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La courbe de l’éléphant de Milanović

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courbe de l'éléphant

Dans cet article, nous explorerons la célèbre « courbe de l’éléphant » qui est présentée dans l’article 8 du livre de Branko Milanović intitulé « Global Inequality: A New Approach for the Age of Globalization » (2016). Cette courbe offre une représentation visuelle de l’évolution du revenu moyen dans différentes tranches de la distribution mondiale des revenus entre 1988 et 2008, englobant 120 pays. Elle examine ainsi la redistribution du revenu à l’échelle mondiale sur une période d’environ deux décennies, commençant après la chute du mur de Berlin et s’étendant jusqu’à la crise de 2008. Cette analyse comparative à l’échelle planétaire revêt une importance capitale, car les revenus des populations de chaque pays sont de plus en plus influencés par les transformations économiques résultant de la mondialisation. Par conséquent, cette courbe se révèle précieuse pour aborder des sujets relatifs aux inégalités ou pour examiner la question des gagnants et des perdants de la mondialisation.

 

Tout d’abord, voici la fameuse « courbe de l’éléphant » :

Courbe de l'éléphant (gains relatifs en revenus réels par tête par fractiles de revenus mondiaux 1988-2008)
courbe de l’éléphant de Milanović

 

L’inégalité mondiale reste élevée, principalement en raison des écarts entre les pays

L’inégalité à l’échelle mondiale demeure significative, principalement en raison des disparités entre les nations. En revanche, les inégalités au sein de chaque pays semblent moins préoccupantes en comparaison. Malgré la montée en puissance économique de certains pays d’Asie du Sud-Est, l’inégalité entre les nations demeure le principal contributeur à l’inégalité globale. Milanovic souligne notamment qu’une égalisation de tous les revenus au sein de chaque pays ne réduirait l’inégalité mondiale que de 23%, tandis que l’inverse, c’est-à-dire une égalisation des revenus entre les pays sans toucher aux inégalités internes, la réduirait de 77%. De plus, Branko Milanovic met en avant le fait que la situation financière d’une personne dépend en grande partie du lieu de sa naissance, ce qui le pousse à plaider en faveur d’une mesure de l’inégalité à l’échelle globale.

 

Les gagnants de la mondialisation

Les bénéficiaires de la mondialisation se divisent en deux groupes bien distincts :

  1. La Classe Moyenne des Pays Émergents : Milanovic observe que de nombreux individus situés autour de la médiane de la distribution mondiale des revenus proviennent principalement des économies émergentes d’Asie, notamment de la Chine, de l’Indonésie, de la Thaïlande et, dans une moindre mesure, de l’Inde. Ces personnes ont bénéficié d’une croissance économique significative et ont vu leurs revenus réels augmenter de manière exponentielle.
  2. Les 1% les Plus Riches : Les personnes appartenant au groupe des 1% les plus riches de la planète, dont les revenus étaient déjà très élevés, ont connu une croissance impressionnante de leurs revenus, avec une augmentation de 65% sur la période étudiée. Cela signifie que les gains absolus des 1% les plus riches étaient considérablement supérieurs à ceux de la médiane des revenus.

Les perdants de la mondialisation

  1. Les 5% les Plus Pauvres : Les 5% les plus pauvres n’ont pas réussi à réduire leur écart de revenu relatif. Bien que leurs revenus aient augmenté, leur croissance a été plus lente que la moyenne mondiale, les classant ainsi parmi les perdants relatifs.
  2. Les Revenus Situés Entre le 80e et le 95e Centile : Ce groupe comprend des personnes dont les revenus sont relativement élevés à l’échelle mondiale, mais pas nécessairement dans les pays développés. Malgré une augmentation de leurs revenus, leur croissance a été moins rapide que la croissance moyenne mondiale, entraînant ainsi un appauvrissement relatif.
  3. Les Économies Développées et Anciens Pays Communistes : Milanovic constate que la majorité des membres du groupe des perdants provient des économies développées et des anciens pays communistes. Même en excluant ces derniers, la grande majorité de ce groupe est issue des nations considérées comme les « anciens pays riches ». La classe moyenne de ces pays développés voit son revenu stagner ou augmenter très lentement.

 

Les groupes de gagnants et de perdants sont composés différemment

Les groupes de bénéficiaires et de perdants présentent des caractéristiques différentes. Les individus situés autour de la médiane proviennent principalement des économies émergentes d’Asie, en particulier de la Chine, de l’Indonésie et de la Thaïlande, avec une contribution plus modeste de l’Inde. En revanche, les perdants proviennent principalement des économies développées et des anciens pays communistes. Même en excluant ces derniers, la grande majorité des membres de ce groupe provient des nations considérées comme les « anciens pays riches ». La classe moyenne de ces pays développés voit son revenu stagner ou augmenter très lentement. Branko Milanovic insiste sur l’importance capitale du lieu de naissance et de résidence dans la détermination des revenus des individus, qu’il qualifie de « rente de citoyenneté ».

Une critique est soulevée concernant la courbe de l’éléphant. En effet, le monde développé est concentré dans les déciles supérieurs de la distribution mondiale des revenus, ce qui rend presque invisibles les inégalités internes qui y existent. Cette situation rend difficile une perspective à la fois globale et détaillée sur ces disparités.

 

Conclusion

En résumé, la courbe de l’éléphant de Milanovic offre une perspective claire sur les inégalités mondiales et sur les bénéficiaires et les perdants de la mondialisation. L’inégalité à l’échelle mondiale reste significative en grande partie en raison des différences entre les pays, et il est crucial de prendre en compte ces inégalités à l’échelle globale. Cette étude met en lumière l’influence majeure du lieu de naissance sur les perspectives économiques des individus, soulevant des questions fondamentales sur la justice sociale

 

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Laura Bertal
Actuellement étudiante en 1ère année à l'ESSEC et après deux années de classe préparatoire au lycée Ampère à Lyon en ECE, j'espère pouvoir contribuer à votre réussite !