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Le Guatemala : Voyage au Cœur d’un Pays Vibrant

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Le Guatemala souvent considéré, selon moi, comme le « petit oublié » en cours face à des pays comme le Venezuela, la Colombie ou l’Argentine, est un pays dont l’histoire dépasse celle de simple « patio trasero » des Etats-Unis. Berceau de l’une des civilisations les plus anciennes et les plus brillantes de l’histoire, les Mayas, a traversé des siècles d’invasions, de colonisation et d’instabilité politique. De ses origines précolombiennes à l’indépendance, en passant par les guerres civiles et l’intervention directe des puissances étrangères, notamment les États-Unis, l’histoire guatémaltèque est marquée par une lutte continue pour la souveraineté et la stabilité. L’ingérence américaine, illustrée par le renversement du président Jacobo Árbenz en 1954 dans le cadre de la Guerre froide, a profondément bouleversé le pays, alimentant une violence systémique qui perdure encore aujourd’hui.

Face à ces défis historiques, le Guatemala doit aujourd’hui affronter de nouveaux enjeux: une frontière poreuse avec le Mexique, qui en fait un point de passage crucial pour les migrants cherchant à rejoindre les États-Unis, une violence endémique portée par des cartels de la drogue et des gangs, ainsi qu’une corruption politique omniprésente.

 

Une direction troublée: influence américaine et corruption

Colonisé par les Espagnols au XVIe siècle, le Guatemala obtient son indépendance en 1821, mais sa structure sociale reste influencée par cette période coloniale. L’économie du pays se base sur la production de café et d’autres produits destinés à l’exportation vers l’Europe et l’Amérique du Nord. Entre la fin du XIXe siècle et 1944, le Guatemala est gouverné par des régimes autoritaires qui favorisent les investisseurs étrangers, au détriment des populations indigènes. Au début du XXe siècle, près de deux-tiers des terres agricoles sont détenues par seulement 2 % de la population, principalement des étrangers, illustrant la domination économique néocoloniale.

C’est dans les années 1940, sous l’influence des événements mondiaux, qu’une révolution éclate contre la dictature de Jorge Ubico. En 1944, Juan José Arévalo devient le premier président démocratiquement élu, introduisant des réformes sociales et nationalistes pour contenir l’influence étrangère. Son successeur, Jacobo Árbenz, adopte en 1952 le décret 900, une réforme agraire visant à redistribuer les terres aux paysans locaux. Cette initiative menace les intérêts de la United Fruit Company, propriétaire d’une grande partie des terres et des infrastructures ferroviaires du pays.

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Corruption systémique et espoir de renouveau

En réaction, United Fruit mène une campagne de désinformation et de lobbying à grande échelle aux États-Unis. Sous la tutelle d’Edward Bernays, des bulletins confidentiels sont distribués à plus de 250 journalistes américains et des publicités alarmistes sont financées. L’entreprise fait également pression sur les sénateurs américains et parvient à persuader l’administration Eisenhower d’intervenir au Guatemala. Cette intervention ouvre la voie à une nouvelle ère d’instabilité politique et de corruption. Le nouveau visage de cette situation est Carlos Castillo Armas, qui arrive au pouvoir en 1954 avec le soutien des États-Unis et est assassiné trois ans après. Toutefois, le Guatemala reste rongé par la corruption. Sur les 10 derniers présidents, en excluant Arévalo, au moins 7 sont liés de près ou de loin à des affaires de corruption. Et pour t’aider le jour J, je vais parler d’un exemple qui pourra te servir :

  • Jimmy Morales, président de 2016 à 2020, qui a dissous la CICIG (Commission internationale contre l’impunité au Guatemala) en raison de son lien avec un cas de corruption. Ironiquement, son slogan de campagne était « ni corrupción ni ladrao ». La CICIG a permis de détenir 70 groupes corrompus pendant sa période d’activité, montrant ainsi son importance dans le pays.

L’actuel président, Bernardo Arévalo, fils de Juan José Arévalo, est une lueur d’espoir pour le pays. Élu en août 2023, il a pris ses fonctions en janvier 2024 après avoir attendu le verdict de la procédure pour la vérification de ses antécédents, confirmant qu’il n’est mêlé à aucun cas de corruption.

 

Les Défis de l’Immigration au Guatemala : Entre Espoir et Réalité

Le Guatemala, en tant que pays de transit pour de nombreux migrants cherchant à atteindre les États-Unis, se retrouve au cœur d’une crise migratoire complexe, où l’espoir de meilleures opportunités s’oppose à une réalité souvent marquée par la violence et l’instabilité. Les zones frontalières du pays, notamment celles proches du Mexique et du Belize, sont des points névralgiques où se concentrent des niveaux élevés d’activité criminelle, en particulier autour du trafic de drogue. Les attaques armées sont fréquentes dans ces régions, en particulier dans le sud-ouest du département de San Marcos, ainsi qu’à la frontière avec le Belize, où la situation est particulièrement tendue. Tandis que les postes de passage officiels sont mieux sécurisés, les postes non officiels connaissent une violence encore plus exacerbée.

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La pression migratoire est également croissante à ces frontières, notamment depuis l’augmentation des flux migratoires en provenance de l’Amérique centrale et du Sud. Depuis 2018, les migrants Honduriens, formant de véritables caravanes de milliers de migrants, traversent le Guatemala en direction du nord, espérant atteindre les États-Unis pour réaliser ce qu’ils appellent le « rêve américain ». Ces caravanes, souvent rejointes par des Vénézuéliens, sont le reflet d’une réalité socio-économique difficile dans leur pays d’origine. Ces personnes fuient la pauvreté, l’instabilité politique et l’absence de travail, comme en témoigne Wilfredo Bonilla, un Hondurien qui a déclaré : « Cinq fois, je suis parti parce qu’il n’y a pas de travail, je dois gagner ma vie là-bas ».

Cependant, cet espoir d’une vie meilleure est souvent confronté à des obstacles majeurs. Au cours des dernières années, ces caravanes ont rencontré une forte résistance à la frontière avec le Mexique. Ce nouveau obstacle a vu le jour car AMLO, l’ancien président du Mexique, s’est mis d’accord avec Donald Trump, lorsque ce dernier était à la présidence américaine, de fermer ses frontières avec le Guatemala en échange d’avantages commerciaux avec les Etats-Unis. Cette situation, pose problème en augmentant les contraintes à la traversée, on pourrait penser que ça dissuaderait les caravanes de se former. Mais la réalité est autre car ces migrants n’ont rien à perdre. Derrière eux, l’espoir s’est éteint, mais devant eux, une lueur fragile éclaire encore leur horizon. Ainsi, le Guatemala se trouve dans une position délicate, entre le rôle de pays de transit pour des milliers de migrants qui fuient la misère, et celui de protecteur de ses frontières, cette situation conduit irrévocablement à une montée de la violence au sein du pays. La réalité de ces migrants est loin de l’idéal qu’ils espèrent trouver, mais leur détermination à chercher un avenir meilleur reste intacte, malgré les dangers auxquels ils font face en chemin.

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Vocabulaire

  • Souveraineté – Soberanía
  • Réforme agraire – Reforma agraria
  • Ingérence – Injerencia
  • Désinformation – Desinformación
  • Lobbying – Cabildeo
  • Corruption – Corrupción
  •  Violence systémique – Violencia sistémica
  • Caravane migratoire – Caravana migratoria
  •  Violence exacerbée – Violencia exacerbada
  • Instabilité politique – Inestabilidad política
  • Cartel de drogue – Cártel de drogas
  • Régime autoritaire – Régimen autoritario
  • Redistribution des terres – Redistribución de tierras
  •  Point de passage frontalier – Punto de paso fronterizo
  •  Droits humains – Derechos humanos
  •  Présence sécuritaire – Presencia de seguridad
  •  Le rêve américain – El sueño americano
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Samuel Sousa