Dans cet article, découvrez 4 auteurs indispensables sur le thème de l’inflation, un point clé de la classe préparatoire ECG.
Knut Wicksell, Intérêts et Prix, 1898
Knut Wicksell a écrit Intérêts et Prix en 1898, un ouvrage dans lequel il explique que les crises économiques viennent de la croissance qui les a précédées, c’est l’idée de cycle. Concrètement, les phases A se terminent par des phases B. Il explique que la fin de la période de croissance (la phase A) est forcément inflationniste. C’est une inflation monétaire.
- Au début de la phase A : lorsque la croissance est amorcée, les agents économiques ont besoin de crédits bancaires ou obligataires pour financer leurs activités. Les projets d’investissement sont globalement très rentables car la croissance débute sur de nouvelles innovations porteuses. Les marchés financiers et les banques commerciales prêtent abondamment. L’économie est saine.
- Mais au fil du temps, la croissance économique s’essouffle en fin de phase A : les opportunités d’investissement les plus prometteuses sont épuisées. Il reste les projets d’investissement les plus hasardeux et les moins rentables, ceux que le marché financier accepte de financer avec des taux d’intérêt naturels élevés compte tenu du risque alors que les banques commerciales acceptent de les financer à des taux plus faibles. La banque centrale s’en mêle et à ce moment-là, pour prolonger artificiellement la croissance, la Banque Centrale a tendance à baisser son taux directeur et donc à provoquer une baisse du taux d’intérêt monétaire afin de faciliter le crédit bancaire (politique monétaire de relance). Les projets d’investissement hasardeux sont financés à des taux d’interêts plus faibles via le crédit bancaire plutôt que par le crédit obligataire. Ils sont financés par une hausse de la masse monétaire et non pas par de l’épargne. Pour que cette augmentation de la masse monétaire induise de l’inflation, Il faut qu’elle soit plus élevée que la production, pour cela il faut qu’une partie de ces investissement hasardeux échouent , ce qui fait qu’il n’y a pas de production en plus, donc la création de monnaie est supérieure à l’inflation économique de la phase A.
- Basculement vers la crise : Pour Wicksell, l’idéal serait d’avoir un taux d’intérêt monétaire toujours égal au taux naturel. Il explique que lorsque le taux d’intérêt monétaire est inférieur au taux d’intérêt naturel (à cause d’une politique monétaire de relance abusive) on se retrouve avec de l’inflation et des investissements qui ne sont pas rentables d’où un basculement vers la crise, donc la phase B du cycle Juglar ou Kondratiev.
Ludwing Von Mises, Economic Policy, 1979
Ludwing Von Mises a écrit Economic Policy en 1979, un ouvrage dans lequel il écrit la célèbre phrase « le plus important à garder en mémoire, c’est que l’inflation n’est pas un coup du sort, ce n’est pas l’effet d’un cataclysme naturel, ou un fléau épidémique comme la peste. L’inflation est une politique ». L’inflation n’est pas un coup du sort, mais bien une politique. Pour les économistes de l’école autrichienne de manière générale, la création monétaire qui se fait ex nihilo de la part des banques centrales et des banques commerciales est une fraude contre les épargnants qui thésaurisent. Cette création de monnaie va avantager deux types d’acteurs. Les états qui empruntent bon marché puisqu’une partie de la dette publique est reniée par l’inflation. Tous les emprunteurs sont gagnants et donc les taux d’interêt réels sont bas.
Deuxième agents avantagés, tout ceux qui n’entrent pas dans l’IPC (Indice des Prix à la Consommation) et dont la valeur, le prix du patrimoine augmente, autrement dit tous les épargnants qui placent dans l’immobilier ou dans les titres. En revanches les prêteurs sont perdants ainsi que les épargnants qui ont placé sous forme liquide car avec l’inflation la valeur de la monnaie baisse. Ces épargnants ont placé leur patrimoine dans un capital qui entre dans l’IPC.
La création de monnaie excessive provoque un partage de la valeur ajoutée qui n’est pas égalitaire et qui est souterrain. Parmi les agents désavantagés, il y a tous les revenus qui ne sont pas indexés sur l’inflation. Par exemple, si on prend le cas des fonctionnaires dont le salaire est gelé, si l’inflation est de 1,1% c’est 10% au bout de 10 ans.
Vincent Vicard, « La déplaisante arithmétique des déséquilibres de la zone euro », La lettre du CEPII, février 2018
Pour Vincent Vicard, au sein d’une union monétaire, le rééquilibrage nécessite des ajustements de prix, qui passent par des écarts de taux d’inflation. Étant donné que l’Allemagne affiche une sous-évaluation de son taux de change effectif réel de 20 points de pourcentage par rapport au reste de la zone, le processus de rééquilibrage impliquerait un taux d’inflation supérieur de 2 points de pourcentage en Allemagne par rapport au reste de la zone euro sur une décennie, ou 1 point sur deux décennies. Pour être compatible avec l’objectif d’inflation de la BCE et ne pas risquer de maintenir le reste de la zone proche de la déflation, ce rééquilibrage nécessite l’acceptation d’une inflation plus forte dans les pays en surplus qui, autant que les pays en déficit, doivent prendre leur part dans l’ajustement à réaliser. La question des déséquilibres hérités de la première décennie de la monnaie unique reste donc pleinement à l’agenda de la zone euro.
Au sein d’une union monétaire, les mésalignements de taux de change réel entre pays membres ne peuvent plus, par définition, être ajustés par le biais du taux de change nominal. Le rééquilibrage exige donc des ajustements de prix au moyen d’écarts de taux d’inflation soutenus sur une longue période. Les estimations du FMI présentées dans le tableau 1 évaluent à 20 % l’écart de taux de change réel entre l’Allemagne et le reste de la zone euro.
Les conclusions sont claires: le rééquilibrage nécessite un important différentiel d’inflation soutenu sur une longue période ; sur une période de 10 ans, un taux d’inflation supérieur de 2 points de pourcentage en Allemagne est nécessaire, et sur une période de 20 ans de 1 point de pourcentage. En outre, un taux d’inflation moyen au niveau de l’ensemble de la zone euro proche de la cible de 2 % fixée par la BCE implique un taux d’inflation nettement supérieur à 2 % par an en Allemagne. Avec une inflation de 2 % (au niveau actuel de la cible de la BCE), le rééquilibrage implique nécessairement que les pays excédentaires acceptent durablement une inflation significativement plus élevée que 2 %
Solow, Fitoussi, Premier Rapport. La désinflation compétitive, le Mark et les politiques budgétaire en Europe, 1992
Pour une étude de l’OFCE, les économistes Solow et Fitoussi, ont montré que la déflation a des effets limités, notamment à long terme. Cette désinflation, qui repose sur une politique de rigueur, doit entrainer à court terme un accroissement du chômage, lequel permettra de modérer les hausses de salaires. La modération salariale devrait se traduire par une faible inflation, permettant des gains de compétitivité prix et cette restauration de la compétitivité se traduira, à long terme par une reprise des exportations qui influent positivement sur l’emploi.
Or si le taux de chômage est déjà élevé, ce phénomène risque de prendre du temps, car selon l’hypothèse d’hystérèse, l’existence d’un fort taux de chômage s’accompagne d’une proportion importante de chômeurs de longue durée, qui n’influent pas sur les négociations salariales.