Depuis 2006, des murs ne cessent d’être construits tout le long de la frontière entre les États-Unis et le Mexique. Initialement érigés pour ralentir les flux migratoires mexicains illégaux, ces murs engendrent de nombreux débats, et cela encore aujourd’hui. Ainsi des artistes du monde entier, opposés à ces constructions, décident de s’engager grâce à leur art.
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Ana Teresa Fernández efface la frontière
L’artiste Ana Teresa Fernández est née au Mexique en 1981 et a ensuite déménagé avec sa famille aux États-Unis à l’âge de 11 ans. Comme elle l’explique dans différentes interviews, elle a grandi à travers ces deux pays et leurs cultures respectives. Ana Teresa Fernández dit avoir traversé la frontière États-Unis-Mexique de nombreuses fois.
En 2011, une nouvelle portion de mur a été construite au parc de l’amitié (“the Friendship Park”), situé à la frontière entre San Diego (États-Unis) et Tijuana (Mexique). Avant ce parc permettait aux familles de se retrouver. Depuis, toute communication est rendue impossible. L’artiste mexicaine a donc décidé de peindre directement sur la frontière avec des nuances de bleu afin de créer une illusion d’optique avec l’arrière-plan. Son œuvre s’intitule “Borrando la frontera” ou encore “Erasing the border”.
Ana Teresa Fernández a donc réussi avec seulement de la peinture à “effacer” une partie de la barrière et rendre celle-ci moins visible.
Alberto Ríos lui dédie un poème
Alberto Ríos, célèbre poète américain, est né d’une mère anglaise et d’un père mexicain.
En 2015, il écrit le poème “The Border : A Double Sonnet” pour mettre en lumière la frontière entre le Mexique et les États-Unis et pour dénoncer le manque d’humanité lié à cette frontière. Ríos tente de représenter cette frontière à la fois par le fond mais aussi par la forme. En effet, les deux sonnets de ce poème illustrent les deux parties de la frontière. Il y développe les thèmes de la violence, de l’amour et du surnaturel. L’artiste veut montrer l’absurdité de cette frontière, comme avec cette strophe : “The border is a line that birds cannot see” (= “La frontière est une ligne que les oiseaux ne peuvent pas voir”).
Ainsi, Alberto Ríos montre avec son poème comment un lieu de rencontres entre deux nations a pu se transformer en un lieu de divisions.
JR en fait un lieu de partage
L’artiste français JR, connu pour ces grandes photos en noir et blanc, s’engage fréquemment à travers son art.
Après que l’ancien président américain Donald Trump ait pris plusieurs mesures radicales face aux migrants mexicains en 2017, JR réalise “The picnic at the border”. Il a en effet installé une immense table à cheval sur la frontière, près de Tecate, au Mexique, afin de proposer un grand pique-nique entre les deux pays. JR a ajouté sur cette table une photo en noir et blanc de deux yeux symbolisants l’espoir des migrants mexicains sans papiers, aussi appelés les “dreamers”. Ce projet a permis de réunir des Mexicains et des Américains autour d’un même repas, pour un moment de paix. JR expliqua avoir oublié le mur pendant un instant. Il a même eu l’occasion de partager une tasse de thé avec un policier américain, qui se trouvait de l’autre côté de la barrière.
L’artiste français a alors réussi à transformer la frontière, lieu d’exclusion, en un lieu d’inclusion et de partage.
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Ronald Raël et Virginia San Fratello y ramènent l’espoir
Ronald Raël, artiste américain reconnu pour son style architectural, a lui aussi marqué les esprits avec ses différentes œuvres à la frontière entre les États-Unis et le Mexique.
En 2009, Raël et son épouse Virginia San Fratello pensent déjà à traiter le sujet de la frontière grâce à leur esprit artistique mais aussi avec une touche de légèreté. Avec leur art, ils veulent abattre des murs pour construire des ponts. C’est dix ans plus tard, en 2019, que le couple décide de mettre en place le projet “Teeter Totter Wall” (soit “mûr à bascule”), entre El Paso (États-Unis) et Ciudad Juarez (Mexique). Les deux artistes ont donc installé des balançoires roses à travers la frontière pour permettre aux enfants mexicains et américains de jouer ensemble. Cette installation temporaire a finalement remporté le prix Beazley Design 2020, récompensant tant le design que le concept.
Ainsi, Ronald Raël et Virginia San Fratello, grâce à trois balançoires et à quelques enfants, symboles d’innocence, portent un message d’humanité.
Conclusion
Pour conclure, l’art permet de revendiquer ses opinions, et dans ce cas précis de propager un message de paix à travers un lieu sous tension.
Cet article vous donne donc quelques œuvres d’art à mentionner dans des essais et/ou dans des colles (en Anglais et en Espagnol) pour montrer l’apport bénéfique que peut avoir l’art.