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Zoom sur le déficit commercial français à l’aide du modèle allemand

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Malgré les différentes mesures mises en place pour redynamiser l’économie française et leur réussite, un indicateur reste inquiétant celui du déficit commercial. En effet, la France a de plus en plus de mal à se faire une place dans le commerce international, en effet alors que l’économie française sort peu à peu la tête de l’eau, la reprise économique a entrainé une augmentation du déficit commercial provoquant une hausse de l’importation des biens manufacturés (Effet d’éviction mis en avant par Keynes) qui s’est établi lors du premier semestre de 2021 à 34,8 milliards d’euros selon le ministère du Commerce extérieur, malheureusement ce déficit commercial ne date pas d’hier. En effet, alors que la France et l’Allemagne occupaient tous deux une place importante dans le commerce mondial dans les années 90 (ils représentaient 5% chacun des exportations mondiales), ces deux pays ont connu des trajectoires totalement différentes, l’Allemagne représentant aujourd’hui 8% des exportations mondiales contre seulement 3% pour la France.

 

Comment expliquer ce creusement entre ces deux pays ?

Les causes principales de ce creusement du déficit commercial sont la compétitivité à la fois prix et surtout hors-prix selon Patrick Artus. En effet, alors que d’un côté la France doit commercer avec un euro qui est relativement fort (1,6 dollar = 1 euro en juillet 2016) lui ruinant ainsi sa compétitivité prix celle-ci n’a pas su comme l’Allemagne mette en œuvre les politiques industrielles lui permettant de bénéficier d’une compétitivité hors prix suffisante. L’Allemagne qui elle bénéficie d’une compétitivité hors prix ne se soucie pas de l’euro car son image de marque lui suffit, à titre illustratif lorsque l’euro augmente de 50%, les entreprises exportatrices françaises doivent baisser de 50% leur prix pour maintenir leurs exportations contre seulement 3% pour les entreprises allemandes.

De plus, l’une des causes importantes est celle de la spécialisation de la production française, en effet la France a une faible-élasticité revenus des exportations sur les pays émergents c’est-à-dire que lorsque les pays émergents connaissent une croissance de leur demande cela ne bénéficie pas à la France contrairement à l’Allemagne qui étant spécialisée dans les machines-outils et les hauts de gammes voit sa demande exploser.

 

Troisième et dernier point, cette divergence de rayonnement sur la scène internationale peut également s’expliquer par une nette rupture dans les politiques industrielles misent en œuvres dans ces deux pays alors que d’un côté la France n’a pas mis de réelle politique visant à assurer la concurrence et bénéficier de ses bienfaits, l’Allemagne, elle, laisse jouer la concurrence mais également a mis en place une dévaluation sociale réduisant ainsi le cout du travail pour les entreprises comme en témoigne les lois Hartz. En effet alors que l’Allemagne prône depuis la fin des années 50 une politique de concurrence stricte avec notamment en 1957, la création de l’office des cartels lui permettant ainsi de bénéficier de tous les bienfaits de la concurrence avec en plus une véritable ambition de rester compétitif sur la scène internationale en témoigne la présentation du projet « Stratégie industrielle nationale 2030 » par Peter Almaier en février 2019,  ce n’est qu’en 1986 que la France a crée le conseil de la concurrence qui ne possède, encore aujourd’hui, qu’un pouvoir très limité.

 

Quel futur pour le commerce français ?

Malgré ce bilan plutôt pessimiste, le commerce français pourrait mieux se porter à l’avenir notamment du fait du durcissement du quantitative easing (QE) aux Etats-Unis annoncé par Christophe Waller qui pourrait par la suite provoquer une baisse des taux d’intérêts et entrainer une baisse de l’Euro face au dollar (conformément à la théorie de la parité des taux d’intérêts de Keynes) ce qui rendrait les entreprises françaises plus compétitive notamment pour le commerce avec les entreprises américaines.

Depuis la fin du mandat de Donald Trump, les tensions commerciales semblent s’être apaisées avec les Etats-Unis comme l’illustre les exportations de vin qui ont notamment bondit de 111% lors du second semestre de 2021. Second point positif pour le commerce français, les nouvelles mesures d’Emmanuel Macron (Eric Boucher, article publié en 2017 intitulé Le virage économique d’Emmanuel Macron) semble avoir pour objectif de favoriser l’innovation, en effet alors qu’il a arrêté de baisser le cout de travail pour les entreprises, il semble pousser à l’innovation et à l’autoentrepreneuriat avec notamment une baisse à 25% de l’impôt sur les sociétés et la fin de la contribution de 3% sur les revenus distribués. Ainsi même si, les couts du travail étaient revenus à hauteur de ceux de l’Allemagne et avaient ainsi ruiné la compétitivité des entreprises françaises, les couts du travail sont aujourd’hui inférieurs de 6% à ceux de l’Allemagne.

 

Pour conclure, il y a de quoi être optimiste pour le futur du commerce français en effet l’avenir que laisse entrevoir les politiques d’Emmanuel Macron et l’apaisement des tensions commerciales avec les Etats-Unis laissent penser à un renouveau pour les entreprises françaises, depuis trop longtemps absente du commerce mondial.

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Dorian Feaux