Alors oui, quand on pense « Jeux Olympiques », on s’imagine d’abord une grande fête du sport qui rassemblent des milliers d’athlètes valides ou non venus du monde entier qui viennent concourir dans les épreuves les plus relevées existantes et faire des rencontres. Ça, c’est sur le papier. En effet, derrière les JO, il y a aussi un pays organisateur. Et là encore la vision que l’on peut avoir de ce rôle depuis l’extérieur est souvent faussée ! Il s’agit certes souvent d’un formidable outil pour un pays pour se mettre en valeur et augmenter son soft power. Pour autant, il faut aussi bien souligner que derrière cette apparente bénédiction de cache un véritable défi au long terme. Des JO, c’est un projet que l’on présente au CIO (comité international olympique) très longtemps à l’avance puis sept ans de préparation. C’est aussi ne l’oublions pas un après-JO, donc un défi concernant l’héritage que laissera l’accueil de cette manifestation sportive. Bref, il faut penser les JO pas seulement comme une manifestation d’un mois, mais sur un temps bien plus long et en termes de développement durable.
Le problème de l’impact environnemental, un sujet qui pèse en général bien peu aux yeux des états face à la vitrine que représentent pour eux les JO
C’est un fait qui doit être avouer par tous, les pays organisateurs des JO ont trop souvent pris le parti de totalement mettre de côté toute perspective environnementale. Le meilleur exemple ? Les Jeux Olympiques de 2016 à Rio au Brésil où les athlètes participant à l’épreuve du triathlon ont dû nager dans la baie sous le Corcovado dans une eau totalement polluée. Cette image est symbolique de la négligence de l’environnement par les Jeux Olympiques mais pour autant il est bien loin de représenter l’élément le plus grave concernant ce fait.
Une partie de ce manque est à mettre sur le dos du CIO lui-même. En effet, c’est bien cette organisation qui choisit le pays hôte des Jeux Olympiques qu’ils soient d’été ou d’hiver. Des lors, on peut les tenir responsable de ne pas mettre dans leurs critères de sélections de réelles contreparties environnementales solides pour l’organisation des JO. Pire encore, plusieurs fois, l’attribution des Jeux et notamment de ceux d’hiver s’est fait au mépris de la logique la plus évidente. Si aller skier à Ottawa semble très normal, quelle mouche a donc piqué le CIO lorsqu’ils ont attribué les Jeux à Pékin sinon celle du profit ?
Mais les pays hôtes ne sont pas en reste. Souvent, ils placardent à tout va leur volonté de faire des Jeux respectueux de l’environnement, argument vendeur pour s’attirer la sympathie du grand public. Mais ne vous fiez surtout pas à ces promesses qui ne sont très souvent que de façades ! L’environnement n’a qu’une place cosmétique dans les Jeux Olympiques. Tokyo par exemple mettait en avant ses lits « écologiques » qui ont défrayé la chronique pour d’autres raisons, afin de masquer son absence de prise de position réelle par ailleurs
Quel avenir pour les infrastructures ? Comment éviter le cimetière de Rio ?
Dans l’expression « développement durable », le terme « durable » ne doit pas être oublié car il illustre un aspect majeur du défi que doivent relever les organisateurs des jeux. En effet, construire des installations pharaoniques pour briller aux yeux du reste du monde pendant un peu plus d’un mois, c’est bien, réussir à pérenniser ces constructions dans la durée, c’est tout de même bien mieux. Mais cette problématique est souvent bien éloignée de l’esprit des organisateurs des Jeux à la pensée très court-termiste. Qui se souvient déjà la magnifique piscine de Rio, de la piste de bobsleigh superbe de Sotchi (2014). Elles ont illuminé pendant la durée des épreuves les yeux émerveillés du publique. Pour autant chercher sur internet des images récentes de ces lieux… vous verrez que la piscine de Rio est aujourd’hui laissée à l’abandon, et que la piste de bobsleigh russe est dans un état guerre plus reluisant. Bref, les jeux sont un investissement dont la pérennité n’est souvent pas assurée, ce qui en fait donc un gouffre financier comparable aux éléphants blancs africains. Sur ce point les derniers pays-hôtes tentent de prendre la mesure de ce problème, comme Paris 2024 qui prône l’utilisation de site majoritairement déjà existants ou intégrés au paysage urbain et faciles à réutiliser.
Comment faire rimer Jeux Olympiques et perspectives sociales ?
C’est le dernier point majeur que doit vérifier les Jeux Olympiques du XXIème siècle pour se tourner définitivement vers le développement durable : faire de ces jeux un levier social, qui permettent d’avoir des retombées positives sur les populations locales. A première vue, on pourrait dire que les jeux accomplissent dans tous les cas cet objectif assez facilement. En effet, la construction des lieux de compétition, du village olympique ou encore l’organisation logistique des jeux vont forcément être créatrices d’emploi.
Pour autant, il faut voir les choses à plus long terme que ça : quelles types de populations seront concernées par la récupération des fruits des jeux que ce soit avant, pendant ou après ? Y aurait-il des retombées positives sur la population ? Telles sont les questions qui doivent être posées à l’heure où les Jeux Olympiques sont trop souvent encore associés à des affaires de corruption ou de détournement de fonds par des dirigeants peu scrupuleux comme pour ceux d’été à Rio.
Lire aussi: Le boycott diplomatique des JO de Pékin, symbole de puissance ou d’impuissance?