèves, qui n’auront pas su s’adapter. Il ne s’agit pas de faire de ce modus operandi une constante en synthèse : sachez simplement que cela arrive parfois, et si ce devait être au concours, mieux vaut ne pas être démuni.
Enfin, sachez qu’une synthèse peut être réalisée en temps record, pourvu qu’elle soit bien faite, et rendue pour une note coquette, voire excellente. De là, je tire un enseignement : ne sur-compliquez pas un exercice, qui l’est déjà bien assez. Lorsque vous avez trouvé le thème, vous avez fait 95% du travail. La perfection est l’ennemie du bien ; aussi, ne tentez pas de faire une copie parfaite : de modifications en modifications vous perdrez l’essence de votre copie, et la rendrez par-là moins bien. Soyez économe de vos mots, vous en aurez, somme toute, peu : faites-en bon usage.
En un mot, de la mesure dans la construction de votre copie, et vous réussirez. Avec cela, voilà mes trois conseils pour réussir votre synthèse aux concours. Bonne chance !!!
