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Le modèle d’Oslo : l’économie des biens communs, la souveraineté des villes

Sommaire

Un concept inconnu au grand public, l’économie des biens communs est d’une actualité relative s’agissant des questions de gestion des ressources partager, en tout cas à l’échelle lointaine. Issue du sillon du travail de l’importante économiste Elinor Ostrom, première et seule à avoir reçu le prix Nobel d’économie (2009), l’économie des communs est un modèle de gestion alternatif aux modèles classiques de gestion de ressources publiques ou privées. Au lieu de concentrer le maximum des ressources entre les mains de l’État ou du marché d’une part ou de l’autre, les âgée de communs sont porteurs de gestion décentralisée et collective. Le modèle est intéressant à étudier à la lumière d’Ostrom et de sa théorie de la gestion de biens collectifs.

Le concept d’économie des biens communs d’E. Ostrom

Afin de comprendre l’économie des communs, il me semble inmpértatif de comprendre en premier lieu le mécanisme théorique d’Ostrom. Contrairement aux théories classiques comme celles de Hardin sur la “tragédie des communs” en 1968, qui officient sur un mécanisme d’anarchie sur lequel les ressources partagées sont surexploitées en l’absence de régulation, Ostrom suggère que les communautés locales parviennent en revanche à établir et maintenir des systèmes de gestion durable sans l’intervention d’une autorité centrale. En d’autres termes, les individus, directement affectés par la régulation des ressources, peuvent s’organiser de manière autonome pour ne pas commettre d’aberration.

Ostrom identifie huit principes fondamentaux qui sous-tendent la gestion des communs, notamment des règles adaptées au contexte local, la coopération fortering, une surveillance mutuelle entre utilisateurs et des sanctions graduées. Ce mécanisme repose sur une approche décentralisée, basée sur la coopération et non sur le mécanisme associatif. C’est le modèle auquel plusieurs villes, telles que Oslo, se contiennent de recourir pour recouvrer leur souveraineté.

Un exemple simple de “communs” est les pâturages communs dans la société champêtre. Si chaque éleveur peut faire paitre ses animaux librement, par exemple, les pâturages seront bientôt surexploités. Toutefois, si les éleveurs formulent des règles de gestion – en exigeant un maximum d’animaux vaches par éleveur par exemple – les pâturages peuvent être utilisés de façon durable. Ce modèle est facilement transférable à l’échelle urbaine.

Avec un peu de maths cela donne ça :

Le mécanisme d’Ostrom peut être démontré mathématiquement à l’aide d’un modèle de répartition de ressources. Supposons que R représente la ressource commune disponible (par exemple, l’eau potable) et que N soit le nombre d’utilisateurs. Si chaque utilisateur prélève q unités de la ressource, la condition de durabilité est que la somme des prélèvements ne dépasse pas la quantité disponible, soit :

N × q ≤ R

Ostrom propose que la gestion collective puisse instaurer des règles qui optimisent l’utilisation de R en fonction des besoins, et non des désirs égoïstes des utilisateurs. En optimisant q, soit la quantité que chaque utilisateur prélève, en fonction du nombre total N, la ressource peut être gérée durablement. Si chaque utilisateur est conscient de la limite, la relation devient :

q = RN

Ainsi, la gestion collective permet d’éviter que certains utilisateurs ne consomment plus que leur part, assurant une répartition équitable. Ces règles sont également auto-régulées par les utilisateurs eux-mêmes, ce qui minimise les coûts de surveillance.

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Citation punchy

« Les individus ne sont pas seulement des maximisateurs rationnels d’intérêts personnels ; ils sont capables de coopération, de confiance et de communication dans le but de gérer durablement leurs ressources communes. » – E. Ostrom, Governing the Commons (1990)

Le cas d’Oslo et la souveraineté des villes

Oslo, la capitale norvégienne, constitue un excellent exemple de la mise en œuvre du modèle d’Ostrom. Depuis le début des années 2010, la municipalité a entrepris plusieurs efforts pour réglementer la consommation de biens communs tels que l’énergie et l’espace public. Lors de l’année 2021, la consommation de combustibles fossiles a chuté de 95 % dans les bâtiments municipaux.

 L’économie a été réalisée grâce à une gestion collective du processus de transition énergétique. Les habitants de la ville, les entreprises locales et la municipalité se sont tous activement engagés dans ce processus, démontrant ainsi la faisabilité du modèle des biens communs. Plusieurs millions de couronnes norvégiennes ont été économisées dans les coûts annuels d’énergie en cinq ans à Oslo grâce à des actions collectives décentralisées. On peut voir comment la municipalité n’a fait qu’augmenter son niveau de souveraineté tout en jouant un rôle dans la transition verte.

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Aurele Tranchant