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A la découverte du monde avec Vladimir Jankélévitch

Sommaire

L’aventure, l’ennui, le sérieux est un ouvrage de Vladimir Jankélévitch publié en 1963. Nous allons dans cet article résumer une partie de ce livre pour que vous puissiez l’utiliser en dissertation sur le thème du monde.

 

Pourquoi partir à l’aventure ? 

“Ce qui est vécu, et passionnément espéré dans l’aventure, c’est le surgissement de l’avenir.” Jankélévitch 

Le philosophe français note que l’aventure est un remède à l’ennui : si je pars à l’aventure, ce peut être pour échapper à une routine insupportable dans laquelle je suis enfermé, à un quotidien morose duquel je veux m’échapper.

Il faut toutefois distinguer deux types de personnes partant à l’aventure : l’aventurier, qui a l’habitude de partir à l’aventure, n’incarne pas une manière de vivre puisque les risques qui se présentent à lui deviennent lambdas tellement il les a affrontés. En bref, plus de nouveautés. Au contraire, l’aventureux est lui toujours novice : il découvre sur le tas, se fait surprendre par des imprévus.. et c’est justement cette spontanéité qui fait de son périple une aventure à part entière.

En effet, l’aventure est cherchée car elle nous met face à une incertitude quant au futur : elle nous fait apparaître la possibilité de notre propre mort. Vivre une aventure, c’est sentir son cœur battre à chaque instant dans l’attente du prochain, c’est vivre le moment présent tout en ayant conscience de l’imprévisibilité du futur.

Mais sans ce stress infini, la vie humaine n’a plus de sens. Jankélévitch avance même que c’est la seule chose que les humains ont que les Dieux n’ont pas : eux ne pourront jamais vivre d’aventure. En effet, comme ils sont immortels, il n’y a aucun enjeu : ils savent qu’ils s’en sortiront indemnes. Leur seul moyen de combler l’ennui est donc d’observer l’homme et ses aventures : ils sont réduits au rang de spectateur mais jamais d’acteur. En somme, contre l’ennui, même les dieux luttent en vain.

Jankélévitch propose une typologie des aventures (nous ne nous attarderons pas sur l’aventure amoureuse, dernier chapitre du livre, dans un soucis de clarté et pour correspondre au thème du monde) :

  • L’aventure mortelle, où le sérieux prévaut sur le jeu. Cette aventure termine généralement en tragédie, ce peut par ailleurs être une métaphore de la vie (qui se finit par la tragédie qu’est la mort). Toutefois, c’est cette mort qui donne tout son sens à l’aventure.
  • L’aventure esthétique, où le jeu prévaut sur le sérieux. L’homme n’est alors plus vraiment dans l’aventure, comme s’il n’y était pas totalement impliqué. Elle n’a alors pas pour visée d’être vécue, mais d’être observée (ou entendue, avec les histoires): ce type d’aventure a donc pour objet le Beau.

 

Une distinction : Ulysse et Sadko. 

Par exemple, Ulysse est-il un vrai aventureux ? Tout porte à croire que oui: durant tout l’Odyssée, il voyage sur son bateau, et rencontre des êtres/ découvre des endroits dont il n’avait peut-être pas conscience de l’existence. Polyphème, les Lotophages, Circé, les sirènes, Calypso.. plein “d’aventures” qui font que le récit d’Homère perdure depuis des siècles. Ulysse semble donc un exemple parfait d’aventure esthétique.

Or, Ulysse n’a pas la volonté de partir à l’aventure : sa seule volonté est de rentrer chez lui. Les obstacles s’imposent à lui, et le forcent à faire halte à différents endroits alors qu’il ne souhaite que retrouver sa femme et son fils à Ithaques. La nostalgie triomphe.

Jankélévitch oppose à Ulysse le guerrier légendaire russe Sadko, un individu pauvre qui part à l’aventure pour faire fortune. Il n’hésite pas à tout abandonner pour aller à l’autre bout du monde. Sadko illustre justement le “héros moderne”, qui part sans retour vers des contrées inconnues (comme par exemple le nouveau monde), à l’image des voyageurs du XVIème siècle. Pour ce héros moderne, le monde n’est pas clos et délimité : il est infini et c’est à l’homme d’en découvrir les recoins. 

 

Cliquez ici pour vous immerger dans l’aventure de Sadko.

Conclusion

Aller à la découverte du monde, ce n’est pas seulement se mouvoir autour du monde, se déplacer. C’est plus que cela: partir à l’aventure, c’est se mettre dans une position d’accueil vis-à-vis du réel, c’est accepter l’imprévisible et le souhaiter de toutes ses forces, c’est faire preuve de curiosité vis-à-vis de ce qui m’est étranger. L’homme n’est donc pas à l’origine du monde, mais c’est ce monde inconnu qui lui fait battre son coeur et lui fait échapper à une existence morose.

 

Bonus : Dans quel sujet peut-on utiliser cette référence ?

  • On peut utiliser cet ouvrage dans les sujets remettant en question l’unicité du monde (ex : l’autre monde).
  •  On peut également l’utiliser pour montrer à quel point l’aventure renforce nos connaissances sur le monde (ex : Faut-il découvrir le monde ?).
  • Ou pour montrer que l’homme doit accepter un monde qui peut lui être étranger, qui le fait sortir de sa zone de confort (ex : le centre du monde, le bout du monde)
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Image de Antoine Mas
Antoine Mas
Etudiant à HEC Paris après 2 ans à Saint Michel de Picpus.