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Introduction à la sociologie politique européenne

Sommaire
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Pour bon nombre de citoyens européens, le monde des institutions européennes parait souvent comme un monde flou, lointain, et complexe à comprendre. Ainsi, dans cet article, nous verrons les questions et caractéristiques principales à relever pour bien aborder la sociologie politique européenne, et ainsi, tenter de mieux saisir l’UE, ses mécanismes et ses acteurs.

 

Les questions à se poser

Lorsqu’on aborde la sociologie des institutions européennes, il faut s’attarder notamment sur trois questions. D’une part, on doit s’intéresser à la question de socialisation dans l’espace politique communautaire : qui sont les acteurs de l’intégration européenne ?

D’autre part, on doit regarder la question des capacités d’intervention : comment saisir les interactions et les interdépendances dans la négociation communautaire ?

Enfin, il faut aborder la question centrale de la légitimation : d’où l’UE, les politiques européennes, ou encore les acteurs européens, tirent-t-ils leur légitimité ?

 

Le triple compromis de la dynamique de l’intégration européenne

Depuis les traités de Rome (1957), l’intégration européenne est marquée par un triple compromis. Premièrement, il s’agit du compromis entre souveraineté des Etats (intergouvernementalisme) et supranationalité (fédéralisme). Ce compromis va de pair avec une vision pragmatique de la méthode communautaire : on commence par des aspects concrets (le charbon et acier avec la CECA) pour progressivement dépasser l’intergouvernementalisme et se rapprocher du fédéralisme.

Deuxièmement, il y a un compromis entre intégration politique et intégration technocratique. Il y  a une intégration politique des Européens via l’acquisition de la citoyenneté européenne, du droit de vote aux élections du Parlement européen notamment, mais en même temps, il y a également une montée en puissance des technocrates. Selon le politologue Fritz W. Scharpf, l’Europe tire surtout sa légitimité de ses « outputs » (ses résultats) qui ont été permis par les experts (les technocrates), autrement dit, d’une légitimité technocratique.

Enfin, l’intégration européenne se caractérise par un compromis entre libéralisation et intervention publique.

 

Le jeu politique européen

Utiliser l’image du « jeu » permet de mieux comprendre les mécanismes et caractéristiques des institutions, des politiques européennes et de ses acteurs. On peut se référer à l’ouvrage de George Bailey, Les règles du jeu politique (1917), qui analyse le monde politique comme un jeu, avec des règles : officielles (les lois, les traités), spécifiques (liées à un secteur par exemple), et informelles (découlant généralement de pratiques). Mais dans ce jeu, il y a également des « joueurs », c’est-à-dire des acteurs plus ou moins efficaces, avec plus ou moins de ressources et de contraintes, qui vont gagner (parvenir à influencer) ou perdre. Enfin, Bailey parle de « jeu sur le jeu », autrement dit, le style du jeu (le jeu politique pouvant varier, selon les acteurs, le contexte…).

En particulier, le jeu politique européen se caractérise par une culture du consensus, et également, par la pratique du marchandage. En effet, pour être un bon négociateur, il faut savoir dépasser les règles formelles (selon lesquelles il est possible d’utiliser le véto par exemple, l’utilisation du véto étant vu comme un échec, une erreur). Par exemple, les fonctionnaires qui maitrisent le jeu européen et les codes parlementaires sont des acteurs de l’ombre qui ont une forte influence. Il est de même pour les « shadow reporters », ces représentants de groupes politiques du Parlement, qui se retrouvent pour prendre des décisions dans les réunions informelles.

 

En conclusion, te voilà doté(e) de quelques outils et notions de base pour mieux te plonger dans la sociologie politique européenne! 

 

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Nora Lucchesi