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L’actualité en bref- Semaine du 27 octobre au 02 novembre 2020

Sommaire

Nous nous retrouvons aujourd’hui pour notre rendez-vous hebdomadaire, marqué cette semaine par le report de la réforme de l’assurance-chômage, les chiffres exceptionnels de Ryannair et pour finir la seconde vague de coronavirus en France fait baisser les estimations pour la reprise économique.

 

1) Ryannair, nouveau trimestre dans le vert

Contre tout attente, cette compagnie aérienne irlandaise confirme la puissance de son modèle low-cost puisque son résultat d’exploitation est largement positif au troisième trimestre. Ainsi malgré l’arrêt complet de ses vols d’avril à juillet, cette compagnie a réalisé un résultat d’exploitation de 1,35 milliard d’euros entre avril et fin septembre. Ryannair prévoit de maintenir 40% de son offre cet hiver, c’est à dire deux fois plus de vols que les grandes compagnies traditionnelles. Mais ce n’est pas tout le directeur général affirme être prêt à saisir toutes les opportunités possible en sortie crise grâce aux bas coûts de Ryannair ( 31 euros par passager contre 53 pour Easy jet et 101 euros en moyenne). Pour finir la livraison des premiers Boeing 737 Max va être une aubaine assure le directeur général de Ryannair puisque ces avions consomment peu.

Source: https://www.lesechos.fr/industrie-services/tourisme-transport/covid-ryanair-continue-de-survoler-la-crise-1261212

Pour aller plus loin: Le low cost, Emmanuel COMBE (concepteur du sujet ESH ESCP/SKEMA)

 

2) La deuxième vague va achever tout espoir d’embellie économique

Commençons par une bonne nouvelle, l’activité économique française a rebondie de 18,2% au troisième trimestre. C’est la consommation des ménages qui explique en grande partie ce rebond car cette dernière a retrouvé son niveau d’avant la pandémie puisqu’elle n’est inférieure que de 2% à son niveau de fin 2019. Cependant les bonnes nouvelles s’arrêtent ici, puisque l’investissement des entreprises reste bien en-dessous de l’an passé tout comme la production industrielle. De plus selon Bercy le PIB devrait baisser de 11% contre 10% prévu initialement à cause de la deuxième vague de Covid-19. De même en 2021 la croissance ne devrait pas atteindre les 8% espérés par le gouvernement.

 

3) Bonne nouvelle, forte baisse du chômage au troisième trimestre

Selon la Dares, le nombre de chômeurs en catégorie A enregistre une baisse de 11,5% au troisième trimestre. Ce sont donc ce trimestre 475.900 inscrits en moins. Le chômage s’établit donc à 3,67 millions au troisième trimestre, en hausse de 9,5% sur un an. Il est bon de rappeler qu’au deuxième trimestre le nombre de demandeurs d’emploi avait augmenté de 815.500 à cause de la crise sanitaire évidemment.

Source: https://www.lefigaro.fr/conjoncture/france-le-chomage-en-forte-baisse-au-troisieme-trimestre-20201027

 

4) La réforme de l’assurance-chômage une nouvelle fois reportée

Une information très importante et à suivre attentivement puisqu’elle lie des chapitres de première et de deuxième année. L’application de cette réforme qui avait été ajournée en raison de la crise sanitaire est reportée en avril 2021. La réponse des syndicats ne s’est pas faite attendre puisque Cyril Chabanier ( CFTC) a affirmé que le report est « complètement inadapté », estimant que « cette réforme doit être annulée ». Jean Castex a bien entendu réaffirmé qu’il ne renoncerait pas à la « réforme majeure » de l’assurance-chômage.

Source: https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/10/26/la-reforme-de-l-assurance-chomage-reportee-jusqu-en-avril-2021_6057415_3234.html

 

5)La livre turque continue de se déprécier 

Les relations entre la Turquie et les pays occidentaux ne cessent de se dégrader, de plus les difficultés économiques structurelles du pays sont mises en exergue avec la crise du coronavirus. La politique économique étant illisible (cf « pour aller plus loin »), la livre turque atteint un plus bas historique face au dollar, 8,04 livres pour un dollar. On rappelle que depuis les conflits entre Ankara et Washington à l’été 2018, la devise s’est dépréciée de plus de 60%. Ce qui a vraiment poussée la livre turque à un niveau aussi bas ces derniers jours c’est la décision de la banque centrale de maintenir son taux directeur à 10,35% alors que l’inflation atteint 11,75%. Beaucoup d’économistes pointent la perte de confiance dans cette monnaie à cause des décisions peu lisibles ni conventionnelles de la banque centrale.

 

Source: https://www.lefigaro.fr/flash-eco/la-livre-turque-atteint-un-plus-bas-historique-face-au-dollar-20201026

Pour aller plus loin: L’économie Mondiale 2020 du CEPII, Chapitre VII: L’économie turque dans la tourmente de Patrice Rötig et Deniz Ünal 

 

En Août 2018, un tweet de D.Trump provoque une forte dépréciation de livre (13,7%), mettant en exergue les fragilités structurelles et la forte dépendance financière de la Turquie au reste du monde. Nous sommes loins des 10 glorieuses ( 2002-2012).

Historiquement, la Turquie a entamé la libéralisation économique de son pays dans les années 80 avant que la crise financière de 2001 ne vienne tout balayer. Des réformes ont donc été mises en place comme l’indépendance de la banque centrale, le contrôle de la dette, la gestion du budget ce qui a amené à une baisse de l’inflation et des taux d’intérêt. Ainsi dès 2002, les investissements étrangers reviennent, la Turquie connait une forte croissance, il y a une forme de décentralisation. Nous sommes dans les 10 glorieuses, la Turquie n’est pas affectée par la crise de 2008, un afflux massif de capitaux se poursuit. La croissance est tirée par les investissements dans la construction.

Cependant avec le début du printemps arabe, la situation devient de plus en plus chaotique et le tweet de D.Trump marque la fin de cette épopée. La Turquie paye le prix fort de la désindustrialisation qu’elle menait depuis des années, la gouvernance est chaotique et la Turquie connait une slumpflation ( une récession et une inflation en même temps).

Il y a une grosse dépréciation de la livre turque accentuée par le fait que tout le monde place son épargne dans des devises étrangères, augmentation de l’inflation importée et dégradation du pouvoir d’achat: c’est la fin de la stabilité budgétaire.

Pour ces deux auteurs, la politique monétaire turque est non crédible, elle se veut sous les 5% d’inflation mais la Banque Centrale n’est en réalité pas très indépendante surtout depuis le coup d’état de 2016. Le président exerce des pressions pour maintenir des taux d’intérêt faible malgré une inflation à deux chiffres…  la crédibilité de la banque centrale s’étiole. Des crédits extrêmement bas sont accordés aux entreprises dans la construction et l’énergie, nous sommes face à un contrôle opaque de la politique monétaire. La banque centrale puise dans les réserves obligatoires pour ouvrir des lignes de crédits et l’état puise dans les réserves de change pour combler son déficit. On atteint les 20% d’inflation et certains observateurs disent que la composition de l’indice des prix a changée en Turquie, ce qui accentue la méfiance.

Il y a un relâchement de la discipline budgétaire même si la dette est plus que raisonnable (30%), la charge de la dette est de plus en plus dur du fait des taux élevés et de la dépréciation de la  livre.

La Turquie est fragile au niveau financier par un manque d’épargne chronique car c’est un pays sans ressource naturelle, avec peu de qualification, peu de gains de productivité.

C’est donc l’endettement qui fait face à ce manque d’épargne, mais les entreprises dans ce contexte de récession présentent des risques de défaut, la dépréciation de la livre renchérit le remboursement de la dette souscrite en devises fortes, les taux d’interêts auxquels prêtent les investisseurs resserrent la contrainte financière des entreprises, de plus la dette turque est contractée pour une bonne partie à court terme, donc la Turquie risque de manquer de liquidités. En rajoutant des réserves de change faibles, elle apparait vulnérable d’autant plus que sa monnaie se déprécie et que son économie est sensible à n’importe quel choc géopolitique.

La Turquie est dépendante de l’extérieure au niveau financier, énergétique. S’en est fini le temps où la Turquie était un grand exportateur notamment vers le Moyen Orient et l’Afrique. Mais depuis 2010, il y a beaucoup de tensions géopolitiques, l’Iran subit des sanctions des EU ce qui impactent leurs exportations, la Russie est de plus en plus importante dans les zones d’exportations turques. La Turquie a enregistré une sortie nette de capitaux en 2019.

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Damien Copitet
Je suis étudiant à SKEMA BS après deux années de classe préparatoire au lycée Gaston Berger (Lille). Nous nous retrouvons toutes les semaines pour l'actualité en bref