Les théories de la croissance forment un incontournable du programme d’ESH de première année. Ici, on te dit tout sur les théories de la croissance endogène.
En 1956 dans son article A Contribution to a Theory of economic growth, Robert SOLOW met en évidence qu’une large part de la croissance est inexpliquée car due au progrès technique qui est « une manne tombée du ciel » : le progrès technique est alors exogène.
Cependant, à partir des années 1980, de nombreux économistes vont tenter d’expliquer les origines du progrès technique car, selon eux, le progrès technique est issu de certaines activités. Ces théories forment les théories de la croissance endogène que nous allons étudier ici.
1) Le « learning by doing »
En 1986, Paul ROMER dans Increasing returns and long-term growth explique que c’est le processus de « learning by doing » tel que défini par Kenneth ARROW qui est à la racine du progrès technique. En effet, le « learning by doing » permet au facteur travail de gagner en productivité. Dès lors, grâce à ce processus, la productivité globale du facteur travail, donc la productivité globale des facteur de production, est améliorée. Or, puisque le progrès technique s’apparente à la productivité globale des facteurs de production, alors le « leaning by doing » favorise le progrès technique qui est donc endogène. Ainsi, selon cette première théorie de la croissance endogène, le processus de « learning by doing », en améliorant le progrès technique de façon endogène, favorise la croissance.
Plus encore, ROMER ajoute en 1990 que ce processus de « learning by doing » peut être favorisé par les dépenses en R&D des firmes de sorte que le progrès technique résulte d’une activité consciente des firmes.
2)Le rôle de l’État dans la croissance
En 1995 dans Economic growth, BARRO affirme que les infrastructures publiques ont un rôle fondamental à jouer pour favoriser la croissance. Ainsi, l’État peut favoriser la croissance en investissant dans des infrastructures publiques. C’est par exemple pour cela que le second poste de dépense de l’Union Européenne est le FEDER (Fonds Européen pour le Développement Économique Régional) qui subventionne les infrastructures publiques des régions européennes.
En 1998 dans Endogeneous growth theory, AGHION et HOWITT ajoutent que l’État a un second rôle pour favoriser la croissance : favoriser l’innovation. En effet, le coût marginal d’une innovation est nul selon RIFKIN donc l’innovateur supporte un certain nombre de coûts alors qu’une fois l’innovation créée, tout le monde peut la reprendre à son compte gratuitement. Dès lors, il y a un certain nombre de passagers clandestins qui attendent que les autres innovent pour « recopier » sans avoir à supporter un coût. Par conséquent, l’innovation est structurellement sous-optimale.C’est pourquoi l’État doit les favoriser par l’instauration de monopoles d’exploitation industrielles (brevets par exemple) et par des dépenses en R&D.
Enfin, l’État doit améliorer le capital humain par des politiques éducatives et des politiques actives de l’emploi (formations) fortes car selon LUCAS, l’accumulation du capital humain est à la base de la croissance économique puisqu’elle permet d’avoir des externalités positives. En effet, selon Gary BECKER dans Humain capital(1964), la productivité des agents économiques est d’autant plus importante que leur capital humain est élevé. Il faut donc améliorer le capital humain. On estime d’ailleurs que 75% de la croissance économique des 30 Glorieuses fut permise par une amélioration du capital humain : en France, le nombre d’élèves scolarisés passe de 650 000 en 1946 à 4 millions en 1975. C’est également pour cela que l’Éducation Nationale est le second poste de dépense de l’État français aujourd’hui. Ainsi, l’État doit améliorer le capital humain pour augmenter la productivité du travail et donc favoriser le progrès technique et la croissance.