La fonte des glaces donne accès à de nouveaux gisements d’hydrocarbures et ouvre également de nouvelles routes maritimes. Région du pôle Nord, l’Arctique est donc aujourd’hui au cœur des convoitises les plus avérées.
Le conseil de l’Arctique
Dès 1996, les 8 pays côtiers (Russie, Canada, États-Unis, Finlande, Suède, Norvège, Danemark et Islande) se réunissent pour former le Conseil de l’Arctique afin de protéger l’environnement et promouvoir la coopération entre les États de la zone sur la recherche, le sauvetage de navires et interdisant la pêche en haute mer. La Chine reste observatrice.
Un nouvel enjeu
Seulement, l’Arctique est désormais en proie au réchauffement climatique et au recul de la banquise, annonçant de ce fait des ressources et opportunités inespérées. Michel Foucher, dans L’Arctique : la nouvelle frontière, analysait cet espace comme un nouveau front pionnier. En effet par sa forte concentration de ressources (13% des réserves de pétrole, 30% des réserves de gaz), cet espace se transforme en véritable enjeu stratégique et économique pour les 8 pays du conseil de l’Arctique.
Les revendications des uns et des autres sur les plateaux continentaux, les riches fonds marins, ou les fameux passages du Nord-Ouest et du Nord-est attisent de nombreuses querelles et sont déjà l’objet de fortes tensions et conflits de souveraineté.
Les différents acteurs
Russie : L’Arctique s’insère dans l’histoire russe d’abord par la construction du brise-glace Lénine en 1959, puis Arktika en 1975, 1er navire à atteindre le pôle Nord en 1977. Par ailleurs, l’Arctique connait un regain d’intérêt depuis la présidence de Poutine suite à l’affaire du Krousk (explosion accidentelle d’une torpille provoquant le naufrage du sous-marin nucléaire Koursk, fleuron de la marine russe). En 2001, Poutine présente une doctrine russe de l’Arctique, d’autant que la zone est riche en hydrocarbures (péninsule de Lamal dans le Golfe de l’Ob). Mais l’exploitation est possible seulement grâce aux technologies du Nord et des Chinois (Total et Petro China) car les forages sont très profonds.
La Russie est ainsi le principal acteur militaire : possédant 7 bases militaires, elle a très largement renforcé sa présence militaire dans la région ces dernières années, la base du “Trèfle Arctique” n’étant que le dernier maillon en date. Moscou déploie notamment des systèmes de défense anti-aérienne dernier cri, les S-400.
Elle est également le principal acteur économique de la région : l’Arctique représentant 10% de son PIB ainsi qu’une réserve stratégique de 34G de tonnes pour Rosneft, 9 des 13 brise-glace nucléaires en construction.
Les États-Unis : Ces derniers sont également présents militairement (base aérienne de Thulé à 1,5k km du Pôle, chaîne de radars NORAD détecte missile).
Ce nouvel intérêt s’incarne dans la proposition de Trump de rachat du Groenland en 2019 au Danemark et dans l’opération « Trident Juncture », lancée par les États-Unis au sein de l’OTAN avec la Norvège.
La Chine : Elle aussi entend bien imposer sa puissance militaire : elle se dote en effet du brise-glace « Xue Long » et construit un des plus gros brise-glace nucléaires au monde. Ses intérêts sont surtout centrés sur l’exploitation des ressources
L’UE est quant à elle en retrait pour le moment.
Tensions
Dans cette région stratégique, les contentieux n’ont fait que se renforcer ces dernières années entre forces armées, la Russie comme l’Otan multipliant les manœuvres et affichant ouvertement leurs ambitions.
D’un côté, la Russie revendique l’Arctique comme sa « chasse gardée », déclarant que c’était “leurs terres et leur territoire”.
De l’autre côté, le président Biden affiche une grande fermeté à l’égard de la Russie de Vladimir Poutine et affirme vouloir « préserver cette région en tant qu’endroit de coopération pacifique en matière de climat ou d’avancées scientifiques”.
Coopérations
Pourtant des coopérations existent. En 2019, la Russie et la Chine ont signé le premier accord de coopération scientifique dans l’Arctique. Ils concernent le développement d’infrastructures scientifiques sino-russes comme le China-Russia Arctic Research Centre dans l’optique du développement d’une “route polaire de la soie”, reliant l’Asie à l’Europe, qui facilite les échanges commerciaux.