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Emmanuel Combe prend la parole sur le lien entre transparence, concurrence et prix alimentaires

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Emmanuel Combe

Dans une tribune du 16 mars publiée sur le site Les Echos, le professeur des Universités à Paris 1 et professeur affilié à Skema Business School, ancien vice-président de l’Autorité de la concurrence, Emmanuel Combe, a pris la parole sur la nécessaire transparence de l’information dans le cadre de la concurrence entre les enseignes sur les produits alimentaires.

 

Face à l’inflation, la meilleure réponse est la transparence de l’information

Selon un rapport publié ce mercredi 15 mars par l’Inseeles prix alimentaires ont augmenté de 14,8 % entre février 2022 et février 2023. Comme l’explique Emmanuel Combe dans sa tribune, les Français de manière générale sont de plus en plus inquiets de cette forte inflation des prix des produits alimentaires. En réponse, les grandes enseignes de distribution comme Carrefour, Intermarché, Leclerc multiplient les actions en faveur du pouvoir d’achat des ménages. Par exemple, Leclerc a lancé son propre comparateur de prix entre grandes enseignes, tandis que Carrefour et Intermarché ont annoncé bloquer temporairement les prix sur des centaines de produits.

L’ancien vice-président de l’Autorité de la concurrence explique que la solution de Leclerc s’attaque à l’un des principaux obstacles à la concurrence pour le consommateur : les coûts de recherche de l’information.En effet, comparer les prix des produits alimentaires entre les différentes enseignes représente un coût en termes de temps pour le consommateur. De plus, les prix fluctuent régulièrement donc comparer de soi-même les tarifs dans une zone de chalandise semblent contreproductifs.

À travers cet exemple, le professeur affilié à Skema Business School définit la transparence de l’information comme une condition de l’animation de la concurrence sur le marché, lorsque les produits sont très nombreux. Le comparateur de prix permet justement de réduire les coûts de recherche, en facilitant l’accessibilité à l’information. 

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Un comparateur de prix efficient est le meilleur moyen de favoriser la transparence de l’information

Emmanuel Combe explique dans sa tribune qu’un comparateur de prix favorise la transparence de l’information et donc la concurrence si et seulement si ce dernier est exhaustif, en termes de références ou de formats de magasin, mais aussi mis à jour fréquemment.

A cet égard, l’auteur estime qu’une solution ambitieuse s’appuierait sur l’action des pouvoirs publics sur le sujet de la comparaison des prix, en exigeant de tous les distributeurs alimentaires qu’ils affichent leurs prix sur Internet, en temps réel et magasin par magasin. Cette solution n’a rien d’utopique, elle est même techniquement possible à l’heure des étiquettes numériques. Cette dernière permettrait de crédibiliser les comparaisons de prix, en les rendant exhaustives et indépendantes d’un distributeur particulier.

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Un comparateur de prix a vu le jour en Israël 

Ce comparateur de prix a d’ailleurs été mis en œuvre depuis le mois de juin 2015 en Israël : les enseignes de grande distribution doivent afficher chaque jour les prix de leurs produits sur Internet, et même chaque heure en cas de changement de prix. Des comparateurs de prix indépendants ont alors vu le jour, permettant aux clients de faire eux-mêmes leurs comparaisons. Plusieurs résultats, étudiés par les économistes Ater et Rigbi, sont à noter :

  • Premièrement, « la transparence a eu pour effet de faire baisser en moyenne les prix des produits alimentaires de 4 à 5 %, ce qui est considérable. Cette baisse des prix a eu lieu pour l’essentiel au sein des enseignes les plus chères, qui ne pouvaient plus justifier d’être en décalage par rapport à l’ensemble du marché. A l’inverse, les chaînes à bas prix ont peu ajusté leurs prix à la baisse. »
  • En deuxième lieu, « la transparence a réduit la dispersion des prix entre enseignes et pour un même produit d’environ 50 %. Plus encore, au sein d’une même enseigne, la tendance au prix uniforme a augmenté. En effet, il est usuel pour une enseigne d’adapter ses prix en fonction de la localisation du magasin, en tenant compte de l’intensité de la concurrence et/ou du pouvoir d’achat de la population. Avec l’affichage des prix sur Internet par magasin, il devient plus difficile de justifier aux yeux des consommateurs des pratiques de discrimination par les prix, perçues comme « injustes ».
  • Enfin, « les enseignes à bas prix ont fait des comparateurs de prix un argument publicitaire crédible. En effet, communiquer sur le fait d’être classé parmi les moins chers est pris au sérieux par le consommateur, dans la mesure où le classement est exhaustif et indépendant de l’enseigne. De plus, le comparateur de prix permet de communiquer sur un écart de prix global par rapport aux autres enseignes, ce qui évite la communication sur quelques produits, qui n’est pas perçue comme crédible aux yeux des consommateurs ».

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Pour conclure, Emmanuel Combe a pris la parole sur le lien entre transparence, concurrence et prix alimentaires. Ce dernier est arrivé à la conclusion, en s’appuyant sur le cas israélien, qu’avec l’obligation d’affichage des prix sur Internet en temps réel, les pouvoirs publics disposent d’un levier peu coûteux et très efficace pour encourager la concurrence entre les enseignes. Une concurrence qui profiterait au pouvoir d’achat de tous.

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Damien Copitet
Je suis étudiant à SKEMA BS après deux années de classe préparatoire au lycée Gaston Berger (Lille). Nous nous retrouvons toutes les semaines pour l'actualité en bref