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ESH ECRICOME 2022 – Analyse du Sujet 1

Sommaire

Découvrez sans plus attendre l’analyse du sujet 1 d’ESH ECRICOME 2022 ! L’ESH est l’épreuve phare qui marque le deuxième jour des concours ECRICOME 2022. Retrouvez sans plus attendre l’analyse faite par nos équipes.

L’objectif est de vous donner des clés permettant d’avoir les idées phares de ce sujet tout en vous préparant dans les meilleures conditions aux épreuves de la BCE. Pour rappel le concours BCE se déroulera du mercredi 04 au vendredi 13 mai 2022. 

 

LES SUJETS d’ESH ECRICOME 2022

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L’analyse du sujet 1 d’ESH ECRICOME 2022

Ce sujet concerne le programme de 2ème année de prépa ECE et notamment le programme du premier module traitant de la mondialisation des économies à travers le débat libre-échange/protectionnisme. Il fait la part belle à l’histoire économique mondiale avec la citation explicite de l’œuvre de Paul Bairoch. Cette citation émane du livre « Mythes et paradoxes de l’histoire économique », 1993. Dans ce livre, qui fera l’objet de certaines controverses, Bairoch s’efforce de faire une histoire du commerce international et d’en dégager certains paradoxes. Un des paradoxes les plus connus de l’auteur est le suivant : « Au 19ème siècle, le monde est encore un océan de protectionnisme avec quelques îlots de libre-échange ».

Cette citation pouvait bien évidemment servir en accroche car elle reflète la pensée de l’auteur et le sens de la citation proposée dans le libellé du sujet. En effet, Bairoch est un auteur plutôt critique à l’égard du libre-échange, il montre avec son paradoxe de Bairoch que le protectionnisme est plus favorable à la croissance que le libre-échange sauf dans certains cas (Grande-Bretagne du 19ème siècle par exemple).

Néanmoins, le sujet demande de s’interroger sur la réalité du libre-échange et du protectionnisme. Ces deux notions furent-elles théorisées, si oui furent-elles mises en application ? Le sujet a pu déstabiliser certains notamment par la forme (commentaire d’une citation en essayant de bien retranscrire la pensée de l’auteur, deux phases distinctes dans la citation), encore plus lorsque la pensée de Bairoch était inconnue ou mal maitrisée…

 

Dans ce sujet, il fallait surtout insister sur les mots théorie et réalité. Le mot « réalité » pouvait poser à notre avis un « problème ». La réalité du protectionnisme (ou libre-échange) peut renvoyer à la réalité de la situation (est-ce qu’il y a du protectionnisme) ou à la réalité de la théorie (est-ce que là où il y eut protectionnisme, on a réellement observé les conclusions émises par la théorie concernant le protectionnisme). Il nous semble que les deux sens étaient acceptables ici bien que le sujet se centre énormément sur la réalité de la situation. Dès lors, il est possible de rattacher la réalité théorique mais il faut le faire avec parcimonie et expliciter en quoi cette réalité théorique va de pair avec une théorisation.

 

Introduction

Possibilité d’accroche : Bairoch dans « Mythes et paradoxes de l’histoire économique », 1993 : « Au 19ème siècle, le monde est encore un océan de protectionnisme avec quelques îlots de libre-échange ».

Définition Libre-échange : politique commerciale visant à assurer la libre-circulation des marchandises, des capitaux, des facteurs de production au-delà des frontières nationales.

Définition protectionnisme : Politique commerciale visant à limiter les importations par des mesures tarifaires et non tarifaires dans le but de préserver les producteurs nationaux.

Définition réalité : Ce qui se passe et s’étudie donc de manière factuelle et objective. La réalité c’est ce qui est.

Définition théorie : ensemble d’idées abstraites reposant souvent sur des modèles économiques et économétriques en science économique qui visent à promouvoir certaines idées. La théorie, c’est ce qui devrait être.

Problématique : Dans quelle mesure pouvons-nous affirmer que les théories de la sphère académique concernant le commerce international se sont retrouvées dans l’histoire effective de l’économie mondiale depuis le 19ème siècle ?

 

Proposition de plan

I- Jusqu’en 1945, le libre-échange est une théorie qui se vérifie moyennement dans la réalité des faits car le protectionnisme est la réalité majeure :

A) Le libre échange est fondé théoriquement sur les travaux des classiques :

Smith, « La richesse des nations », 1776 : Théorie des avantages comparatifs et de la remise en cause des rentes nationales.

Ricardo, « Des principes de l’économie politique et de l’impôt », 1817 : Théorie des avantages comparatifs + théorie de la rente différentielle.

Montesquieu, « De l’esprit des lois », 1748 : Thèse du doux commerce.

 

B) et progressivement, il devient réalité empirique :

Berger, « Notre première mondialisation, leçon d’un échec oublié », 2003 : Il y a une première mondialisation dans la deuxième partie du 19ème siècle (1850-1914) notamment après la suppression des corn laws grâce à certains lobbys (dont faisait partie Ricardo). Il y avait déjà à l’époque des IDE notamment pour la construction du Canal de suez.

O’Rourke & Williamson dans « Globalization & History » (1999) estiment que le coût du transport transatlantique a diminué de 70% entre 1840 et 1910. Cela a permis une intensification des échanges internationaux.

Bairoch, « Mythes et paradoxes de l’histoire économique », 1993 : La Grande-Bretagne est bien libre-échangiste au 19ème car elle a tout à y gagner comme elle est plus compétitive.

– Traité de libre-échange Cobden-Chevalier : extension du libre-échange en Europe notamment à travers la France et l’Allemagne.

 

C) bien qu’il se heurte à la réalité du protectionnisme face aux crises et conflits (qui a trouvé des justifications théoriques) :

Grande dépression à la fin des années 1870 = escalades des tarifs douaniers : Tarif Méline, Tarif Bismarck, Tarif McKinley + Dingley, tarif Mendelev dans les 1890’s.

– Les deux guerres mondiales : Tarif Hawley-Smooth, restriction des importations en France en 1934, loi en Grande Bretagne en 1932.

– La réalité du protectionnisme fut d’ailleurs théorisé par List en 1841 dans « Systèmes d’économie politique » et fut appliqué dans le cadre de la Zollverein. Cette thèse sera reprise dans le Traité de Versailles (1919) pour assurer le développement de certains pays comme l’Autriche ou la Pologne.

– Citation de l’accroche à rééexpliciter ici : A part l’Angleterre très peu de pays ont adopté le libre-échange au 19ème siècle. Au 19ème, on a 80% de protectionnisme et 20% de libre-échange.

 

II- Après 1945, le libre-échange semble une réalité encore plus indiscutable mais le protectionnisme perdure et émerge aussi en tant que cadre conceptuel :

A) Le libre-échange s’amplifie après 1945 tant sur le plan théorique que dans la réalité :

– L’analyse théorique du libre-échange est amplifiée avec le théorème HO (Hecksher, Ohlin) puis HOS (amplifié par Stolper & Samuelson) dans les années 30 et 40 : Spécialisation via dotation factorielle.

– Création du GATT (1947 à la suite des accords de Genève) et du FMI en 1944 à la suite des accords de Bretton-Woods. Le GATT promeut la clause de la nation la plus favorisée, la diminution des droits de douane… baisse des droits de douane en 45 ans de 40% à 4%.

– De 1945 à 1975, le CI a augmenté plus rapidement que la production mondiale (développement du transport aérien après-guerre et création du porte container en 1956).

– Libre-échange financier (3D de Bourguinat).

– La DIT est approuvé (à partir des apports de Smith) puis la DIPP voit le jour (Lassudrie-Duchêne) dans un modèle de « Made in monde » selon Berger (2006) (production d’un IPhone par exemple).

L’OMC vient remplacer le cadre devenu inopérant du GATT en 1995.

 

B) Il reste néanmoins quelques îlots de protectionnisme durant cette période :

Rainelli, « L’OMC », 2011 : L’Europe adopte encore certaines mesures protectionnistes comme la PAC (1962) qui est une politique de subventions des exportations. Cette politique fut au cœur d’un grand désaccord à l’OMC entre USA, Europe et PED (groupe de Cairns).

– Certains pays imposent des normes sociales et/ou environnementales à d’autres (c’est un protectionnisme selon Lionel Fontagné).

Régionalisation du commerce international qui peut passer par des unions douanières (reprendre la typologie des ententes de Bela-Balassa).

Bellora & Fontagné, « L’UE en quête d’un mécanisme d’ajustement carbone compatible avec l’OMC », 2022 Taxe Pigouvienne aux frontières qui va sans doute arriver en Europe en 2022/2023 = protectionnisme.

– Retour des guerres commerciales.

 

C) Qui vont devenir de plus en plus fréquents grâce à un cadre théorique amplifié :

Bairoch, « Mythes et paradoxes de l’histoire économique », 1993 : Corrélation protectionnisme & croissance (paradoxe de Bairoch repris par O’Rourke ensuite).

– Modèle de Brander & Spencer : Les politiques commerciales stratégiques pour construire des champions nationaux (exemple d’Airbus).

– Théories de plus en plus présentes sur les effets délétères du libre-échange : Amin & Emmanuel, « L’échange inégal », 1970 ou Giraud dans « L’inégalité du monde », 1996 qui montre que la Mondialisation permet le développement alors que le libre-échange ne le permet pas forcément. Aujourd’hui, énormément de théories reviennent pour justifier le protectionnisme via la souveraineté des États.

– On assisterait alors à la fin du Libre-échange généralisé aujourd’hui selon Combe dans « Cette inflation qui vient de loin », 2022.

Coutansais, « La relocalisation du monde », 2021 : On passe du Made in Monde au Made in Local notamment sous l’influence de la contrainte écologique mais aussi géopolitique.

 

Conclusion

Le libre-échange fut théorisé au 19ème puis amplifié au 20ème siècle. Il se retrouve dans la réalité (notamment au 20ème) mais se heurte toujours à des situations de protectionnisme. Ce dernier bien que décrié par les partisans du premier trouve certaines justifications théoriques dans un monde où les tensions géopolitiques sont très importantes. L’intelligence économiques devient alors une problématique fondamentale et l’on redécouvre de plus en plus l’importance des politiques commerciales (Guerres commerciales fréquentes dans l’actualité : Inde-Chine, Australie-Chine, USA-Chine…). Dès lors la citation de Bairoch peut paraître vraisemblable au 19ème siècle (même si le protectionnisme est déjà théorisé) mais elle semble s’invalider au 20ème où le libre-échange devient progressivement une réalité incontestée et que le protectionnisme gagne en profondeur théorique avec la nouvelle théorie du commerce international et les tensions actuelles.

Évidemment, ce plan n’est qu’une proposition. Il n’est pas le seul possible, si tu as fait un plan différent don’t worry !

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Léo Bedenc
Diplômé emlyon et SciencesPo Lyon après une prépa ECE à Bordeaux, je suis également agrégé en S.E.S et j'interviens régulièrement sur Mister Prépa en ESH.