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Brexit : les news depuis le 1er janvier 2021 (Partie #2 : l’Écosse)

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Depuis le 1er janvier 2021, la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne a bousculé notamment l’Écosse, que ce soit en ce qui concerne la question de son indépendance, ou celle de la pêche. 

Un renouveau pour la question de l’indépendance qui pourrait déboucher sur un retour de l’Écosse au sein de l’Union européenne  

En 2014, lors du référendum, 55% des Écossais ont rejeté l’indépendance, ce qui était censé résoudre le problème pendant au moins une génération. Seulement, deux ans plus tard, le vote sur le Brexit a tout remis en cause. Pourquoi ?

En 2016, au sein du Royaume-Uni, l’Écosse avait voté, elle, à 62 % contre le Brexit ; et la sortie effective du pays ce 1er janvier 2021 a été plutôt mal vécue pour un certain nombre d’Écossais, qui estiment que leur volonté n’a pas été respectée.

Les indépendantistes, surtout, considèrent que l’Écosse d’aujourd’hui s’est construite grâce à des fonds européens, et que son adhésion à l’Europe lui permettrait d’avoir une véritable place pour se faire entendre, ce qui ne serait pas le cas face à Londres – perçue comme trop puissante. Ils voudraient ainsi quitter le Royaume-Uni et voir une Écosse indépendante rejoindre l’Union européenne.

D’ailleurs, durant toute la campagne des élections législatives écossaises, la Première ministre nationaliste Nicola Sturgeon n’a cessé de répéter qu’une victoire signifierait que les Écossais se prononcent en faveur d’un nouveau référendum sur l’indépendance. Et donc, avec bel et bien une nouvelle victoire de son parti le 6 mai 2021, Nicola Sturgeon espère pouvoir mettre en place un nouveau référendum (en 2023 ?) et possiblement rejoindre l’Union européenne en cas de vote favorable. Ce désir n’est pas sans fondement puisque de plus en plus d’Écossais seraient désormais pour l’indépendance, et en particulier une majorité de jeunes pour qui l’identité européenne est plus importante que l’identité britannique.

 

Lire plus : L’essentiel de l’indépendantisme en Écosse

 

Mais, est-ce vraiment possible ?

Une éventuelle adhésion à l’Union européenne ne se fera pas sans embûches puisque de nombreuses et périlleuses étapes doivent être franchies par l’Écosse avant qu’elle puisse devenir membre à part entière de l’Union.

Tout d’abord, l’Écosse doit effectivement devenir indépendante, ce qui implique un vote nécessairement favorable à l’issue d’un éventuel référendum. Or, Boris Johnson étant totalement opposé à cette idée, l’organisation même de ce scrutin peut être compromise.

Ensuite, le retour de l’Écosse au sein de l’Union européenne nécessite le consentement à l’unanimité des membres de l’union. Mais, par exemple, étant donné que l’Espagne est, depuis quelques années, confrontée à la crise liée au séparatisme catalan, on peut se demander si elle va accepter d’accueillir un nouveau membre né d’une sécession récente…

 

Lire plus : L’essentiel de l’indépendantisme en Catalogne

 

De plus, le pays devra au préalable se conformer aux critères de Copenhague – étape nécessaire pour l’adhésion d’un nouvel Etat membre -, c’est-à-dire, par exemple, que l’Écosse aura besoin de créer toute une série d’institutions et d’organes de régulation jusqu’ici basés à Londres.

Et puis, une autre difficulté concerne l’économie, et notamment les règles relatives au déficit public. En effet, l’économie écossaise, mise en difficulté avec le Brexit et le covid-19, pourrait, selon une analyse du Financial Times parue en avril 2021, mener la nation à connaître un déficit de l’ordre de 10 % du PIB (Produit Intérieur Brut) – un taux bien au-dessus de la “règle des 3 %” définie au niveau européen. 

D’autres points seront aussi à traiter, comme la question de la frontière avec le Royaume-Uni, qui deviendrait une frontière de l’UE. Cependant, les tensions autour de la frontière entre les deux Irlande – qui ont marqué à la fois les négociations du Brexit, et le début de cette année 2021 – montrent bien à quel point cet aspect est sensible. 

 

Lire plus : Brexit : entre inquiétudes et difficultés depuis le 1er janvier 2021 (Partie 1)

 

Que s’est-il passé, sinon, en ce qui concerne la pêche ?

La pêche représente une infime partie de l’économie des deux côtés de la Manche, mais elle a un poids politique important, et donc elle pose des difficultés dans les négociations commerciales post-Brexit.

Les décisions qui ont été prises au moment de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne sont les suivantes :

  • Les bateaux de l’UE continueront de pêcher dans les eaux britanniques pendant quelques années. Cependant, ils ne peuvent pêcher dans les eaux britanniques que s’ils disposent d’une licence valide et respectent les règles britanniques.
  • Les bateaux britanniques, eux, auront plus de quotas pour les poissons dans les eaux britanniques.
  • 25 % des droits de pêche des bateaux de l’UE dans les eaux britanniques seront transférés à la flotte de pêche britannique sur une période de cinq ans et de façon progressive.
  • A partir de 2026, il y aura ensuite chaque année des négociations pour décider de la répartition des captures entre le Royaume-Uni et l’UE.
  • Et le Royaume-Uni aurait possiblement le droit d’exclure de ses eaux les bateaux de l’UE après cette période de cinq ans.

Quelles ont pu être les réactions des pêcheurs britanniques ?

Les pêcheurs britanniques avaient largement voté en faveur du Brexit ; mais, maintenant, certains ont l’impression d’avoir été « trahis » et critiquent l’accord conclu avec Bruxelles : le partage des eaux ne leur semble toujours pas équitable. Certains disent, en effet, qu’ils ne sont jamais gagnants puisqu’en entrant dans l’Union européenne, les quotas étaient problématiques, et qu’en en sortant, ils n’y trouvent toujours pas leur compte. Néanmoins, certains relativisent en ajoutant qu’au moins, avec le Brexit, ils auront plus de liberté d’action et n’auront plus besoin d’obtenir l’accord des autres membres de l’UE pour chaque décision.

 

Et comment, dans les faits, la sortie du Royaume-Uni de l’UE s’est-elle passée pour le secteur de la pêche ?

Au cours des deux premiers mois, les exportations de coquillages ont chuté de 74 %, et les exportations de saumon ont chuté de 80 %. En effet, les certificats sanitaires et les déclarations aux douanes sont à nouveau obligatoires, ce qui a créé de nombreux retards de livraisons.

En avril, il y a eu des tensions avec les pêcheurs français qui clamaient qu’ils ne pouvaient pas travailler dans les eaux britanniques en raison des difficultés à obtenir des licences. Ils ont lancé un mouvement de protestation à Boulogne-sur-Mer, en bloquant les camions transportant du poisson de Grande-Bretagne vers la France. Et puis, au Royaume-Uni, le secteur de la pêche protestait contre la bureaucratie empêchant l’exportation des captures vers l’Union européenne.

Plus récemment, le NFFO (National Federation of Fisherman’s Organisations) a déclaré que les retards d’exportation de poisson en Europe avaient maintenant diminués. Mais d’autres problèmes ne sont pas encore résolus.

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Clara Delozière
Etudiante à l'ESCP et à jamais reconnaissante de tout ce que la prépa m'a apporté, j'ai à coeur de vous accompagner à mon tour vers la réussite. Soyez fier de vous après vos années de prépa !