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Emmanuel Combe : quel lien entre inflation et profit ?

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Emmanuel Combe

Dans une tribune du 5 mai publiée sur le site Les Echos, le professeur des Universités à Paris 1 et professeur affilié à Skema Business School, ancien vice-président de l’Autorité de la concurrence, Emmanuel Combe, a pris la parole sur la mécanique des prix et des profits, et notamment l’importance de tenir compte des effets de rattrapage et du niveau de la demande.

 

Le point de départ d’Emmanuel Combe : les « profits excessifs »

Emmanuel Combe commence son papier en s’appuyant sur les récents résultats des grandes entreprises du CAC 40, tels que STM et Stellantis, qui ont enregistré des niveaux de profits record en 2022. Cette performance exceptionnelle a relancé le débat sur les “profits excessifs”, notamment en raison de l’inflation persistante en Europe. Certains estiment que les entreprises ont augmenté leurs prix de manière disproportionnée par rapport aux hausses de coûts qu’elles ont subies, que ce soit au niveau des matières premières, des produits intermédiaires ou des salaires.

L’auteur s’appuie sur les analyses récentes de la BCE, ces dernières démontrant que les profits unitaires ont expliqué les deux tiers de l’inflation en 2022, contre un tiers en moyenne sur la période 1999-2022. Cependant, malgré il est important de comprendre comment se forme la mécanique des prix et des profits avant de parler de profits excessifs.

 

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La mécanique des prix et profits engendrée par l’effet de rattrapage

L’auteur nous explique que premièrement, il y’a « un décalage dans le temps entre les hausses de coût en amont et leur transmission en aval dans les prix à la consommation : les entreprises n’ont pas répercuté immédiatement les hausses de coût qu’elles ont connu depuis le Covid. ». Concrètement, le mouvement actuel de hausse des prix s’explique en partie par un effet de rattrapage.

Pour autant, ce décalage peut être attribué à plusieurs facteurs nous détaille l’auteur. En effet, il est souvent difficile d’ajuster instantanément tous les contrats. De plus, les entreprises peuvent adopter une approche attentiste par crainte de perdre des clients si elles augmentent leurs prix avant leurs concurrents. Dans certains secteurs où les marges sont élevées, les entreprises ont pu absorber temporairement les hausses de coûts. Une étude du FMI a récemment montré que certaines entreprises ont choisi de lisser les augmentations de prix dans le temps afin de préserver leur réputation.

 

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La mécanique des prix et profits expliquée par le niveau de demande

Le professeur à l’université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne nous explique qu’en second lieu, la fixation d’un prix ne dépend pas seulement des coûts, mais aussi du niveau de la demande. Effectivement, « lorsque la demande est supérieure à l’offre, les prix augmentent, surtout s’il y a de fortes contraintes de capacité. Le cas du transport aérien est à cet égard révélateur : la forte hausse du prix du billet en 2022 s’explique non seulement par la hausse du prix du kérosène, mais aussi par la forte demande de voyages, dans un contexte de pénurie de main-d’oeuvre qui a conduit à clouer des avions au sol ».

L’auteur s’appuie sur l’exemple de Lufthansa, la compagnie aérienne a dû annuler 34 000 vols pendant l’été 2022, faute de personnel navigant suffisant. Bien que cette augmentation des prix ait contribué à la croissance des profits unitaires, elle indique également une situation de rareté, ce qui devrait inciter les entreprises à embaucher davantage de personnel pour répondre à la demande.

 

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La mécanique des prix et profits due à l’effet démultiplicateur

Le professeur à SKEMA Business School nous apprend que troisièmement, qu’« une hausse de prix peut avoir un effet démultiplicateur sur les profits, lorsque l’activité se caractérise par de forts coûts fixes par rapport aux coûts variables. A cet égard, il n’est guère surprenant que les profits aient explosé dans des industries comme l’automobile, le transport maritime ou les semi-conducteurs.

Cette situation est toutefois réversible : une atonie de la demande fera chuter les recettes, tandis que la base de coût fixe restera la même ; il en résultera une forte chute des profits, qui sera parfois accentuée par l’apparition de surcapacités et une guerre des prix. »

 

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La mécanique des prix et profits : résultat du « pricing power »

Emmanuel Combe invoque finalement une quatrième et dernière raison expliquant une hausse des prix des produits dans un contexte inflationniste : le « pricing power ». Les hausses de prix s’expliquent par le fait, qu’au sein de chaque secteur, existent des entreprises leaders qui disposent d’un véritable « pricing power », qui leur permet d’augmenter les prix sans craindre de perdre leurs clients.

Toute la question est de savoir d’où vient ce pouvoir de marché. Lorsqu’il résulte d’une montée en gamme des produits ou du lancement d’innovations, il est parfaitement légitime. A l’inverse, lorsqu’il est la conséquence d’un manque de concurrence, il peut être problématique.

 

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Pour conclure, au sein de cette mécanique des prix et profits, Emmanuel Combe énumère les leviers d’actions dont disposent les pouvoirs publics pour y faire face. Ces derniers peuvent favoriser l’entrée de nouveaux acteurs, en abaissant les barrières réglementaires. Ils peuvent également favoriser la mobilité des consommateurs, notamment en renforçant l’information sur les prix. Ils peuvent limiter la concentration des marchés, par le biais du contrôle des fusions-acquisitions. Ils peuvent enfin renforcer leur lutte contre les pratiques anticoncurrentielles de cartel et d’abus de position dominante, qui font monter artificiellement les prix et les profits.

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Damien Copitet
Je suis étudiant à SKEMA BS après deux années de classe préparatoire au lycée Gaston Berger (Lille). Nous nous retrouvons toutes les semaines pour l'actualité en bref