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Les salaires : quelle politique en Allemagne ?

Sommaire

La politique autour des salaires en Allemagne est spécifique car elle dépend notamment des négociations menées par les syndicats avec les entreprises.

 

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La politique des salaires en Allemagne

 

Principes et déroulement de la politique salariale en Allemagne

En Allemagne, la politique salariale (die Lohnpolitik) n’est pas déterminée par l’État. Mais les associations d’employeurs et les syndicats négocient le niveau des salaires, mais aussi les conditions de travail (vacances, prévoyance retraite, formation). C’est pourquoi nous parlons également de politique de négociation collective (die Tarifpolitik).

Au sein de la Fédération allemande des syndicats (Deutsche Gewerkschaftsbunds), la politique de négociation collective relève de la responsabilité des huit syndicats membres. On y retrouve par exemple IG Metall, NGG (Nahrung-Genuss-Gaststätten) et ver.di (Syndicat unifié des services). L’autonomie de la négociation collective est garantie par la Loi fondamentale. L’État n’est pas autorisé à intervenir dans la négociation collective (Tarifverhandlungen).

 

Les grèves, alternative des politiques salariales, en Allemagne

Il y a eu de nombreuses grèves en Allemagne en 2023 : grèves du syndicat des conducteurs de train GDL (six fois en novembre), grèves des transports publics locaux ou encore les grèves des médecins dans les hôpitaux universitaires ou à la Deutsche Post. Le FDP a alors parlé d’une “avidité excessive pour les grèves”.

 

Même s’il y a eu de nombreux jours de grève en 2023 (1,2 million chez Ver.di), en 2015, il y en a eu encore plus. L’Allemagne n’est qu’à la 15e place mondiale, loin derrière la France qui est loin devant.

 

Quelles sont les raisons des grèves en Allemagne ?

  • Secteurs qui se sont révélés stratégiques pendant la crise du Covid et où on peut observer de fortes inégalités salariales.
  • Les salariés du secteur social en Allemagne gagnent en moyenne 17% de moins que dans d’autres secteurs 
  • Des conditions de travail souvent difficiles (travail posté, pression du temps, manque de personnel).
  • Manque de travailleurs qualifiés et d’ouvriers, notamment dans les professions médicales, dans la construction et l’artisanat. Ce sont des métiers peu attractifs.

 

Quelle est la politique d’évolution des salaires en Allemagne ?

 

Avec la crise du Covid en 2020, les salaires ont chuté, pour la première fois depuis une décennie de hausse. Mais en 2021, les salaires auront retrouvé leur niveau d’avant crise. Le salaire mensuel moyen s’élève en avril 2024 pour les salariés à temps plein à 4 187 € brut (Office fédéral de la statistique).

 

Des inégalités de salaires entre l’Est et l’Ouest en Allemagne ?

Un important écart salarial existe toujours entre l’Est et l’Ouest. On peut le voir dans le tableau ci-dessous : 

LänderSalaire annuel moyenLänderSalaire annuel moyen
Schleswig-Holstein40 464 €Mecklenbourg- Vorpommern34 320 €
Hamburg46 800 €Brandenburg34 700 €
Bremen42 640 €Berlin42 224 €
Niedersachsen40 094 €Sachsen-Anhalt35 360 €
Nordrhein-Westphalien43 940 €Sachsen36 088 €
Rheinland-Pfalz41 971 €Thüringen36 400 €
Saarland41 600 €Hessen47 840 €
Bade-Wurtemberg47 806 €Bayern46 800 €

Date : 2021

 

La politique du salaire minimal (Mindestlohn) en Allemagne

Un salaire minimum a été introduit en Allemagne en 2015, bien plus tard, par exemple, qu’en France (1950). Il y a eu une grande résistance dans ce pays où le libéralisme est très important. En 2022, le SPD a tenu sa promesse électorale : le salaire minimum, fixé à 8,5 euros en 2015, a été porté à 12 euros. L’Allemagne continue d’avoir le deuxième salaire minimum le plus élevé d’Europe en 2024 (salaire horaire minimum en Bulgarie : 2,85 € de l’heure, en France : 11,65 €, au Luxembourg : 13,05 €). L’augmentation du salaire minimum à 12 € vise à mettre un terme au phénomène des « working pauvres ».

 

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Les salaires à l’origine d’inégalités croissantes en Allemagne ?

 

Die « Arm-Reich-Schere », les écarts s’agrandissent en Allemagne

Malgré la réussite économique, les inégalités et l’exclusion augmentent en Allemagne. Selon le DIW (Institut allemand de recherche économique), les 10% les plus riches possèdent 56 % et 1% possède 18 % de la richesse totale en Allemagne. Le fait que les super-riches deviennent plus riches est une tendance mondiale.

En 2020, environ 13,4 millions de personnes vivaient en dessous du seuil de pauvreté. La pauvreté en Allemagne a atteint un triste record avec un taux de pauvreté de 16,9 % en 2021.

Alors que seulement 11,6 % des Bavarois vivent dans la pauvreté, le taux à Brême est de 28,4 %. Les personnes issues de l’immigration et les familles monoparentales sont les plus touchées.

Le risque de pauvreté a augmenté, notamment parmi les retraités. En moyenne, une femme reçoit une pension de 37,4 % inférieure à celle d’un homme malgré qu’une pension minimale ait été instaurée.

 

Les réformes Hartz (2005-2022) : politique d’indemnité chômage dans la politique salariale allemande

L’objectif de ces réformes est de rendre la politique du marché du travail plus efficace et de réformer le service public de l’emploi. La quatrième loi, Hartz IV, instaure des allocations de chômage : 60 % du salaire pendant 12 mois, puis 449 € par mois (+ loyer de base).

Ces réformes font partie de « l’Agenda 2010 », qui vise à réformer le système social allemand. Même si cet Agenda 2010 a conduit à un miracle pour l’emploi (le taux de chômage en Allemagne est inférieur à 6 %), il a eu de graves conséquences sociales.

 

Lire plus : La pauvreté en Allemagne depuis les lois Hartz

 

L’argent du citoyen (das Bürgergeld), un outil pour lutter contre la pauvreté en Allemagne

Le 1er janvier 2023, le Bürgergeld a remplacé les précédentes prestations Hartz IV. La réforme du Bürgergeld était très attendue début janvier 2022, après la formation de la nouvelle coalition des feux tricolores.

En raison de l’inflation, l’allocation citoyenne a considérablement augmentée début 2023, passant de 449 € à 563 € par mois en 2024. Non seulement le loyer de base est remboursé, mais également les frais supplémentaires comme le chauffage et l’eau chaude.

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Emma Parthenay