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Résumé de la célèbre conférence “Qu’est-ce qu’une nation” d’Ernest Renan

Sommaire
Nation

“Qu’est-ce qu’une nation” est le titre d’une conférence donnée par Ernest Renan à la Sorbonne en 1882. Renan se pose les questions suivantes : d’où viennent les nations ? Qu’est-ce qui les rend possibles ? Comment ont-elles évolué ? 

 

D’où viennent les nations ? 

Depuis la fin de l’Empire Romain ou de l’Empire de Charlemagne, l’Europe est composée de nations. L’Europe est trop divisée pour qu’une unité existe. C’est pourquoi Charles Quint, Louis XIV et Napoléon Ier ont échoué, et que les suivants échoueront. Renan constate ainsi l’impossibilité d’une Europe occidentale unie. Il souligne par ailleurs que les nations sont une chose récente. 

 

Critique des définitions fondamentalistes de la nation

Ernest Renan critique un à un les différents concepts que certains ont perçus comme les éléments fondateurs d’une nation.

 

Le principe dynastique

Une nation se construit autour d’un “noyau de centralisation”. Le noyau de la France a été, comme beaucoup d’autres nations, une famille féodale : les Capétiens. Peut-on en conclure qu’une nation est d’abord une dynastie ? Les contre-exemples et contre-arguments sont nombreux : La Suisse et les Etats-Unis se forment comme nations sans avoir une base dynastique, et la Nation française ne s’est pas effondrée lors de la décapitation de son roi. Si ce n’est pas le droit dynastique, qu’est-ce alors ? Il faut donc supposer à l’existence d’un autre droit que le droit dynastique : c’est le droit national. Quel est son fondement ? 

 

La “race” 

La “race” a pu avoir son importance parfois, mais c’est généralement peu le cas. L’Empire romain est formé par la violence et les intérêts politiques. Le christianisme est un autre facteur d’unification de l’Empire. Ici, la race ne joue quasiment pas. Autre contre-exemple : Charlemagne. Il compose un Empire avec des races diverses. 

 

“La considération ethnographique n’a donc été pour rien dans la constitution des nations modernes. La France est celtique, ibérique et germanique.”

 

L’autre problème si l’on considère la race comme le fondement d’une nation est qu’il n’existe pas de race pure. Une race pure ne dure jamais et se mêle toujours à d’autres sangs

 

“Faire reposer la politique sur l’analyse ethnographique, c’est la faire porter sur une chimère. Les plus nobles pays, l’Angleterre, la France, l’Italie, sont ceux où le sang est le plus mêlé.”

 

Renan souligne même le danger à valoriser la race en ce que cela pourrait freiner le progrès. 

 

La langue

Une nation est-elle fondée sur une langue ? Encore une fois, les contre-exemples sont nombreux.  Les Etats-Unis et l’Angleterre parlent la même langue, les pays d’Amérique Latine et l’Espagne parlent la même langue, mais ils sont tous des nations différentes et distinctes. A l’inverse, la Suisse compte quatre langues et est une nation. Ensuite, la langue n’est pas si importante ! L’importance politique qu’on accorde à la langue vient de ce qu’on les regarde comme des signes de race, mais c’est totalement faux. 

 

“Les langues sont, comme les nations, des formations historiques, qui indiquent peu de choses sur le sang de ceux qui les parlent.”

 

Encore une fois, Renan souligne le danger à valoriser la langue en ce qu’un principe fondamental précède la race et la langue : la culture humaine. Il réaffirme alors un idéal humaniste de la Renaissance. La langue partage le même problème que la race : si l’on se focalise dessus, on s’enferme, on se clôture, on se coupe du reste du monde pour une caractéristique petite et faible. 

 

La religion, les intérêts et la géographie ? 

De nos jours, la religion est un élément de la vie privée. Il n’y a plus de religion d’Etat. Les nations survivent sans elle. 

Une nation peut-elle exister grâce à un intérêt commun ? Absolument pas. Un intérêt économique, par exemple, n’est pas suffisant pour lier les hommes et créer une nation. 

La géographie est un facteur très important dans l’histoire. Elle délimite les peuples par des frontières qui correspondent le plus souvent à des limites naturelles (fleuves, océans, montagnes). Mais la terre ne suffit pas à faire une nation ! 

 

“L’homme est tout dans la formation de cette chose sacrée qu’on appelle un peuple. Rien de matériel n’y suffit. Une nation est un principe spirituel, résultant des complications profondes de l’histoire, une famille spirituelle, non un groupe déterminé par la configuration du sol”.

 

La nation comme “l’âme, le principe spirituel” d’un peuple

Ce ne sont ni la dynastie, ni la “race”, ni la langue, ni la religion, ni la géographie qui fondent une nation. Mais alors, sur quoi peut-donc bien se former une nation ? 

 

Qu’est-ce qu’une nation ? 

Ernest Renan définit la nation en deux temps : “une âme” et un principe spirituel”. Quelle est la différence entre les temps ? L’âme renvoie au passé (souvenirs, héritages, traditions). Le principe spirituel renvoie au présent (désir de vivre en communauté, accepter ensemble ces traditions). Une nation se fonde sur ces deux éléments temporels : un passé et un présent qui actualise et continue à faire vivre ce passé.

 

“L’existence d’une nation est un plébiscite de tous les jours.”

 

Le rôle unique des Nations

La nation garantit la liberté, car sa diversité permet d’éviter une seule loi et un seul chef. Elle permet aussi d’avoir une certaine harmonie, un certain équilibre lorsqu’un concert de nations servent ensemble l’œuvre commune de la civilisation et de l’idéal d’humanité.

 

Leur inévitable disparition

Renan finit son texte en prophétisant la fin des nations pour une “confédération européenne”. 

 

“Les nations ne sont pas quelque chose d’éternel. Elles ont commencé, elles finiront.”

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Thibault Combret