Puisque que la planification économique, en particulier à l’échelle nationale, est devenue l’un des thèmes inhérents à l’histoire économique du XXe siècle en raison de la mise en œuvre d’un système socialiste dans de nombreux pays, de nombreux auteurs ont essayé de théoriser le recours à un tel système d’organisation.
L’un des plus officiels d’entre eux est l’économiste polonais Oskar Lange. Sa caractéristique distinctive était l’idée que, dans la planification économique, l’État aurait été en mesure de simuler des mécanismes de marché, c’est-à-dire dépoussiérer l’idée de socialisme classique. Lange a cherché à prouver que, grâce à un seul grand calcul, l’allocation des ressources pourrait être optimisée, tout en sauvant de nombreux déchets typiques du marché capitaliste.
Le mécanisme de la planification selon Oskar Lange : explication théorique
Lange propose une théorie selon laquelle la planification socialiste peut vraiment imiter les mécanismes d’un marché concurrentiel, grâce à ce qu’il a appelé la concurrence simulée. L’idée de Lange n’est pas simplement jeter l’argent national contre le mur et espérer que cela fera l’affaire; le coeur de son thèse est que, dans une économie où les autorités centrales possèdent le capital-action, celles-ci peuvent ajuster les prix en ce qui concerne l’excédent et la pénurie, de la même manière qu’une économie de marché.
En d’autres termes, Lange propose simplement de laisser l’État simuler l’action de l’offre et de la demande. Pour donner un exemple simple, supposons que l’État soit un régulateur géant sensé, ajustant les prix en fonction de l’offre et de la demande, au lieu de laisser faire. De cette façon, lorsque la demande pour un bien augmente, l’État augmente les prix pour inciter les entreprises publiques à en produire plus, et s’il est surproduit, alors l’État les diminue pour diminuer la production.
De façon plus technique, Lange explique que la clé de cette planification repose sur un calcul centralisé, qui agit comme une fonction d’utilité sociale maximisée par l’État.
Si l’on désigne par pi le prix d’un bien i, par qi la quantité produite, et par u(qi) l’utilité sociale liée à cette production, l’État cherche à maximiser ∑u(qi)−c(qi), où c(qi) est le coût de production de chaque bien. Cette maximisation repose sur une méthode d’ajustement successif des prix, comparable à une méthode d’itération en mathématiques. Concrètement, l’État ajuste progressivement les prix en fonction des observations des excédents et des pénuries, jusqu’à atteindre une situation proche de l’équilibre de marché.
En termes mathématiques, on peut illustrer cela ainsi : si la demande pour un bien D(pi) excède l’offre S(pi), l’État augmentera pi à l’étape t+1 pour encourager une hausse de production jusqu’à ce que D(pi)=S(pi). Ce processus de tâtonnement permet, en théorie, de converger vers une situation optimale.
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Limites et critique du mécanisme
Cependant, ce ne sont pas les seules critiques dont cette approche peut faire l’objet. Friedrich Hayek, éminent opposant idéologique de Lange, a soutenu que l’énorme quantité d’information nécessaire à l’ajustement des prix de l’État est simplement trop grande pour être traitée efficacement par une autorité centrale. À cet égard, Hayek a souligné qu’« Il est difficile de voir comment la logique incommensurable du marché pourrait être remplacée par une organisation partiale de la levée des prix de l’État. passé recent ». Il affirme que le marché libre a l’avantage en ce sens qu’il peut traiter toutes ces données efficacement.
Comme Hayek l’explique dans The Use of Knowledge in Society : “le problème économique de la société consiste non seulement en un problème d’allocation des ressources données mais aussi en un problème d’utilisation de la connaissance. La majeure partie connaissances dont nous avons besoin pour prendre nos décisions n’existent pas sous forme de données à portée de main, mais doivent plutôt être découvertes dans les actions d’autres.”
Illustration : La planification soviétique
L’exemple de l’Union soviétique illustre les préoccupations derrière une économie entièrement planifiée. Pendant des décennies, le Gosplan, l’organe central de planification, a tenté de gérer l’économie soviétique en inscrivant tous les objectifs de production d’industries à plusieurs décennies dans le futur. Pourtant, en dépit d’une expansion spectaculaire dans certains cas, le système a toujours montré de sérieux signes de fatigue. Par exemple, dans les années 1980, la stabilisation des biens était extrêmement rare, avec des estimations qui estiment qu’un tiers des biens ne se trouvaient jamais disponibles dans les magasins. Ces preuves tendent également à suggérer les faiblesses de l’information centralisée, dénoncée en premier et de manière plus vaste par Hayek : l’État soviétique ne réussissait pas à ajuster les prix et la quantité de manière adéquate pour satisfaire les besoins fondamentaux de sa population. En 1987, par exemple, le PIB de l’Union soviétique augmente de seulement 1,6 % par an, tandis que celui des États-Unis augmente de 4,5 % même chose. Ce ralentissement dans la croissance de l’économie est un signe que le modèle avertissement une mauvaise allocation des ressources, fondée en partie sur les limites intrinsèques du modèle de planification de Lange.
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