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Carles Puigdemont, un retour de courte durée

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Malgré sa fuite en Belgique à la fin de l’année 2017, Carles Puigdemont reste un personnage clé dans la lutte pour l’indépendance de la Catalogne. Son retour, aussi bref soit-il, est donc un événement marquant pour l’Espagne.

 

Mise en contexte : Puigdemont et la lutte pour l’indépendantisme catalan 

Carles Puigdemont est une figure, si ce n’est la figure emblématique de l’indépendantisme catalan. Il est à l’origine du fameux “Procés”,  un processus visant à obtenir l’indépendance de la Catalogne, qui débute officiellement lorsque C.Puigdemont décide d’organiser un référendum illégal à propos de l’indépendance de la communauté autonome, le 1er octobre 2017. Cet événement est également connu sous le nom de 1.O

Le président de la “Generalitat” (le Parlement catalan) choisit ensuite de fuir en Belgique suite aux représailles du Gouvernement espagnol, pendant que bon nombre de ses collaborateurs doivent répondre devant la justice pour malversation, entre autres.

Lire plus : L’essentiel de l’indépendantisme en Catalogne

 

Le retour de Puigdemont permit par la “Ley de Amnistia”

Durant ce que les indépendantistes considèrent comme l’exil d’un prisonnier politique, ces derniers n’abandonnent pas leur combat. De son côté, Pedro Sanchez, qui arrive au pouvoir en 2018, tente progressivement d’apaiser les tensions entre le gouvernement central et celui de la Generalitat. L’appui des indépendantistes des différentes communautés autonomes joue d’ailleurs un rôle essentiel dans sa campagne électorale de 2024, puisque c’est le soutien final de JuntsxCat (le parti autrefois dirigé par Puigdemont) qui lui permettra d’être réélu président du gouvernement Espagnol en novembre de la même année. 

C’est dans ce contexte qu’est déposé le 23 janvier 2024 un projet de loi très particulier : une loi visant à amnistier, c’est-à-dire faire table rase des accusations portées sur les anciens membres du gouvernement catalan condamnés pour malversation, sédition ou rébellion depuis le début du Procés. Si un premier jet est rejeté par Junts, la “Ley de Amnistia” est finalement approuvée par le gouvernement le 4 mars 2024. 

En pardonnant la malversation, cette loi est supposée permettre à Carles Puigdemont de revenir en Espagne sans risquer la détention. C’est du moins ce qu’il pense lorsqu’il se présente aux élections autonomes anticipées du 12 mai 2024.

Lire plus : La loi d’amnistie de 1977

 

Des élections qui remettent sur le tapis le sort de Puigdemont

Ainsi, C. Puigdemont mène sa campagne électorale à distance, depuis la Belgique, où il cherche à rassembler les votes des indépendantistes catalans pour son nouveau parti : Junts+Puigdemont per Catalunya. Cependant, c’est le socialiste Salvador Illa (du Parti Socialiste Catalan) qui l’emporte, laissant planer le doute quant au retour de son adversaire. 

En effet, la question suscite de vifs débats, notamment en ce qui concerne l’application concrète de la Loi d’Amnistie au cas de C.Puigdemont. De son côté, la Cour Suprême refuse de gracier l’ex-président catalan et souhaite maintenir son ordre de détention, mettant en avant l’argument suivant : son cas correspondrait précisément aux deux types de délits qui ne sont pas pris en compte par les différents amendements du texte de loi. 

Voici les deux exceptions : d’une part, C.Puigdemont est accusé d’enrichissement personnel car il aurait financé le référendum illégal de 2017 avec des fonds issus des caisses publiques plutôt que de ses ressources personnelles ; d’autre part, l’organisation de ce référendum aurait perturbé les intérêts de l’Union Européenne. 

Carles Puigdemont connaît donc les risques qu’il encourt en revenant, mais s’en tient à son projet. Il a d’ailleurs affirmé dans une conférence de presse que seul un coup d’Etat pourrait empêcher son retour en Espagne (“solo un golpe de estado impedirá que regrese”).

 

Le retour tant attendu de Carles Puigdemont

Le 8 août 2024, Carles Puigdemont revient finalement en Catalogne, et tout nous laisse à penser qu’il n’a pas choisi ce jour au hasard. En effet, ce n’est autre que le jour du débat pour l’investiture de Salvador Illa que le représentant de Junts fait son grand retour, après plus de 7 ans de fuite. Le doute persiste tout de même autour du mystérieux personnage, qui disparaît à nouveau après une brève allocution devant ses partisans déchaînés. 

Lire plus : Espagne : Pedro Sanchez réinvesti chef du gouvernement



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Image de Julie Sanchez
Julie Sanchez
Étudiante en première année à NEOMA BS après deux années de classe prépa ECG au lycée Hoche.