“Le secret d’un bon discours, c’est d’avoir une bonne introduction et une bonne conclusion” affirmait George Burns. Point de départ de votre réflexion, l’introduction est le premier contact que vous aurez avec votre correcteur. Elle n’est donc pas à négliger tant elle sera déterminante dans la note finale. Voici quelques unes des définitions les plus classiques et utiles à mettre en copie de géopolitique !
Puissance
– Puissance : capacité d’une unité politique d’imposer sa volonté aux autres entités (Raymond Aron, Paix et guerre entre les nations, 1962). Autre définition possible : capacité de faire, de faire faire, d’empêcher de faire, de refuser de faire (Serge Sur).
– Soft power : Nye, Bound to lead (1990) : capacité d’influence d’un ou plusieurs acteurs politiques (organisations internationales, FTN, ONG, Etats), par des moyens non coercitifs (diplomatie, aide éco, culture, éducation, idéologie). Kissinger : conquête des cœurs et des esprits.
– Hard power : pouvoir de contraindre par des moyens coercitifs (économique, militaire, démographie, politique).
– Smart power : théorisé par H. Clinton en 2009 pour qualifier la nouvelle stratégie américaine, cette vision de la puissance, une combinaison du hard et du soft power, cherche à rompre avec le discours messianique et le recours systématique à la coercition dont avait fait preuve George W.Bush (Bush fils). Elle se matérialise par une armée forte, des alliances et des institutions solides, indispensables pour gagner en légitimité et étendre son influence.
– Sharp power : Jessica Ludwig, Foreign Affairs (2017) : politiques agressives et subversives mises en place par des gouvernements autoritaires, visant à manipuler l’information (médias et systèmes éducatifs), pour diviser l’opinion publique.
Nouveaux paradigmes
– Mondialisation : phénomène sélectif hiérarchique renforçant toutes les asymétries (Laurent Carroué) : processus historique d’intensification des échanges et des flux de toutes natures qui fait advenir un monde connecté et interdépendant.
– Nouvel ordre mondial : wilsonien dans ses principes, ce terme est apparu à la fin de la guerre froide (victoire sur Irak en 1991) : il désigne un alignement idéologique et politique. Ce nouvel ordre mondial, d’abord multipolaire au XVIIème siècle (dominé par les européens), devient bipolaire durant la guerre froide, puis unipolaire (chute du mur de Berlin), apolaire aujourd’hui ? (Bertrand Badie).
– Émergence : forte croissance économique d’un pays ou d’un continent grâce à son insertion dans la mondialisation et sa capacité à bouleverser les ordres géopolitiques et géoéconomiques établis (Jean Coussy).
– Rééquilibrage : époque où le Nord (délimitation Nord-Sud par Lacoste) regardait le Sud (Afrique, Asie centrale et de l’Est, Amérique du Sud) avec mépris, comme étant des pays sous-développés, exploitables pour leurs matières premières et leur main d’œuvre.
Quelques tendances à prendre en compte
– Défense des intérêts nationaux : les relations internationales, régies autrefois par des principes kantiens (idéalisme : idée utopique de paix, de la diplomatie ouverte et du multilatéralisme), se heurtent désormais à monde qui redevient hobbesien (réalisme : chaque pays cherche à orienter ses actions en vue de sa propre préservation).
– Primat du droit sur la force : le Pacte Briand-Kellogg de 1928 condamne le recours à la guerre concernant le règlement des différends internationaux.
– Primat de l’économie sur le militaire : selon E.Luttwak (1990), la puissance change de nature, autrefois géopolitique, elle devient géoéconomique : mélange de la logique du conflit avec les méthodes du commerce.
– Multiplicité des crises : énergétique (eau, peak oil), alimentaire (émeutes de la faim : 2007-2008), environnementale, sociale.
Rapports de force
– Rivalités : antagonismes et tensions entre États qui souhaitent tourner les rapports de force à leur avantage.
– Tensions : conflits qui n’ont pas encore été consommés.
– Conflits : choc entre des volontés opposées quels que soient les moyens envisagés ou utilisés par les adversaires pour assurer le triomphe de leurs ambitions (J-B. Duroselle) : manifestes, latents, d’usages.
– Influence : volonté de partager, de convaincre, par rapport à une finalité espérée : Être influent c’est venir avec une valise pleine d’idées et laisser la valise sur place (Foucher).
– Ingérence : se mêler des affaires d’autrui de manière plus ou moins acceptée, force d’influence conduisant à une violation du principe de souveraineté.
– Crise : du grec krisis qui signifie jugement : situation de trouble, qui laisse craindre ou espérer un changement profond.
Hiérarchie
– Périphérie : espace dominé et délaissé, à n’importe quelle échelle (transnationale, ville), par les centres. Ces périphéries peuvent être intégrées (profitent retombées tout en alimentant centre), marginalisées, victimes de la ségrégation socio-spatiale (Géoconfluences) / Centre : pouvoirs décisionnels.
– Pôle : entérine la convergence des forces économiques.
– Empire : désir absorption, de soumission universelle, d’unification territoriale et politique (idéologique), conduisant à la dépendance des sujets. L’Empire a vocation à s’étendre et conquérir en pensant apporter l’unité, la paix et le progrès.
– Hégémonie : suprématie politique et militaire d’un État sur d’autres, qui se différencie de l’Empire (pas forme prioritairement territoriale). Ligue de Délos : pouvoir de commandement consenti par les autres cités-États de l’alliance.
– Monopole : privilège exclusif.
Régulation
– Intégration : elle n’est pas une simple coopération, en ce qu’elle induit une mise en commun acceptée de moyens ou de ressources orientée vers un but commun.
– Fragmentation : processus allant à l’encontre du renforcement des relations entre différents territoires. La fragmentation s’oppose à l’intégration.
– Multilatéralisme : mode de décision qui suppose la concertation de plusieurs acteurs (s’oppose bilatéralisme/unilatéralisme : décision unique) pour étendre des règles communes au plus grand nombre d’États, sur une base volontaire, pacifique et durable.
– Régionalisme : collaboration internationale entre États qui forment des organisations, des traités, des accords au nom d’intérêts communs.
Identité / État
– Identité : appartenance commune, laquelle peut tenir à une langue, une culture, une histoire ou des habitudes politiques communes. Elle s’articule entre des valeurs partagées (ce qui me définit) et la désignation d’un ennemi commun (par opposition aux autres).
– Souveraineté : pouvoir de commander et de contraindre sans être commandé ni contraint par qui que ce soit (J. Bodin) : attribut exclusif de l’État : aucun égal en interne (constitution, organisation de la société sur un territoire).
– État : pouvoir central souverain (Machiavel). E. Hobsbawm, dans Nations et nationalismes affirmait : Ce ne sont pas les nations qui font les États et le nationalisme, c’est l’inverse.
– Nation : communauté humaine vivant dans un même territoire, qui a conscience d’être unie par une identité historique et culturelle commune, et constitue ainsi une communauté politique. Conception culturaliste : unité linguistique et raciale (Allemagne)/contractualiste : plébiscite : ce sont les citoyens qui détiennent la puissance politique ( France, Renan).
– État-nation : concept où l’État coïncide avec la nation.
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