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La remise en question de la thèse néoclassique : l’économie de la puissance

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L’auteur en question est Karl Polanyi, un économiste et anthropologue renommé du XXe siècle. Sa critique majeure à l’égard du néoclassicisme repose sur l’idée que l’économie ne peut pas être séparée du pouvoir et de la politique. Selon Polanyi, la thèse néoclassique ignore délibérément le rôle de la puissance dans les relations économiques.

Remise en cause de la thèse néoclassique selon Karl POLANYI

La thèse néoclassique, en se concentrant sur la notion de marché libre et de concurrence parfaite, tend à ignorer les déséquilibres de pouvoir économique qui existent dans le monde réel. Les acteurs économiques ne sont pas nécessairement égaux en termes de ressources, d’influence et de pouvoir de marché. Polanyi affirme que le néoclassicisme ne tient pas compte de ces inégalités de puissance qui peuvent influencer les décisions économiques et les résultats.

« Le seul mot qu’ont oublié les néoclassiques, c’est le mot puissance. L’économie ne peut être comprise qu’en prenant en compte le pouvoir et l’influence des acteurs économiques. » – Karl Polanyi

La notion de puissance économique est essentielle pour comprendre en profondeur les dynamiques économiques mondiales, et elle remet en question certains aspects de la théorie néoclassique. La puissance économique permet d’expliquer pourquoi certaines nations, entreprises ou individus ont plus d’influence dans les marchés mondiaux que d’autres. Elle est essentielle pour comprendre les inégalités économiques entre les acteurs économiques. La puissance économique peut influencer les politiques économiques nationales et internationales. Les États puissants ont la capacité de façonner les réglementations commerciales, monétaires et fiscales, ce qui peut avoir un impact considérable sur les acteurs économiques. Les acteurs économiques puissants ont souvent un rôle central dans l’établissement des normes technologiques et industrielles. Ils peuvent influencer les orientations technologiques et dicter les conditions de la concurrence.

En période de crise économique, les États ou institutions économiquement puissants ont souvent plus de ressources à leur disposition pour atténuer les effets de la crise et réagir plus rapidement.

Entre deux États, l’indice Herfindahl-Hirschman peut révéler une puissance bien différente

Considérons deux États, A et B, et examinons la concentration de leur marché automobile. L’indice HHI (L’Indice de Concentration de Herfindahl-Hirschman (HHI)) est utilisé pour quantifier la puissance économique relative de ces États.

  • État A a un marché automobile avec une HHI de 3 000, ce qui indique une forte concentration avec peu de concurrence. Les entreprises automobiles sont contrôlées par un petit nombre d’acteurs puissants.
  • État B a un marché automobile avec une HHI de 1 000, ce qui indique une concentration moindre et une concurrence plus saine. De nombreuses entreprises opèrent sur ce marché, avec des parts de marché plus équilibrées.

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Le Rwanda et les USA : une inégalité de puissance flagrante !

Prenons comme exemple le Rwanda, un petit État d’Afrique de l’Est, et les États-Unis, une puissance économique et politique mondiale. Les États-Unis représentent près de 24% du produit intérieur brut (PIB) mondial en 2021, selon les données du Fonds monétaire international (FMI). Leur PIB total atteignait environ 22 billions de dollars US, ce qui en fait la plus grande économie du monde. En contraste, le Rwanda est une économie beaucoup plus modeste, avec un PIB d’environ 10 milliards de dollars US en 2021, selon les données du FMI.

Cela signifie que l’économie rwandaise représente seulement une fraction de pourcentage du PIB mondial, soulignant ainsi sa limitation en termes de puissance économique à l’échelle internationale. Cette différence massive dans la taille de l’économie entre le Rwanda et les États-Unis illustre de manière quantitative la disparité de puissance économique entre un petit État et une puissance mondiale, renforçant ainsi l’importance de reconnaître le rôle de la puissance économique dans l’analyse économique.

Cette disparité de puissance économique et politique entre ces deux acteurs offre un exemple pertinent de la critique de la thèse néoclassique. Les États-Unis sont la plus grande économie mondiale, avec une influence considérable sur les marchés mondiaux, les institutions financières internationales et la politique mondiale. Leur puissance économique leur permet de façonner les politiques commerciales mondiales, de déterminer les normes technologiques et de jouer un rôle clé dans la résolution de crises économiques mondiales.

Le Rwanda, en revanche, est un petit pays enclavé, dont l’économie est principalement basée sur l’agriculture. Il fait face à des défis tels que la dépendance économique, le manque d’infrastructures développées et la faiblesse de sa monnaie. En conséquence, sa capacité à influencer les marchés mondiaux est limitée, et il est souvent contraint de s’adapter aux politiques économiques et commerciales dictées par des puissances plus grandes.

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