Mélange d’enseignement de mes professeurs et d’expérience personnelle, cette méthode ne se prétend évidemment pas parole d’Evangile, mais fait plutôt office de témoignage de ce qui a fonctionné pour moi. S’il n’existe pas d’approche universelle pour mener une bonne introduction de philosophie, cela vous laisse du même coup la possibilité de vous approprier une démarche plus personnelle, adaptée et perfectionnée tout au long de l’année. Mais en attendant les premières dissertations, découvrez dans cet article une méthode d’introduction de philo en 5 étapes qui vous empêche de tomber dans certains travers !
1)Accroche…ou pas !
Evitez de citer un auteur philosophique en accroche, pourquoi :
1) car vous gagnerez à mobiliser cet auteur plutôt dans le corps de votre copie, où vous avez plus d’espace pour développer l’argument, l’appuyer par des exemples, … L’objectif n’étant pas de « caser » à tout prix une référence dès les premières lignes de l’introduction, mais bien de montrer votre capacité à appréhender et à vous approprier le sujet.
2) car d’autres préparationnaires penseront sûrement à la même référence… Il s’agit de se démarquer des autres copies dès l’entrée en matière.
Mieux vaut donc commencer par une remarque ou une scénette de votre cru si vous en trouvez une appropriée au sujet : de cette manière, vous serez sûrs d’avoir une accroche unique, de quoi capter l’attention du correcteur ! les références littéraires, historiques, cinématographiques ou artistiques restent bien-sûr les bienvenues.
IMPORTANT : mieux vaut ne pas faire d’accroche plutôt que faire une mauvaise accroche (c’est-à-dire une accroche mal menée, voire hors-sujet) : si l’absence d’accroche reste évidemment dommage, une mauvaise accroche peut être carrément pénalisante !
2)Présentation/analyse du sujet
Lors de cette deuxième étape, c’est le moment de prouver que vous avez compris le sujet ! Après l’avoir reformulé (sans l’avoir transformé), il s’agit de l’analyser pour lui donner profondeur et consistance : mettez en lumière les présupposés du libellé, ses implications, réfléchissez honnêtement au sens du sujet.
Conseil : cela semble l’un des premiers réflexes lorsque les étudiants analysent un sujet de philo, et pourtant, je m’abstiendrais de donner une définition encyclopédique des termes du sujet (« la technique désigne…», « l’art se définit comme … »), car :
- le correcteur est davantage intéressé par votre analyse personnelle du sujet que par une définition académique qu’il connaît déjà
- il importe de se démarquer de tous les préparationnaires qui vont donner plus ou moins la même définition
S’il faut effectivement expliciter le sens de certains mots (mots équivoques, …), il s’agit de le faire avec subtilité et fluidité, au moment de la présentation du sujet, sans donner l’air de réciter une définition scolaire et impersonnelle.
3)Problème/paradoxe/impasse
C’est l’étape déterminante de votre introduction, accordez-lui un soin tout particulier. Il ne s’agit pas d’inventer artificiellement un problème hasardeux, mais de bien mener l’étape précédente d’analyse : si vous faîtes un effort d’analyse du sujet en étape 2, vous allez être confrontés à une impasse, à un paradoxe en étape 3. Exploiter ce moment de doute et de difficulté dans votre copie, c’est justement problématiser.
Remarque : bien que cette étape de l’introduction soit un véritable moment de questionnement, évitez les phrases interrogatives : l’étape 4) sera le moment de condenser vos interrogations sous la forme d’une question arrêtée et structurée. En d’autres termes, il s’agit d’expliquer le problème (étape 3) avant de le poser (étape 4).
4)Problématique
La fameuse, l’incontournable, la controversée…problématique ! Chaque professeur a sa méthode : répéter le libellé du sujet sous forme de question, créer sa propre problématique, voire ne pas faire de problématique… À vous de voir ! Néanmoins, les rapports du jury précisent régulièrement qu’il est mieux de formuler sa propre problématique. Le plus important : rester clair, car une problématique complexe et à rallonge risquerait d’embrouiller le correcteur à propos d’une réflexion pourtant pertinente… Il s’agit de reformuler sous forme d’une question simple mais précise votre problème/paradoxe trouvé en étape 3.
5)Annonce de plan
Là encore, sobriété sera synonyme d’efficacité. Épargnez au correcteur une annonce de plan trop longue (il est inutile de commencer à mentionner les sous-parties par exemple), n’en révélez pas trop pour lui donner envie d’en lire davantage !
Misez sur des tournures fluides, comme par exemple « Si la technique semble être….., il apparaît pourtant que …. . Aussi s’agit-il de démontrer que …. ».
N’hésitez pas à lire des bonnes copies pour vous distinguer et vous imprégner du style à adopter.
En conclusion, les 5 règles d’or pour l’intro de philo
- Ne pas faire d’accroche plutôt que faire une mauvaise accroche
- Analyser plutôt que simplement paraphraser ou définir
- Trouver un paradoxe/un problème
- Enoncer clairement et simplement sous forme de question la problématique qui correspond à votre paradoxe
- Faire une annonce de plan courte, fluide et efficace