En premier lieu, il s’agit de comprendre que la philosophie en Khâgne n’a rien à voir avec son homologue d’hypokhâgne. Bien évidemment, certains de vos cours pourront être réutilisés durant la préparation de vos kholles mais une frontière nette se dessine néanmoins.
En effet, le programme de Khâgne porte sur une à deux notions, ce qui signifie un approfondissement et une rigueur que ne proposaient pas les cinq ou six thème abordés en première année.
Les premières semaines peuvent faire peur mais il ne faut pas se décourager
Au cours des premières semaines, il est probable que vous vous sentiez distancés, perdus face aux objectifs du concours. Cela n’a en réalité aucune importance. A mon sens, la philosophie en khâgne est l’une des rares matières qui permette d’espacer ses séances de travail et de prendre son temps.
Ce qui fera la différence est justement le travail personnel d’appropriation et de recherche que vous aurez fait. Mais la philosophie est une manière ingrate : les progrès peuvent prendre des mois.
Parfois, vous ne progresserez que d’un ou de deux points malgré des révisions intensives. Dans ce cas, il est nécessaire de se souvenir que seul le jour du concours est important, à moins que vous n’escomptiez intégrer des écoles sur dossier. Dans ces deux cas, il y a pour moi une manière de travailler la philosophie afin d’obtenir les meilleurs résultats possibles.
Se différencier en travaillant de son côté
En philosophie, le cours est un outil: notionnel d’une part; dans le but d’explorer les références canoniques d’autre part. C’est le travail personnel qui fera la différence. Effectivement, votre cours de philosophie est là pour vous épargnez de nombreuses recherches, en particulier sur les notions et auteurs principaux. Ainsi, vous éviterez les écueils éliminatoires sur les auteurs classiques, en apprenant rigoureusement vos leçons et ce, afin de vous ménager du temps pour vos recherches personnelles.
De fait, ce ne sont pas les auteurs canoniques qui feront la différence au concours bien qu’il soit indispensable de les faire apparaître si le sujet les convoque implicitement. Rappelez-vous que face à un sujet comme « le beau » ou « la technique », ne pas convoquer Kant et Heidegger (respectivement), vous sera reproché sévèrement. La question est donc de faire apparaître le mieux possible votre maîtrise des auteurs classiques, de manière précise et informée (nom des ouvrages, chapitres, citations) afin d’engranger des bons points face à la majorité des preparationnaires qui se contenteront de débiter des banalités sur ces auteurs.
Il est donc impératif de maîtriser parfaitement son cours et de s’être approprié les grands auteurs afin de faire d’emblée la différence.
Ensuite, le sel de vos dissertations apparait à mon sens avec l’originalité des auteurs abordés ainsi qu’avec votre analyse introductive.
Il est primordial de proposer une définition des termes du sujet étendue, précise et maîtrisée. Le sujet ne doit pas paraître vous échapper. Balayez chacun de ses aspects afin que, même si vous n’en abordez pas certains, le jury sache que vous avez conscience de la pluralité des réponses possibles. Pour ce faire ; commencez tôt dans l’année à faire des fiches de définitions dans l’optique de saisir le maximum d’aspects de votre thème. Revenez régulièrement à ces définitions afin de vous en imprégner et ne jamais être déstabilisé face à un sujet. Je ne peux que vous recommander de vous munir d’un véritable dictionnaire philosophique (F. Alquié par exemple), de préférence écrit par des philosophes eux-mêmes, qui seront à même de faire surgir les singularités des notions.
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Il est important de savoir de quoi on parle
Enfin, il est très utile de vous munir d’une histoire de la philosophie afin de travailler le deuxième volet de la dissertation : la richesse de vos références. Un ouvrage comme celui-ci vous fournira de la matière pour des fiches synthétiques et variées et vous mènera surtout à la découverte de nouveaux auteurs. C’est ici que vous pourrez faire la rencontre de nouvelles pensées et comprendre les grands mouvements dans l’histoire de la philosophie, c’est-à-dire, acquérir une colonne vertébrale dans vos recherches.
Par la suite, vous aurez le champ libre pour vous consacrer à la lecture intelligente d’ouvrages critiques ou des auteurs eux-mêmes. Par lecture intelligente, j’entends ne pas lire un essai de bout en bout et le ficher de manière systématique. Soyez minutieux : consultez le sommaire, lisez l’introduction et naviguez dans les essais afin de saisir ce qui vous intéresse.
La bonne fiche est celle sur laquelle vous aurez passé du temps, point trop longue mais diablement efficace. L’essentiel est de comprendre le cheminement de l’auteur, son point d’achoppement par rapport au thème et de le saisir dans le texte, c’est-à-dire avoir des citations et être familier de ses idées, ce que les fiches internet ne permettent pas de faire.
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Pour conclure, revenez à vos définitions chaque semaine et accroissez votre liste de termes. Comme je l’ai dit, rien ne sert de faire de la philosophie tous les jours. L’essentiel est de prendre du plaisir à faire vos fiches ; deux auteurs par semaine est un bon rythme, laissant le temps de bien les approfondir et de faire autre chose que de la philosophie. Au bout de trois mois, vous verrez le résultat : un panel d’auteur très large et des notions aussi familières que peut l’être le vocabulaire de tous les jours.