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La violence : les meilleures références littéraires

Sommaire
violence culture générale références littéraires

Le thème au programme cette année de l’épreuve de culture générale pour les classes préparatoires commerciales est “la violence”. Cette notion est intéressante dans la mesure où elle peut recouvrir des actes, des situations plurielles, et avoir un impact sur l’individu. Un des axes intéressants pour aborder la violence est sa représentation, et notamment la possibilité même de sa représentation. 

Dans cet article, nous vous proposons une sélection des meilleurs livres traitant de la violence, dont nous vous proposerons des analyses dans l’année à venir.

Si c’est un homme, Primo Levi, 1945

C’est un un récit autobiographique de Primo Levi relatant son expérience de survivant du camp de concentration d’Auschwitz. Les Alliés lui ayant commandé un rapport technique sur le fonctionnement du camp, Primo Levi s’en servira comme base pour son récit, ce travail venant enrichir les nombreuses notes qu’il avait rédigées au camp. Le roman est écrit entre 1945 et 1947.

Un livre essentiel pour aborder la question de la violence dans les camps de concentration, mais plus largement la question de l’impact de la violence sur l’homme, et la manière dont elle peut atteindre notre humanité même. 

Histoire de l’oeil, Georges Bataille, 1928

Un adolescent de 16 ans rencontre une jeune fille prénommée Simone dont il tombe dès le premier regard éperdument amoureux et ensemble, ils finissent très vite par s’adonner à des jeux sexuels bien singuliers. Ils emmènent ensuite dans leur incongruité une dénommée Marcelle, une fille au discernement alambiqué et donc facilement manipulable. À trois, ils iront toujours plus loin, crescendo dans la folie et la frénésie sexuelle.

Comme une forme de catharsis ou encore une exploration de l’indicible frontière séparant l’horreur du sublime, Bataille s’aventure dans un “par delà l’acceptable”. Mais de cette violence on peut également en faire une lecture psychanalytique, questionnant la nécessité de la violence dans les arts et pour l’auteur, comme intermédiaire pour exprimer ses obsessions. 

Voyage au bout de la nuit, Louis-Ferdinand Céline, 1932

Bardamu s’engage dans l’armée par hasard et découvre l’horreur de la première guerre mondiale, mais se lie d’amitié avec Robinson, son frère d’arme. Blessé, puis réformé, il fréquente quelques femmes de basse condition (Lola, Musyne) puis quitte la France pour l’Afrique. Là, il constate la violence de la vie coloniale. Bardamu contracte une maladie tropicale et est transporté en bateau jusqu’aux Etats-Unis. En Amérique, où le capitalisme conduit à la misère des moins chanceux, Bardamu refuse toute morale et survit comme il peut, entre son travail à la chaîne et son amour pour Molly, généreuse prostituée. En France, où il exerce comme médecin de banlieue, Bardamu tente d’apaiser les malheurs humains. Au fil de son voyage, étape par étape, il côtoie sans cesse la violence humaine et s’indigne, cynique et sombre comme la nuit.

Au-delà de la révolution stylistique apportée par ce roman, il s’agit d’un roman initiatique dans lequel le héros, va apprendre le vie de l’existence et la grande violence qui règne entre les êtres, violence décrite de manière inédite et magistrale. 

La douleur, Marguerite Duras, 1985

Marguerite attend son compagnon, Robert Antelme, que « Morland » alias François Mitterrand – à qui elle vouera, dès lors, une reconnaissance indéfectible- est allé chercher dans l’enfer des camps, usant de son impact pour faire sortir Antelme de l’infirmerie où il était retenu en quarantaine, condamné à une mort certaine. 

Ce livre est une transcription , par les mots, de la brutalité de l’expérience vécue durant la seconde guerre mondiale ; On retrouve l’une des questions centrales : comment les mots peuvent- ils être les témoins de l’Horreur , de ce désordre de la pensée qui s’empare des êtres atteints par une violence telle qu’elle pourrait les détruire ; quelle place reste-t-il alors pour la sensibilité ?

Requiem, Anna Akhmatova, 1935-1940

Les poèmes retracent la période de la « Iejovchtchina » pendant laquelle la poétesse a passé dix-sept mois à faire la queue devant les prisons de Leningrad, son fils ayant été emprisonné dans le cadre des répressions sévissant à cette époque dans le pays. 

Classée comme « acméiste » ou « intimiste », elle cultive un style simple, rigoureux. Dans ce bref recueil, elle parvient, avec des mots et des phrases simples, à faire revivre la douleur incommensurable de la non-vie des prisonniers et de ceux qui les attendaient, de la folie totalitaire et policière du régime stalinien. L’URSS décrite ici est peuplée d’images liées à la mort : le bourreau, la vie arrachée, la levée du corps dans une chambre mortuaire.

Justine ou les malheurs de la vertu, Marquis de Sade, 1791

La vertueuse Justine fait la confidence de ses malheurs et demeure jusque dans les plus scabreux détails l’incarnation de la vertu. Apologie du crime, de la liberté des corps comme des esprits, de la cruauté, « extrême sensibilité des organes connue seulement des êtres délicats »

Premier ouvrage publié du marquis de Sade, ce roman, moins pour la plume de ce dernier que l’objet même du récit, permettant d’illustrer les violences sexuelles et notamment les violences faites au femmes, au travers de la “chosification” par exemple, mais également les limites du recevable en terme de représentation de la violence dans la littérature. 

Le théâtre de la cruauté, Antonin Artaud, 1931

L’ouvrage est un mélange d’essai et de lettres, où Antonin Artaud développe notamment la notion de “théâtre de la cruauté”. Pour lui, « le théâtre doit posséder une action immédiate et violente ». Ce théâtre doit faire écho, prendre sa source « dans la période angoissante et catastrophique que nous vivons », il veut faire du théâtre un endroit « que les événements ne dépassent pas ». Ainsi, le théâtre doit être, selon lui, « une action poussée à bout et extrême », c’est par ce radicalisme que le théâtre doit se renouveler. Pour Artaud, un « crime présenté dans les conditions théâtrales requises est pour l’esprit quelque chose d’infiniment plus redoutable que ce même crime réalisé ». Il développe par la suite les éléments nécessaires à ce nouveau théâtre.

Un essai important pour envisager la question de la violence dans l’art ainsi que sa représentation. 

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Corentin Viault