Dans cet article, nous allons expliquer le rôle de la croissance démographique dans la révolution industrielle.
I/ La croissance démographique accompagne la révolution industrielle
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A/ La croissance démographique en Europe
La population est multipliée par 2.24, avec de fortes disparités : x 2.5 en GB, x 15.2 aux USA, x 1.5 en France. Comment ? C’est le mécanisme de la transition démographique. Pourquoi ? On peut citer la révolution agricole, la révolution pasteurienne, le contrôle plus efficace de l’État, l’évolution des valeurs familiales. Mais dès la fin du 17ème siècle en GB, et en première moitié du 18ème siècle en Europe allait se mettre en place un processus de croissance démographique irréversible qui a perduré jusqu’à aujourd’hui. Entre 1750 et 1850 : la population européenne augmenta de 65 % de 162 à 265 millions. La population de la GB : 5 millions en 1700,9 en 1801, 14 en 1831.
La croissance fut progressive ne s’accélérant qu’après 1800, le tcam passant de +0.53 à 1.48 %.
B/ C’est un facteur favorable à la RI
On observe une augmentation de la taille des marchés ( cf : en pratique le rôle joué par les indiennes en Grande Bretagne, en théorie le lien entre taille des marchés, division du travail, et productivité ). Patrick Verley en 1997 dans l’échelle du monde met en évidence 2 phases de phases d’industrialisation en Grande Bretagne : de 1800 – 1830, l’industrialisation est fondée sur la division du travail et la conquête du marché intérieur, une autre ensuite fondée sur les innovations techniques. Il montre également comment l’absence d’un marché intérieur suffisamment étendu peut-être un handicap. Les Pays Bas sont au 18ème en avance sur les autres pays d’Europe (grand cen financier, tolérance politique et confiance des négociants, main d’ oeuvre qualifiée, savoir faire technique, réseau commerciaux, une production de qualité : brasserie, tuileries, peinture, draperie, porcelaine. L’économie a pourtant perdu son dynamisme au début du 19ème lorsque les restrictions des marchés extérieurs dus aux guerres n’ont pu être compensé par le marché intérieur comme en Grande Bretagne.
II/ Mais des liaisons délicates à interpréter
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A/ La corrélation entre dynamiques économique et démographique est complexe
La population française augmenta : de 24.5 millions en 1750 à 29 millions en 1800, pu s 36 millions en 1850…Tcam de 0.34 avant 1800 et 0.43 après. Les zones de forte croissance démographique ne sont pas toujours celles où se sont dérouler la RI (ex : la Russie), idem à l’intérieur de chaque pays (en Grande Bretagne, les régions industrielles ont une natalité plus forte que les régions agricoles, en Allemagne c’est le contraire). La croissance démographique est aussi très inégale selon les pays.
Le 18ème fut – il une période récupération ou annonce – t – il de nouveaux comportements ?
On sait que c’est l’évolution lente du taux de mortalité qui permet cette croissance : avec la croissance de la production agricole, et la réduction des fluctuation importantes de prix les famines régressent (1851 en Irlande est de ce point de vue la dernière).La démographie se libérait des influences de la conjoncture économique. L’alimentation augmentait et se diversifiait : culture de la pomme de terre réduisant la dépendance vis à vis du blé, en Angleterre ou les progrès furent précoces…La consommation de sucre est multipliée par 15 au 19ème siècle, celle de viande se répandait. Les épidémies commençaient à reculer, application progressive d’une hygiène alimentaire. La mortalité infantile n’a en revanche régressée que plus lentement à partir seulement du début du 19ème siècle : en France elle est passée de 30% vers 1750 à 18% vers 1820/1829. Le taux ne devait baisser fortement qu’après 1900. À long terme, la relation s’inverse même avec certitude : l’industrialisation concourt à un fort recul de la mortalité et à une maitrise de la natalité.
B/ La révolution démographique : frein ou facteur de croissance ?
Pour certains c’est une inquiétude, T.Malthus la croissance de la population est un obstacle à long terme, la contrainte démographique appauvrit l’ensemble de la population ; Pour d’autres , c’est une chance, Paul Bairoch insiste par exemple sur le rôle des pénuries relatives en GB. Selon P Verley : Si l’extension du marché est décisive en Grande Bretagne, aux USA, de même pour le marché rural en France, il dépend plus du niveau et de la répartition des revenus que de sa taille. La baisse des prix agricoles est un élément plus important.
C/ Ce qui importe c’est l’adéquation entre population et croissance
Pour Patrick Verley – l’échelle du monde, 1997 – c’est en effet un faux problème : « Ce sont les situations sectorielles du marché du travail, et le niveau d’éducation, d’adaptation et de qualification de la main d’ oeuvre qui détermineront les conditions de son utilisation industrielle, et non pas l’évolution démographique globale ». La relation entre démographie est en effet emploi est très indirect.
En Grande Bretagne, il y a pénurie de main d’ oeuvre jusqu’en 1815.En Suisse ou en Belgique le surpeuplement rural est favorable au décollage. La question de la mobilité professionnelle et géographique est beaucoup plus cruciale.
Enfin, l’appréhension globale est trompeuse. Les inégalités sociales devant la mort ont fortement progressée. EP Thomson soutient une détérioration des conditions de vie des classes populaires. Entre 1780 et 1840 l’industrialisation fut responsable de cette aggravation.