Le rapport sur les inégalités 2022 propose un panorama complet des inégalités mondiales. En effet, il présente les dernières données sur les inégalités de revenu et de patrimoine à travers le monde.
Ce travail pharaonique a été mené par une équipe de chercheurs franco-américains dont le célèbre Thomas Piketty auteur de l’ouvrage « Le Capital au XXIème siècle ». Ce rapport sur les inégalités est affilié à la « World Inequality Database ».
Nous allons ainsi analyser dans cet article comment ont évoluer les inégalités de revenu et de patrimoine depuis le XIX ème siècle et faire le point sur la situation en 2022.
Les inégalités de revenu : un constat alarmant au niveau mondial
Les inégalités de revenu dans le monde sont fortes : en 2021, les 10 % les plus riches de la planète captent 52 % du revenu mondial, tandis que la moitié la plus pauvre n’en gagne que 8 %. La région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MOAN) est la plus inégalitaire au monde : les 10 % les plus riches y perçoivent 58 % des revenus. L’Europe est la plus égalitaire : la part de revenus des 10 % les plus aisés est d’environ 36 %.
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Les inégalités de patrimoine : des écarts de richesse encore plus flagrants
Les inégalités de richesse sont encore plus prononcées que les inégalités de revenus : la moitié la plus pauvre de la population mondiale détient seulement 2 % du patrimoine total, tandis que les 10 % les plus riches en détiennent 76 %.
C’est en Amérique Latine que la concentration du patrimoine est la plus forte : les 10 % les plus aisés y détiennent 77 % du patrimoine personnel, contre 22 % pour les 40 % du milieu et seulement 1 % pour la moitié la plus pauvre.
Elle l’est moins en Europe où les 10 % les plus riches possèdent 58 % du patrimoine, les 40 % du milieu 38 % et la moitié la moins dotée 4 %. En outre, les inégalités de patrimoine se sont accrues tout en haut de la distribution : les 1 % les plus riches (multimillionnaires) ont capté 38 % de tout le patrimoine supplémentaire accumulé depuis le milieu des années 1990, alors que les 50 % les plus pauvres n’en ont capté que 2 %.
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Les inégalités de revenu entre les pays et à l’intérieur des pays : quel constat depuis les années 1980 ?
Au niveau mondial, le revenu moyen des 10 % des individus les plus riches était environ 50 fois plus élevé que celui des 50 % des pays les plus pauvres en 1980 et il est désormais un peu moins de 40 fois plus élevé.
Cependant, il faut noter que les inégalités à l’intérieur des pays ont augmenté considérablement. En effet, le rapport entre le revenu moyen des 10 % des individus les plus aisés et celui des 50 % les plus pauvres au sein des pays presque doublé de 1980 à 2020, passant de 8,5 à 15. Désormais, les inégalités intérieures pèsent davantage que les inégalités entre pays dans les inégalités globales : 68 % contre 32 % en 2020.
Ces quarante dernières années, les pays se sont nettement enrichis, contrairement aux États. Dans les pays riches, la quasi-totalité de la richesse se trouve aux mains du privé. La part de patrimoine détenue par des acteurs publics est proche de zéro ou négative, une tendance amplifiée par la crise de la Covid.
Inégalités liées au genre
L’écart de revenus entre les femmes et les hommes s’est un peu réduit mais reste très important : en 1990, la part des revenus du travail perçue par les femmes avoisinait 30 % ; elle se situe aujourd’hui à moins de 35 %.
Zoom sur l’écologie
Les disparités des contributions au changement climatique au sein de la population mondiale sont très importantes, puisqu’un dixième de la population est responsable de près de la moitié de toutes les émissions de CO2, tandis que les 50 % du bas de la distribution n’en produisent que 12 %. Ces inégalités mondiales des émissions de CO2 sont étroitement liées aux inégalités de revenus et de patrimoine mondiales.
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Conclusion
Pour mieux redistribuer les richesses et investir dans l’avenir, le Rapport sur les inégalités mondiales 2022 envisage plusieurs stratégies telles qu’un modeste impôt progressif sur la fortune des multimillionnaires (1,6 % des revenus mondiaux pourraient être prélevés et réinvestis dans l’éducation, la santé et la transition écologique), un impôt minimum de 15 % sur les bénéfices des multinationales, ou encore une taxe carbone progressive ciblant les pollueurs aisés.