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Les remises en cause de la mondialisation : l’altermondialisme (2/3)

Sommaire

Comme on a pu le voir avec l’article précédent, le processus de la mondialisation fait débat sur les bénéfices qu’il peut apporter aux différentes nations. En effet, les crises de la mondialisation financière, les inégalités, l’effritement du soft power occidental, les effets délétères du productivisme sur l’environnement ou encore la crise de la Covid-19 peuvent être considérés comme des points de rupture avec ce modèle, voire de pousser à changer de modèle. C’est ce que promeut en partie le mouvement altermondialiste, que nous allons étudier dans cet article.

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Définition de l’altermondialisme

L’altermondialisme est un mouvement diffusant l’idée qu’une autre organisation du monde serait souhaitable, sans s’opposer nécessairement à la mondialisation mais plutôt en la régulant. Les mouvements altermondialistes sont hétérogènes. L’apogée de ce mouvement se situe dans les années 2000. Le mouvement s’oppose globalement au libéralisme économique et à la mondialisation financière, afin d’obtenir un monde plus juste.

Lire plus : L’essentiel à savoir sur la globalisation financière

Une remise en question de la mondialisation provenant de la société civile

Echelle transnationale

Les ONG mettent en place des coalitions pour mener des campagnes vers les opinions publiques, avec des grands rendez-vous internationaux à l’instar du Sommet de la Terre à Rio en 1992 (organisé par l’ONU). On peut également aborder le sujet des « contre-sommets » du G7. Apparus en 1984, ils réunissent des syndicats, des ONG et des acteurs de la société civile. En 1996, un collectif de syndicats rassemble 40 000 personnes en marge du G7 à Lyon. Autre initiative altermondialiste, le sommet de l’OMC à Seattle, en 1999, n’a pu se tenir en raison d’une mobilisation.

Echelle locale

À une échelle plus restreinte, on assiste au développement de mobilisations citoyennes comme les mouvements indigènes en Amérique latine ou le mouvement des paysans sans terre au Brésil (1984). Ces mouvements réclament des changements à une échelle internationale, en visant les États et les multinationales. Des réseaux citoyens transnationaux s’organisent comme ATTAC (Association pour la Taxation des Transactions financières et l’Action Citoyenne, 1998). Des petits paysans d’Asie ou d’Amérique Latine rejoignent le réseau mondial Via Campesina. Ce début d’altermondialisme est un mode d’action fédérant les mobilisations locales en revendications globales. Il est marqué par la démocratie participative, s’investissant alors dans la gouvernance globale.

Les forums sociaux

Les succès de l’altermondialisme venant de la société civile débouchent sur l’organisation de forums sociaux. Le premier est le Forum social mondial à Porto Alegre au Brésil en 2001. Ces forums traduisent des revendications économiques claires: annulation de la dette des pays pauvres, taxation des transactions financières, fin du libre échange pour un commerce équitable. C’est le début d’un nouvel ordre politique mondial, centré sur les pays du Sud et le controle citoyen, mais aussi un contre-pouvoir idéologique et politique.

Évolutions, rapprochements et interconnections

Dans les pays du Nord, le mouvement Occupy Wall Street se concentre sur l’occupation de ce lieu emblématique du pouvoir des multinationales en 2011.

Dans les pays du Sud, les mouvements sociaux manquent d’ossature politique et d’organisation. Cependant, leur portée est transnationale. Ces manifestations s’opposent aux mesures néolibérales.

Le développement des réseaux sociaux permet à ces mobilisations de prendre une ampleur internationale.

En 2008, de nombreux pays sont confrontés à des manifestations contre la hausse des prix alimentaires, critiquant les marchés agricoles mondialisés.

En 2011, c’est le monde arabe qui traverse des révolutions politiques et citoyennes dans le cadre des Printemps Arabes. Ces révolutions vont à l’encontre des régimes dictatoriaux en place et de l’austérité économique.

La crise de l’Euro en Europe dévoile les défauts de la gouvernance économique économique et financière de la construction européenne et des marchés globalisés.

Les revendications ne sont pas seulement économiques, elles visent aussi la fracture sociale, politique et culturelle, critiquant l’élite, grande gagnante de la mondialisation.

Lire plus : Les Printemps Arabes : un dénominateur commun, des trajectoires distinctes

 

Une remise en question de la mondialisation au niveau politique

L’essor des nationalismes

Les mouvements contestataires provenant de l’opinion publique se traduisent par l’essor du nationalisme, poussé par des discours populistes rendant pour responsable la mondialisation de leurs faiblesses nationales. L’ouverture des frontières, le brassage culturel ou encore l’effacement du national sont grandement critiqués. Cette montée nationaliste est visible dans les urnes, en particulier par les votes de la classe moyenne. Cette classe moyenne subit la majorité de la pression fiscale, et affronte un ascenseur social bloqué par la hausse des prix (éducation, santé, alimentation…). On le voit en Europe avec le succès, par exemple, du parti UKIP (United Kingdom Independence Party) au Royaume-Uni. Mais aussi avec l’émergence des démocraties illibérales, dont celles de Viktor Orban en Hongrie (parti Fidesz). En Russie, Vladimir Poutine dénonce les défauts de la mondialisation qui pèseraient sur le peuple russe pour légitimer la rigueur intérieure et son impérialisme. En Inde, en 2014, c’est le retour du nationalisme hindou avec le BJP de Narendra Modi.

 

Le protectionnisme en hausse

La crise des Subprimes a provoqué un renforcement du protectionnisme à une échelle politique face aux risques de la mondialisation. Par exemple, en 2014, la France a désigné un nombre de secteurs stratégiques (transports, eau, santé, énergie…), où l’Etat peut intervenir dans le cas de rachats. Les États-Unis ont également opté pour des mesures protectionnistes lorsque cela touche les intérêts de sécurité nationale et les infrastructures cruciales. En Allemagne, le ministère de l’économie dispose d’un délai de deux mois pour interdire une opération ou pour exiger les aménagements qu’il juge nécessaires dans les domaines cruciaux.

Lire plus : Le protectionnisme est-il pertinent ?

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Amelie Matray