Les médias jouent un rôle crucial dans la formation de l’opinion publique. Dans cet article, nous te donnons des exemples de l’influence qu’ils ont dans le monde anglo-saxon.
Penser l’influence des médias sur la société
De nombreux penseurs anglo-saxons ont développé des thèses autour de la thématique des médias.
Dans Amusing Ourselves to Death, Neil Postman analyse l’influence qu’ont les médias au sein de la société. Il crée entre autres le concept de “information action ratio”. Il s’agit de la relation entre une information et l’action qu’un individu pourrait raisonnablement entreprendre une fois qu’il en a connaissance. Or, le nombre d’informations qui nous parviennent tous les jours augmente drastiquement avec l’omniprésence de nouvelles formes de communication digitales. On peut donc vite se sentir démuni face à ce flux, ce qui peut pousser à une inaction généralisée.
Neil Postman commente aussi le concept de “disinformation” (désinformation). Il le définit comme “une information trompeuse qui crée l’illusion de savoir quelque chose, mais qui en réalité éloigne l’individu de la connaissance”. Encore une fois, le flux bien trop important d’informations brouille les frontières entre ce qui est vrai et ce qui est faux. Il devient de plus en plus difficile de savoir qui croire.
Edmund Burke a théorisé l’idée de la presse comme un “4th Estate” (un quatrième pouvoir) . Il soutient que la presse a une influence sur la société qui permet de contrecarrer les trois autres pouvoirs (exécutif, législatif, judiciaire).
En référence à la thèse de Burke, l’expression “5th Estate” est utilisée pour décrire ce qui est appelé le “Citizen Journalism”. Avec l’arrivée des réseaux sociaux, chaque citoyen a la possibilité de publier du contenu sur le thème qu’il veut, documenter une situation en particulier. Ils peuvent donc s’improviser journalistes sur ces plateformes.
Selon Marshall McLuhan, “the medium is the message” (le moyen est le message). Ceci signifie que la manière dont nous percevons les informations est façonnée par le canal de communication qui nous le transmet. On peut relier cette citation aux algorithmes des réseaux sociaux. En effet, ces plateformes créent un effet de bulle, en proposant du contenu similaire à celui que l’on a l’habitude de regarder. La nuance tend donc à disparaître et les informations deviennent amplifiées. Par exemple, une étude a montré que les personnes qui utilisent Facebook comme source d’information principale étaient moins à même de se faire vacciner durant la pandémie de Covid. Beaucoup de “fake news” autour du vaccin circulaient sur Facebook.
Les médias anglo-saxons sont-ils encore indépendants ?
Un phénomène de concentration
On assiste à un phénomène de concentration des médias. 90 % des médias britanniques sont détenus par trois groupes (Reach, DMG et News UK). En ce qui concerne les Etats-Unis, c’est 90 % des médias qui sont détenus par six groupes. Il devient donc de plus en plus difficile d’avoir des points de vue différents et une indépendance des journalistes, qui sont soumis à une hiérarchie.
La guerre du Golfe est un exemple de situation où les médias ont manipulé l’information. En 1990, les Etats-Unis lancent une attaque contre l’Irak. CNN, qui est une des chaînes d’information principale aux Etats-Unis, faisait un grand nombre de reportages sur le sujet. Les journalistes et reporters représentaient les soldats américains comme des héros. Ils insistaient sur leur courage et leur engagement dans la défense de la nation américaine. CNN était à l’époque une des rares chaînes qui couvrait le conflit 24 heures sur 24. De nombreux citoyens l’utilisaient donc comme leur source d’information principale.
Néanmoins, beaucoup d’informations étaient passées sous silence. Par exemple, la chaîne n’abordait pas le sujet des civils morts, alors qu’il y en a eu beaucoup durant ce conflit. Certains médias profitent donc de leur grande influence afin de présenter des situations sous un angle subjectif et avec une vision faussée des choses.
La liberté de presse en danger ?
De nombreuses questions surgissent également autour de la liberté de la presse. L’arrestation de Julian Assange, lanceur d’alerte, a ravivé le débat concernant la question. En 2006, le site Wikileaks (dont Julian Assange est le fondateur) a publié des documents confidentiels appartenant au gouvernement américain. Ces derniers révélaient les stratégies militaires et diplomatiques qu’adoptaient les Etats-Unis durant les guerres en Irak et en Afghanistan.
En 2020, les Etats-Unis ont condamné Julian Assange pour plusieurs violations de l’Espionage Act de 1917. En effet, comme il s’agissait de documents classés secrets, Julian Assange était accusé de ne pas respecter les secrets d’Etat.
Les défenseurs de ce lanceur d’alerte ont soutenu que la situation était trop grave pour ne pas être révélée au grand public. Les poursuites judiciaires à l’encontre de Julian Assange témoignent selon eux d’une infraction à la liberté de la presse.
Une régulation de plus en plus stricte des médias
Les médias subissent de grandes transformations avec l’arrivée de nouvelles technologies. Google a mis au point une intelligence artificielle nommée Genesis. Le géant du numérique l’a présenté comme un outil qui pourrait servir d’assistant personnel à des journalistes. Il pourrait accomplir certaines tâches faciles à faire à la place des journalistes.
Cependant, des critiques se sont fait entendre après la publication du projet. Du côté des journalistes, beaucoup pensent qu’à terme, Genesis risque de les remplacer. D’autres détracteurs se trouvent parmi les éditeurs et chercheurs. Ils ont accusé Google d’avoir profité de leurs travaux pour la création de cet algorithme, sans les rémunérer.
Une autre inquiétude importante est l’effet des réseaux sociaux sur la santé mentale des utilisateurs . Les Etats-Unis ont entrepris une lutte contre ce phénomène. Plus de 40 états ont lancé un procès contre Meta. Le réseau social est accusé d’avoir créé des algorithmes qui sont addictifs et participent à la dégradation de la santé mentale des jeunes.
De même, le Royaume-Uni a sanctionné TikTok d’une amende de 12,7 millions de livres. La plateforme était accusée d’utiliser de manière illégale des données d’enfants de moins de 13 ans.