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Ce que le débat d’entre-deux tours de la présidentielle nous apprend sur le Triptyque d’HEC

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C’était le Mercredi 20 Avril dernier, en direct sur la plupart des chaînes télés et à la radio. Bref, à moins d’habiter sur mars vous n’avez pas pu passer à côté. Je parle bien sûr du débat de l’entre-deux tours des présidentielles entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. De l’engagé politique le plus forcené à l’élève stressé par ses révisions attendant avidement, paquet de pop-corn à la main les piques que s’envoient les candidats afin de se détendre, des millions de français avaient une bonne raison de suivre ce moment toujours très attendu de la vie politique de notre pays. Voici aujourd’hui les leçons à tirer de ce débat… pour cartonner au triptyque en Juillet 2022 (ou 2023 pour les premières années… ou les futures khubes qui nous écoutent) aux oraux d’HEC Paris.

Leçon numéro 1 : Aller à l’essentiel

Un débat d’entre-deux tours (comme à peu près n’importe quel exercice d’interview pour un homme politique), ça a l’air long comme ça (plus de 2h30 pour celui de 2022), mais en fait, le temps file très vite… Huit thèmes à traiter (dans l’ordre le pouvoir d’achat, l’international, le modèle social, l’environnement, la compétitivité et l’attractivité de la France, la jeunesse, la sécurité et l’immigration et les institutions, à égalité entre chaque candidat, cela revient à un temps de parole d’un peu plus de neuf minutes par candidat et par thème (disons six si l’on retire les transitions et les temps de conflit inutile). Il faut donc à tout prix vu à quel point les sujets sont larges être synthétique. Sinon le temps file et on se retrouve à la fin de sa présentation sans avoir eu le temps de développer quoi que ce soit mis à part des banalités…

C’est le même problème dans un tryptique : le temps qui vous est assigné pour développer vos arguments, que vous soyez convainquant ou encore plus si vous êtes répondant, est plus que réduit… Privilégiez donc une réflexion succincte et incisive, basé sur une très courte introduction basée l’affirmation de la thèse que vous pensez défendre. Enchaînez ensuite avec le développement de deux arguments (si vous êtes convainquant) ou même d’un seul (particulièrement si vous êtes répondant). Cela sera largement suffisant et vous évitera de vous perdre en chemin.

Leçon numéro 2 : Être sûr de ses données

Il n’y a rien de pire durant un débat que de se retrouver pris à défaut sur les références ou données que l’on comptait utiliser pour convaincre. Non seulement l’argument perd toute la force que l’on aurait eu envie qu’il puisse avoir, mais en plus on se retrouve décrédibilisé durablement auprès non seulement de son adversaire dans le débat mais aussi de son auditoire. Demandez donc à Marine Le Pen si ses confusions coupables concernant les chiffres de la dette publique ne lui ont pas coûté au moment de compter les points à la fin du débat du 20 Avril dernier… Une erreur de ce type entre immédiatement dans les vidéos récapitulatives des meilleurs moments et autres best-of ce qui fait que c’est ce qui restera de la prestation aussi bonne qu’elle puisse être aux yeux du monde.

Le principe est identique dans un tryptique ! Ne vous amusez surtout pas à utiliser des références ou chiffres sur lesquelles vous pourriez avoir un doute ! Non seulement il existe surement d’autres données que vous pourriez tout aussi efficacement utiliser et sur lesquelles vous seriez infaillibles, mais en plus le résultat pourrait être catastrophique sur vous si votre correcteur ou pire votre adversaire sont au courant de la fumisterie. A partir de là, vous vous seriez mis tout seul dans de beaux draps et les conséquences seraient sans doute irréparables.

Leçon numéro 3 : Un bon mot c’est bien, mais le gagnant d’un débat n’est pas forcément celui qui rabaisse l’adversaire

Alors oui, on s’amuse tous devant les vidéos regroupant les attaques et autres piques publiées très rapidement sur les différentes plateformes et autres réseaux sociaux juste après le débat. Voir Emmanuel Macron parler de « ripoliner la façade » ou se complaire dans des « olalalalah » en 2022, cela fait sourire. Voir Marine Le Pen le traiter d’hypocrite climatique procure la même impression. Pour autant, toutes ces petites phrases servent-elles le débat, et plus important encore les intérêts de celui qui les prononcent ? Pas forcément. En 2017, Marine Le Pen était ressortie affaiblie du débat de l’entre-deux cours, car son tempérament très offensif voire même agressif vis-à-vis de son opposant l’avait desservi. Cinq ans plus tard, ce fut cette fois Emmanuel Macron qui fut critiqué pour son ton arrogant et professoral. Le débat lui s’en est les deux fois retrouvé considérablement appauvri. Finalement, ces petites phrases représentent bien plus une perte de temps qu’un gain dans un débat.
Appliqué au tryptique des oraux d’HEC Paris (j’espère quand même que vous n’aviez pas dans l’idée d’aller vous permettre une attaque coupable contre votre co-débattant du jour…), il y a des leçons à tirer là aussi ! Ne cherchez pas à tailler en pièce votre adversaire, cela n’apportera rien car un débat de qualité a besoin de deux opposants de qualités se respectant l’un et l’autre. Cela ne peut et ne doit pas se résumer à une prestation professorale d’un individu face à un élève constamment repris. Ne vous concentrez pas sauf dans la partie de discussion sur votre adversaire et sa stratégie, mais bien sur vos propres arguments !

Leçon numéro 4 : l’art de bien débuter

Et si c’était par là qu’il aurait fallu commencer ? Nous sommes le 20 Avril dernier, il est 21h tapantes et Gilles Bouleau et Léa Salamé lancent l’émission qui va passionner les foules le temps d’un soir. Après avoir salué les deux candidats, rappelé quelques règles et annoncé que ce serait la candidate du Rassemblement National qui commencerait à prendre la parole, le générique fut lancé. Stupeur à la fin de celui-ci : Marine Le Pen avait déjà commencé son laïus à la plus grande surprise des téléspectateurs, prenant de court jusqu’aux présentateurs qui se retrouvèrent obligé de l’arrêter afin que chacun puisse entendre son discours. S’ensuivit un long moment de gêne sur le plateau, qui ne pouvait pas lancer la soirée sous de pires hospices.

Ainsi, même si le conseil peut sembler basique, ne manquez jamais le début de votre prestation lors du tryptique : respectez le timing proposé par le jury, commencez par saluer celui-ci ainsi que votre camarade, prenez le temps de souffler et de faire une pause, puis énoncez de manière claire et distincte votre thèse. Dans ce contexte, le stress et la précipitation sont bel et bien vos pires ennemis, tant il est vrai que la première impression et la plus importante.

Leçon numéro 5: L’importance du langage non-verbal

A moins de vous être totalement coupé des réseaux sociaux, vous avez forcément vu le désormais devenu célèbre même montrant Emmanuel Macron faire une sorte de moue dédaigneuse devant les arguments développé par Marine Le Pen. Cinq ans plus tôt, la candidate du front national avait elle aussi défrayé la chronique avec de larges mouvements de bras circulaires durant sa fameuse tirade « ils sont là… dans les villes … sur les réseaux sociaux », gestes décrédibilisant plus encore que son propos ses arguments contre la diabolisation de l’extrême droite. Ainsi, au-delà des mots, l’attitude compte également beaucoup dans un débat.
C’est pareil dans un triptyque HEC. Gardez-vous de toute réaction disproportionnée (voire même de toute réaction tout court) devant la prestation de votre adversaire, quel que soit les erreurs qu’il puisse commettre ou les désaccords vous séparant. Adoptez une attitude d’écoute et éviter tout geste exubérant. Demeurez droit, les mains jointes ou posées. C’est la meilleure manière de renvoyer une bonne première impression au jury.

 

Lire aussi: Comment cartonner le triptyque aux oraux d’HEC Paris?

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Julien Vacherot
Étudiant à HEC Paris en Stratégie fiscale et juridique internationale et responsable géopolitique, j'ai pour but de vous faire partager ma passion et de vous aider dans cette matière et partout où c'est possible