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L’animal en références culturelles #1

Sommaire

Moby Dick, Alice au pays des merveilles, les Fleurs du mal et le Vieil homme et la mer : des références culturelles qui vous rendront service.

 

Herman MELVILLE, Moby Dick (1851) – l’animal, un monstre amoral ou un vecteur de morale ? 

L’idée de l’amoralité d’un monstre :

          Attiré par la mer et le large, Ismaël, le narrateur, décide de partir à la chasse à la baleine. Il embarque sur le Pequod, baleinier commandé par le capitaine Achab, avec son ami Queequeg. Ismaël se rend vite compte que le bateau ne chasse pas uniquement pour alimenter le marché de la baleine. Achab recherche Moby Dick, un cachalot blanc particulièrement féroce et d’une taille impressionnante, qui lui a arraché une jambe par le passé. Le cachalot dont il avait juré de se venger finira par faire sombrer le Pequod, laissant Ismaël seul survivant. Moby Dick semble alors souligner le caractère nuisible des animaux pour l’homme, du fait qu’ils ne paraissent pas pouvoir recevoir une morale où un libre arbitre.

L’idée du vecteur de la moralité :

          On peut aussi analyser l’histoire de Moby Dick sous l’angle de l’obsession d’Achab : de sa quête de vengeance (il vit que pour Moby Dick). Ainsi on pourrait prêter à Moby Dick un sens moralisateur : il est blanc, (référence à la couleur de la pureté et de l’innocente). Qui alors dans la lutte entre Achab et Moby Dick représente le Bien et le Mal. L’orgueil d’Achab, animé par le désir de vengeance et de gloire qu’il pourrait tirer, le mènera à sa perte. On assiste métaphoriquement à la condamnation de l’orgueil et de la vengeance. La baleine est présentée par les traits d’Achab : elle ne vit que par la haine. On voit ici la référence chez Melville au Lévithan biblique, véritable monstre aquatique.

 

Lewis CARROLL, Alice au pays des merveilles, 1865 – le langage animalier existe-il ?

          L’ingénue Alice, gagnée par le sommeil, est entraîné par un curieux lapin dans un univers désarmant où toutes choses paraissent insolites. Ici, rien ne semble respecter la logique à laquelle nous nous conformons ; les animaux, qu’ils soient des vers à soie, une tortue fantaisie ou quelques frétillants homards, parlent un bien surprenant langage. L’auteur, professeur de mathématiques à Oxford, joue avec la logique, exploite les raisonnements issus des mathématiques, jongle avec les mots et les dictons pour créer un univers onirique dans la tradition du délire satirique (certains salueront en lui un précurseur du surréalisme). En effet, les cartes à jouer évoluent à l’instar des figures qu’elles représentent, s’emportent, s’exaspèrent, la reine de cœur apparait comme un tyran : « qu’on lui coupe la tête ». Finalement, s’il est certain que les êtres de ce monde se métamorphosent au gré des mouvements de l’imagination de Lewis Carroll, il reste à se demander quelle est la part de réalité dans ce monde : les animaux communiquent-ils ?

 

Charles BAUDELAIRE, Fleurs du mal, « Une charogne » (1869) – l’animal, symbole de la vie persistant même encore après la disparition de la fleur des mâles.

          Baudelaire parodie Ronsard, notamment dans « Mignone allons voir si la rose » (Ronard), qui faisait de sa poésie une machine de séduction. « Une charogne » est donc toute une tradition littéraire que Baudelaire se plaît à déconstruire. Dans cette parodie des poésies amoureuses décrivant des promenades galantes dans un locus amoenus (lieu agréable), on peut certes retrouver tous les codes descriptifs de ces poèmes mais un parfum de scandale persiste : tout y est horrible. La promenade se solde sur une impression de dégoût. La charogne est ici une image érotisée qui symbolise la femme aimée (la Muse) qui s’est livrée aux assauts de son amant, laissée pénétrer : elle a « les jambes en l’air », « la puanteur est si forte », « de larves, qui coulaient comme un épais liquide ». Il s’agit bien d’un moment post-coïtal où le corps de la femme n’est plus la belle amante qu’on cherche à séduire, mais un morceau de viande abandonné à lui-même, devenu animal (« post coïtum animal triste » dit le proverbe latin). L’horreur de l’amour charnel et naturel est toutefois l’occasion d’une naissance poétique, symbolisée par la vie qui pullule sur la charogne. La création naît de l’animalité de l’homme, de sa pulsion sexuelle, qui aurait dû rester inassouvi et que transcende le langage. L’animalité de l’homme est donc un instinct charnel d’où exulte la (pro)création.

 

Ernest HEMINGWAY, Le Vieil Homme et la Mer (1952) – l’animal-trophée : nourrir l’ego ou nourrir les autres ?

          Le roman met en scène Santiago, le vieux pêcheur, et Manolin, jeune garçon qui l’accompagnait durant 84 expéditions. Mal chanceux, rien ne mordait à l’hameçon. Les parents de Manolin décident de le changer de bateau. Au 85ème jour, Santiago décide de partir au large pour pêcher « le poisson » qui lui ramènera l’estime de tous. Il le trouva et après 3 jours et 2 nuits de duel interminable, le vieux parle à son ami poisson qu’il finit par nommer « mon frère » et lui exprime de la sympathie et du respect. Son orgueil n’est pas le fait d’avoir finalement vaincu un aussi gros spécimen, mais d’avoir vaincu un adversaire si brave. Mais le poisson est si gros qu’il ne parvient à le hisser sur son bateau, il le laisse alors dans l’eau et arrimé à son bateau. Sur le trajet du retour au port des requins attaquèrent son gigantesque marlin et une fois arrivé au port, il n’en resta que la tête et l’arrête. Ainsi, Santiago n’a pu percevoir qu’une partie de la joie de sa chasse : si le marlin a été consommé par les requins, il reste que la tête et les arrêtes symboliseront sa victoire et sa ténacité. Par l’animal-trophée, Santiago retrouve son honneur, Manolin revient pêcher avec lui et l’œuvre souligne le courage humain qui se commue en amour face à la grandeur et la puissance de la nature.

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Antoine Dalenconte
Étudiant à l'ESSEC en provenance du parcours ECS à la suite de deux années au Lycée Kléber à Strasbourg et d'un khûbe à Saint Jean de Douai. L'égalité des chances commence par avoir toutes les clés en sa disposition. Voici mon expérience : une méthode rigoureuse en mathématiques, une progression fulgurante en géopolitique et un raisonnement abouti en dissertation de culture générale.