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Les langues en Espagne : un enjeu devenu politique

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Les langues en Espagne : un enjeu devenu politique

¡Hola a todos! On va parler aujourd’hui d’un défi crucial auquel est confrontée l’Espagne : conserver sa diversité linguistique tout en formant une unité. C’est le Président du Partido Popular (PP) Alberto Núñez Feijóo qui a récemment remis ce sujet sur la table. Voyons ensemble pourquoi la question des langues est si centrale en Espagne et analysons la proposition atypique de Feijóo.

 

Les langues en Espagne : la situation actuelle

Si les langues officielles de la Constitution espagnole de 1978 sont au nombre de quatre : le castillan, le catalan, le basque et le galicien, l’Espagne accueille aussi sur son territoire différents dialectes et langues non-officielles mais reconnues par l’Etat que sont le valencien, l’asturien, l’aragonais ou encore l’aranais. Toutefois, cette richesse linguistique est source de clivages et même de dissenssions au sein de la péninsule ibérique. La question des langues est ainsi devenue un enjeu majeur en Espagne, dont s’est emparée la classe politique.

 

Les problématiques derrière la pluralité des langues en Espagne

L’Espagne est un des pays plurilingues qui n’a pas édicté de loi spécifique sur les langues au niveau national. Chaque communauté autonome est donc libre de la politique linguistique à mener. Seule la Constitution de 1978 fait explicitement référence aux langues. On peut lire dans l’article 3 de la Constitution :

  • « Le castillan est la langue officielle de l’Etat. Tous les Espagnols ont le devoir de le connaître et le droit de l’utiliser. »
  • « Les autres langues espagnoles sont également officielles dans les différentes communautés autonomes en accord avec leurs statuts. »
  • « La richesse des particularités linguistiques distinctives de l’Espagne est un patrimoine culturel qui doit faire l’objet d’une protection et d’un respect particuliers. »

La question des langues fait aussi débat en Espagne car c’est un sujet historique. La période franquiste, pendant laquelle seul le castillan était autorisé, a laissé un goût amer aux Espagnols, qui voient désormais dans la reconnaissance de leurs autres langues une preuve que la démocratie est bel et bien vivante.

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Zoom sur la Catalogne : le projet d’Alberto Núñez Feijóo divise 

En réalité, c’est surtout en Catalogne que la question est brûlante. Le Président du Partido Popular Feijóo a déclaré son intention de mettre en place le modèle trilingue (modelo trilingüe). Un modèle qu’il avait déjà mis en place, avec succès, dans sa région natale, la Galice, lorsqu’il était Président de la Junte. Celui-ci consiste à enseigner 1/3 des cours en castillan, 1/3 en anglais, et 1/3 dans la langue régionale. En l’occurence, le catalan.

Cependant, ce projet divise parce qu’il représente un changement brutal pour l’enseignement en Catalogne. D’autant plus qu’au sein même du Partido Popular, celui-ci ne fait pas l’unanimité. En effet, le modèle linguistique qui prévaut actuellement dans cette communauté autonome est celui d’un enseignement intégralement en catalan (modelo de inmersión). Passer de 100% des cours en catalan à seulement 33% n’a rien d’anodin. De quoi susciter l’indignation des politiciens catalans et raviver les aspirations indépendantistes de la population, qui voit en ce projet l’extension de la mainmise du gouvernement central sur la Catalogne.

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Quels arguments le Président du PP avance-t-il ?

Alberto Núñez Feijóo s’intéresse avant tout à la présence du castillan sur le territoire catalan. Il a affirmé vouloir légiférer pour éviter que le castillan « ne soit une langue étrangère en Catalogne » comme il l’a déclaré, brandissant alors comme argument la Constitution espagnole de 1978. Il mise aussi sur son expérience en terres galiciennes, où il a mis en place son fameux modèle trilingue. Sans oublier la promotion de l’anglais, une langue devenue indispensable pour former de bons élèves.

Toutefois, son projet a été rejeté par la Generalitat de Catalogne et le PSOE de Pedro Sánchez s’y est aussi opposé. A présent, son discours apparaît de plus en plus nuancé. Il assure désormais « respecter profondément les langues d’Espagne » parce qu’il « sait ce qu’est une nationalité historique » a-t-il mentionné dans un discours du 15 juillet 2023. L’école doit selon lui, enseigner aux enfants le castillan et le catalan « de façon équilibrée ». 

Les détracteurs de Feijóo, qui voient cette réforme d’un mauvais oeil, entendent laisser la liberté aux familles catalanes de choisir la langue qu’ils désirent pour leurs enfants. 

Or depuis les élections législatives espagnoles, tout est différent. En effet, le scrutin du 23 juillet 2023 s’est soldé par une victoire du Parti Populaire espagnol qui a remporté 136 sièges, bien qu’en deçà des espérances de son Président Alberto Núñez Feijóo. Ce dernier pourra compter sur le soutien du parti d’extrême-droite VOX qui a obtenu 33 sièges, et avec qui il forme le bloc conservateur pour tenter de mettre en place son modèle en Catalogne et même au Pays Basque. Peut-être devra-t-il réduire la part du castillan à 25%, comme il l’a déjà évoqué…

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Dorian Zerroudi
Co-fondateur d'elevenact (Mister Prépa, Planète Grandes Ecoles...), j'ai à coeur d'accompagner un maximum d'étudiants vers la réussite !