Il s’agit de se pencher ici sur un sujet populaire en civilisation anglaise : le self-made man. En effet, l’autonomie est une des structures de la vie américaine et soulève des questions fondamentales sur le rôle de la société dans l’économie et dans la politique. En l’occurrence, l’autonomie économique et politique se caractérise par l’émergence des “self-made men” au XIXème siècle.
Qu’est-ce qu’un self-made man ?
Un self-made man (pluriel: self-made men) est littéralement un “homme qui s’est construit lui-même”. Le terme a été développé en 1860 par l’américain Frederick Douglass. C’est un terme anglo-américain qui décrit une personne qui est maître de son succès de par ses propres choix et actions, sans prendre en compte ses origines sociales ou économiques. Tout repose sur sa volonté, son travail persistant et acharné et l’accomplissement de ses multiples objectifs. Dès lors, le succès de cet homme ne semble limité que par son dynamisme et son ambition. Toutefois, la chance n’est pas un facteur à prendre en compte.
Contextualisation historique
La nation américaine s’est fondée sur certains mythes, comme celui de l’American Dream. Implicitement mentionné dans la Déclaration d’Indépendance Américaine (1776), il énonce que : “les personnes de tous les horizons ont le droit à l’égalité des droits et tout citoyen qui travaille dur peut y arriver, quelle que soit son origine sociale, à condition qu’il s’efforce de réussir”. Ceci nourrit l’esprit d’entrepreneuriat alors en émulation de par les flux migratoires. Dès lors, n’importe qui peut réussir s’il s’en donne les moyens.
Intrinsèquement lié à ce mythe, il n’est donc pas étonnant de remarquer que les premiers self-made men sont apparus aux Etats-Unis. Ce concept s’est réellement implanté après la guerre de Sécession (1861-1865) avec au même moment la Révolution Industrielle où de grands industriels ont fait fortune.
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Des exemples de self-made men
- Benjamin Franklin (1706-1790) est considéré comme le premier self-made man. Fils de fabricant de chandelles, quinzième d’une fratrie de dix-sept enfants, il est l’un des Pères fondateurs des Etats-Unis. Donc rien ne le prédestinait à son parcours exceptionnel. Il a participé à l‘écriture de la Déclaration d’Indépendance des Etats-Unis et aussi à celle de la Constitution américaine. Ainsi, cet homme politique participe à l’American dream où tout semble possible. Il prêchait le travail acharné, l’éducation, l’ambition et l’épargne. Autant de choses qu’il s’est efforcé d’appliquer tout au long de sa vie. Par ailleurs, c’est en créant une imprimerie qu’il est devenu riche. Toutefois, c’était aussi un écrivain, un inventeur, un penseur et un scientifique.
- John Davison Rockefeller (1839-1937), fils d’un vendeur de médicaments miracles, était d’abord assistant comptable. Puis avec ses économies il a participé à l’achat de raffineries de pétroles dans l’Ohio. En 1870, il crée la Standard Oil Company sous société par actions. Par de multiples concentrations, il réussit à contrôler 90% du raffinage des Etats-Unis. Au bout du compte, il est le premier milliardaire de l’époque contemporaine. Il a accumulé 200 milliards de dollars.
- Andrew Carnegie: Immigré anglais et simple ouvrier à la base, il lut pour s’instruire. Il créa une des plus grandes aciéries américaines entre la guerre de Sécession et le début du XXème siècle. En 1901, il vend ses propriétés industrielles pour 480 millions de dollars. Son surnom ? “L’homme le plus riche du monde”.
La philanthropie
Tout d’abord, la philanthropie est un sentiment qui pousse à venir en aide aux autres. Aux Etats-Unis, elle est indissociable de la civilisation et de l’histoire du pays. De plus, certaines fondations philanthropiques ont une véritable influence politique ou sociale.
En 2021, les dons issus de la philanthropie américaine ont atteint un nouveau record: 485 milliards de $.
Par exemple, pour revenir à l’exemple d’Andrew Carnegie cité plus haut, il a donné plus de 350 millions de dollars à diverses fondations. Le tout est sans compter les 30 millions laissés à sa mort à des œuvres de charité. Pour en savoir plus: The Gospel of Wealth | Carnegie Corporation of New York
Un terme source de critiques
A/ Le terme peut amener à des dérives péjoratives
Néanmoins, plutôt que de dire “self-made man”, certains disent “parvenu” ou “arriviste”. Or, la philosophie politique critiquent ces des termes qui sont péjoratifs alors que self-made man est positif. Ils sont aussi sources de jugement moral en insinuant un éloignement de leur classe sociale de départ pour une plus haute avec les dominants.
Dès lors, certains penseurs comme la philosophe Chantal Jacquet, préfèrent utiliser le mot “transclasse”. Ce sont des personnes qui échappent à la reproduction sociale au sens de Pierre Bourdieu.
B/ Une illusion selon certains
De plus, si le libre arbitre n’existe pas au sens de Spinoza, on ne part jamais totalement de rien. Donc le mythe du self-made man est une illusion. D’où certaines citations assez sévères comme celle-ci:
“A self-made man is one who believes in luck and sends his son to Oxford”- Christina Stead
C/ Le self-made man ou le baron voleur
Au XIXème siècle, les hommes d’affaires américains ayant réussi en exploitant les autres sont appelés les “barons voleurs“. Cependant, les self-made man cités plus haut comme Andrew Carnegie ou John D. Rockefeller en font partie. Mais à quel prix ? Celui des autres apparemment. De plus, leur soi-disant philanthropie est critiquée car elle est perçue comme une image pour se donner bonne conscience.
Vocabulaire anglais utile
Attains far greater success than : atteint beaucoup plus de succès que
A legend among : une légende parmi
A candle maker : un fabricant de chandelles
Relentless : Acharné
Inherited properties :
Self-reliance: autonomie
The ownership society: une société de propriété
To make one’s career in : faire carrière dans
Grimer l’échelle sociale: to climb up the social ladder