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Économie : est-il pertinent de parler d’une école classique ?

Sommaire
école classique

Aujourd’hui, nous allons discuter dans cet article s’il est toujours pertinent de parler d’une école classique en économie. 

I/ Les Classiques forment d’abord le noyau central de la pensée libérale

Lien : Concurrence pure et parfaite : La déconstruction d’un mythe

A/ Les contemporains de l’essor du capitalisme

Contemporains de la révolution industrielle (de la fin du XVIIIe au début du XIXe siècle), les Classiques sont les fondateurs de l’économie politique en tant que discipline autonome. L’économie politique a pour domaine d’étude l’ensemble des activités qui concourent à la production, à la circulation et à la répartition des richesses matérielles.

Les pères fondateurs sont tout d’abord les classiques anglais : Adam Smith dont par convention, l’ouvrage Recherche sur les causes et la nature de la richesse des nations (1776) fait de lui le père fondateur. David Ricardo, lui systématise la pensée classique sous sa forme la plus rigoureuse dans Principes de l’économie politique et de l’impôt (1817. T.R Malthus est célèbre pour son Essai sur le principe de la population (1798) J-S Mill encore et aussi les classiques français dont J-B Say qui en est le principal représentant et défenseur de la Loi des débouchés.

Lien : Benjamin – Avoir 20/20 en ESH (avec la copie !)

 

B/ Sur quoi s’accordent les Classiques ?

Ces économistes s’accordent sur le rôle moteur de l’intérêt individuel, sur le caractère naturel d’un ordre fondé sur la liberté et le droit de propriété́, sur le rôle régulateur du marché́ et de la libre concurrence, sur la justification du profit par le risque et sur la neutralité́ de la monnaie.

Le qualificatif d’ « école classique » regroupe un certain nombre d’économistes dont les propositions apparaissent globalement favorables au libéralisme économique.

Cette caractéristique est particulièrement marquée si l’on examine l’influence de leurs travaux au moment historique où ils écrivent. Par exemple, Adam Smith pense que le jeu du marché́ apparait comme globalement conforme aux intérêts de la société dans son ensemble. Jean-Baptiste Say quant à lui est encore plus optimiste car les crises économiques que l’on voit apparaitre ne peuvent pas être générales et durables. Quant à Ricardo, s’il est plus pessimiste sur l’évolution à long terme qui lui parait devoir être marqué par l’état stationnaire, son argumentation sur le libre échange reste le fondement actuel des analyses en faveur de la suppression des barrières douanières.

Par ailleurs, les Classiques développent la croyance dans les vertus d’une économie où règne la concurrence et on se doit de les séparer des néo-classiques qui formalisent en fait l’économie de marché à partir d’une théorie subjective de l’échange et de la consommation. Quant à Marx que l’on considère parfois comme le dernier des classiques, il veut la rupture avec l’économie de marché, fait une véritable critique de l’économie politique, et en cela il doit être mis à part car le marxisme n’est-ce pas d’abord une méthode de connaissance et un mouvement révolutionnaire qui cherche à hâter à la venue d’un nouveau type d’économie socialiste ?

 

II/ Des divergences théoriques nombreuses

Lien: 3 auteurs incontournables en ESH (Partie 3/3)

A/ Quand l’unité́ doctrinale masque les oppositions théoriques

Si les économistes classiques possèdent des traits communs dans la manière d’approcher la réalité, on ne peut que noter très souvent la divergence profonde de leurs conclusions. Elles sont d’ailleurs telles qu’il est nécessaire de le souligner ici que quelques oppositions, parmi les plus significatives.Si le fondement de la valeur d’un bien est au centre de leur analyse économique, les réponses apportées diffèrent selon les auteurs.

Alors que pour Ricardo, la valeur d’un bien résulte du coût des facteurs de production nécessaires à sa production (la valeur fondée sur un critère objectif, est la valeur d’échange), Say, préfigure déjà une représentation de l’économie qui triomphera avec la révolution marginaliste en expliquant la valeur des marchandises à partir de leur utilité. Quant à J-S Mill, il popularise déjà l’utilitarisme, c’est-à-dire cette doctrine éthique qui définit l’action juste comme celle qui maximise le bien-être de tous les individus concernés par cette action. Malthus est célèbre pour sa théorie de la surpopulation absolue. Il soutient que la population a spontanément tendance à croître en progression géométrique, alors que la production alimentaire ne peut, au mieux, que croître en progression arithmétique. Voyant le salut essentiellement dans la « contrainte morale », il note cependant la possibilité́ de crises de surproduction, en raison de la faiblesse des salaires, résultat inévitable de « l’exubérance démographique ». Say, l’auteur de la « loi des débouchés », affirme au contraire que, globalement, « l’offre créé sa propre demande», ce qui exclut la possibilité́ de surproductions généralisées.

 

B/ Ricardo : de l’héritage à une pensée novatrice

Ricardo considère que, dans une économie de croissance, la hausse du prix des biens de subsistance due à la pression démographique fait baisser le taux des profits, ce qui rend inéluctable la perspective de l’état stationnaire. Et en cela, il est l’héritier de l’idée malthusienne selon laquelle le volume des subsistances gouverne à long terme celui de la population.

Cependant, alors que Malthus défend le protectionnisme des denrées agricoles afin d’empêcher la baisse des prix qui, à son tour, ferait baisser l’offre, Ricardo reste un ardant défenseur du libre échange. Celui-ci, suscitant une division internationale du travail fondée sur les avantages comparatifs, peut retarder l’échéance de l’état stationnaire.

Smith, a défendu la loi de l’avantage absolu, loi qui considère que tout pays a intérêt à se spécialiser dans les productions pour lesquelles il dispose de coûts inférieurs à ceux des autres pays. Ricardo, au contraire, propose une explication différente de la division internationale du travail. Selon lui, chaque pays se spécialise dans les produits pour lesquels il dispose d’un avantage relatif, c’est-à- dire là où l’avantage est le plus grand, ou bien là où le désavantage est le moindre.

 

Lien: Assiste-t-on à un retour des politiques budgétaires ? (2/2)

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