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La mondialisation des pauvres, Armelle Choplin et Olivier Pliez, 2018

Sommaire

Vous retrouverez dans cette fiche de lecture, un résumé concis et complet de cet ouvrage qui rabat les idées pré-conçues de la théorie économique et casse les arguments anti-mondialisation.

 

L’ouvrage

Dans cet ouvrage, Armelle Choplin et Olivier Pliez ont pour objectif d’étudier les pays considères comme en marge du phénomène de mondialisation,  » et d’explorer la dimension méconnue du phénomène, le rôle joué par les populations les plus modestes dans le processus de mondialisation et d’ouverture internationale. Ils montrent en particulier que les pauvres ne sont pas exclus de la mondialisation, mais sont en fait profondément intégrés dans le monde globalisé, ce qui oblige à analyser comment l’ouverture internationale a changé leur mode de vie, de production et de consommation, et comment ils, par leurs actions, constituent un nouveau lieu d’expansion des marches pour les économies développés à travers notamment les IDE et l’accumulation du capital (Cette idée s’inscrit également dans le vision développée par Jean Joseph Boillot et Stanislas Dembinski intitule Chindiafrique : La Chine, l’Inde et l’Afrique feront le monde de demain et publie en 2013).

Les auteurs montrent, qu’au contraire d’être des victimes de la mondialisation, idée très populaire dans les discours anti-mondialisation rejoignant l’idée que la mondialisation creuse les inégalités entre les pays riches et les pauvres, les pays les plus modestes sont très impliqués dans le processus de mondialisation.  Ils considèrent même que, du fait de leurs marchés grandissant (la population africaine pourrait tripler d’ici la fin du siècle et atteindre 4,4 milliards d’habitants) et de leurs aspirations à une amélioration de leur niveau de vie et a une intégration de plus en plus poussée, ce sont eux, l’avenir du processus.

C’est pourquoi, afin de sortir de leur vision trop occidentaliser et mener à bien leurs études, les deux auteurs ont réalisé une véritable immersion au sein des différents territoires. Si la mondialisation est un phénomène global, l’importance des pays/des villes à faibles revenus au niveau local est tout aussi important. Du fait de ses conséquences sur les populations, produisant à la fois une convergence et une divergences entre les pays et les catégories sociales (Théorème Stolper-Samuelson), les auteurs considèrent qu’il est nécessaire d’analyser ce processus a travers d’autres visages que par le seul biais économique. Il s’agit de comprendre comment la mondialisation se déploie spatialement, jusqu’à accéder à des espaces marginaux habités par des habitants à faibles revenus, et comment ces derniers participent profondément à la mondialisation.

Un autre livre sur la mondialisation : Pierre-Noël Giraud, La mondialisation, Emergences et Fragmentations, 2008

 

Le vrai visage de la mondialisation

              Il est donc nécessaire, pour comprendre la mondialisation, d’analyser en détail les chaines de valeurs mondiales, l’interconnexion entre à la fois les pays pauvres et les pays développés, le rôle de chacun et de comprendre que ces pays ‘pauvres’ sont de véritables pierres précieuses pour la mondialisation représentant des nouveaux territoires prêt à se convertir au capitalisme.

La mondialisation ne se résume donc pas aux grandes villes des pays riches ou se situe les grandes places financières, tout le monde y prend part d’une manière ou d’une autre et pour illustrer cela les auteurs vont utiliser de nombreux exemples. Ils vont notamment prendre l’exemple des vêtements et de l’électroménager. Ces biens principalement à destination des pays développés vont d’abord passer par les ports de Tunis et de Tripoli mais aussi de Djeddah, d’Alexandrie …

Deux exemples clés de cet ouvrage :

  • L’exemple le plus intéressant développé par les auteurs est celui des blue-jeans dont les adolescents égyptiens sont friands : fabriqués en Chine, ils suivent ensuite des canaux (légaux et illégaux) multiples, des points d’ancrage (frontières, zones industrielles, centres commerciaux, marchés, ports) qui varient en fonction des différents contextes sociaux, économiques et géopolitiques qui traversent le Moyen-Orient comme l’Afrique du Nord, pour arriver jusqu’aux rues du Caire. Et passent notamment par la ville de Salloum, un entrepôt entre la Lybie et l’Algérie. Avant le délitement de son Etat, la Libye est donc devenue au fil du temps une plate-forme de réexportation de marchandises importées, à la croisée des chaînes de valeurs transnationales connectées au marché de vente en gros d’Istanbul, d’Arabie Saoudite, de Dubaï et d’Asie orientale. Ils citent notamment l’axe El Eulma-Dubaï- Yiwu comme ossature de la route d’approvisionnement en produits made in China pour l’Algérie.
  • Second exemple : La ville de Yiwu (province de Zheijiang). Les auteurs illustrent ce phénomène à travers la ville de Yiwu, carrefour commercial du monde arabe, du continent africain et des musulmans du Moyen-Orient, où s’est développé un énorme marché de consommation de produits à bas prix et où les échanges avec la Chine se sont considérablement accrus. Ce type de ville est devenu un centre commercial mondial face à une concurrence intense avec d’autres lieux : Yiwu est ainsi devenue le plus grand marché-gare au monde pour les « petites marchandises » à bas prix. Fait intéressant, en utilisant Yiwu comme un ville-réseau, la Chine développe son commerce vers les pays voisins mais aussi vers des pays émergents d’Europe orientale ou du Golfe Persique. Ce dernier point illustre parfaitement le fait que ce genre de ville joue déjà un rôle clé dans la mondialisation et représente également l’avenir de celle-ci du fait de leurs ambitions.

Ces villes sont aussi l’illustration d’une autre mondialisation, la mondialisation culturelle. Ici, la diversité de population participant au commerce local est très importante (chinois, musulmans, …). Elles illustrent la réussite et l’ambition chinoise, à travers l’expansion des routes de la soie et projets importants et ambitieux comme OBOR (One Belt, One Road). Cet exemple rejoint également l’idée développée dans le livre de Pierre Dhomps et Henri Tsiang intitule Le big bang des nouvelles routes de la soie et publie en 2017. Dans cet ouvrage, les auteurs mettent en avant les nouvelles ambitions chinoises à travers leurs investissements notamment en Afrique et dans les ports afin de développer de nouvelles routes commerciales.

 

Zoom sur l’Afrique

Les auteurs cherchent également à mettre en avant le rôle prometteur du continent Africain dans l’intensification du processus de mondialisation et rappellent que de nombreuses entreprises estiment que leur croissance future sera la conséquence de l’expansion du marché africain. En effet, même si de nombreux pays du continent souffrent encore de taux de pauvreté élevés, certains, au contraire, montrent des taux de croissance très prometteurs (Ethiopie 6,1% de croissance annuelle en 2020, ou encore la Cote d’Ivoire avec 6,2% en 2022). Ces faits (évoqués ci-dessus) démystifient l’idée d’une Afrique exclue de la mondialisation. Ces populations sont donc les acteurs discrets de la mondialisation, ils souhaitent consommer et développer, approvisionner les marches locaux. Ainsi, « les villes africaines en particulier, avec leurs classes moyenne et supérieure avides de consommer, se présentent comme les dernières frontières du capitalisme », et elles représentent un eldorado notamment pour les compagnies du bâtiment et les cimentiers du monde entier (un « or gris »), dans un contexte où la construction de maison en dur s’affirme comme le signe de la réussite sociale (« la parpaing, lingot du pauvre »).

A lire également : 5 auteurs indispensables sur la mondialisation

 

Conclusion et idée générale

Pour résumé, les auteurs montrent ainsi dans cet ouvrage que les aspirations de la classe moyenne à atteindre des standards de consommation plus élevés et un certain bien-être matériel constituent un moteur puissant de la mondialisation qui ne s’arrêtera pas. La mondialisation n’est pas seulement le succès de quelques multinationales et la richesse de quelques millionnaires. Les acteurs les plus engagés dans la mondialisation sont souvent invisibles, pour être plus explicite, des pays pauvres. Au cours des trois dernières décennies, la trajectoire des échanges transnationaux a subi de profonds changements. Aujourd’hui, ils relient la Chine, l’usine du monde, au « marché des pauvres » de 4 milliards de consommateurs en Algérie, au Nigeria et en Côte d’Ivoire. Pour voir ces nouvelles « routes de la soie », il faut s’éloigner d’une vision occidento-centrée et se tourner vers des espaces considérés comme marginaux, où s’inventent des pratiques globales qui perturbent l’économie mondiale. On découvre alors « une autre mondialisation » vue ci-dessous du point de vue des acteurs qui l’ont faite.

Petit conseil pour les concours : En plus d’apprendre la thèse générale pour les concours, apprenez l’un des deux exemples afin de garnir vos copies et illustrer vos arguments.

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Dorian Feaux