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Tour d’horizon des thèses littéraires faciles à placer en dissertation

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En ce début de première année, tu peux te sentir un peu perdu•e et c’est normal : beaucoup d’entre nous ont douté de leurs capacités notamment en littérature – matière très importante pour les B/L – face à des professeurs beaucoup plus exigeants qui attendent de toi une culture littéraire plus dense. La grande nouveauté, c’est la dissertation non plus seulement à l’aide d’œuvres mais aussi de critiques littéraires. Tu vas progressivement te familiariser avec l’utilisation de thèses littéraires mais pour l’instant tu peux t’aider de ce petit guide ! Si tu es en deuxième année, tu as certainement déjà beaucoup appris en première année, mais cet article pourra tout de même t’être utile !

 

La fiction : bienfaits et dangers

L’un des premiers débats de l’histoire de la littérature remonte aux philosophes Platon et Aristote, entre-autre connus pour leur vision opposée sur l’art, et plus précisément la fiction poétique.

Pour Platon dans La République la fiction n’est qu’un leurre, car l’artiste prend comme modèle les objets qu’il voit, qui sont uniquement des représentations sensibles des Idées : il n’est donc qu’un imitateur d’objets, il éloigne le public de la vérité. C’est par cela que Platon justifie sa méfiance vis-à-vis de la tragédie et de la comédie au sein de la cité. Elles risqueraient de contaminer l’âme des spectateurs, or il ne veut surtout pas que les hommes prennent aux sérieux les histoires qui se racontent sur scène et qu’il se laisse dominer par ses sentiments. 

Au contraire, Aristote explique dans Poétique que recourir à la fiction comporte bien des avantages. En visant l’universel, le poète s’adresse à tous les hommes et les spectateurs se mettent à ressentir de la pitié ou de la crainte face aux maux que subissent les personnages, dont il éprouve le désir sans nécessairement se l’avouer : c’est la catharsis. La fiction devient ainsi un biais de purgation des passions néfastes dans la cité, ce qui en fait un élément bénéfique.

 

L’analyse biographique d’une œuvre 

L’opposition entre Sainte-Beuve et Proust à propos de la méthode d’analyse d’une œuvre est également très connue dans l’histoire de la littérature.

Charles-Augustin Sainte-Beuve est un critique littéraire du 19ème siècle qui recherche les intentions de l’auteur à travers l’étude de ses qualités personnelles. Il s’appuie donc sur sa biographique et les documents historiques liés à l’auteur pour mieux analyser son œuvre. 

Marcel Proust s’y oppose très fermement un siècle plus tard dans Contre Sainte-Beuve : il contredit l’idée selon laquelle une œuvre serait le miroir de la vie d’un auteur en disant notamment “l’homme qui fait des vers et qui cause dans un salon n’est pas le même”. 

 

La question de l’engagement

Pour certains la littérature peut servir à défendre une cause, quand pour d’autres elle doit être poursuivie pour sa beauté. De nombreux auteurs se sont opposés à ce sujet : petit résumé. 

Victor Hugo est une figure incontournable de l’engagement avec des livres tels que Les Misérables, Le dernier jour d’un condamné ou encore Claude Gueux. De la même façon, Jean-Paul Sartre prône l’engagement et critique les auteurs qui ne se sentent pas concernés par les problèmes de leur société : “la condamnation de Dreyfus, était-ce l’affaire de Zola ?”.

A l’inverse, Marcel Proust refuse d’attacher à l’art une idéologie, ce qu’il illustre en disant notamment “l’art ne doit servir de chaire à aucune doctrine sous peine de déchoir!”. Le mouvement du Parnasse prône également une rupture complète entre l’écriture et les réalités sociales et politiques. Le mouvement adopte l’idée de “l’Art pour l’art” de Théophile Gautier et ne recherche que le beau, quand les romantiques cherchent à l’allier à l’utile. En somme : la littérature serait dénaturée si elle se fait le vecteur d’un engagement.

 

Œuvre de génie ou de labeur ?

On trouve au cœur de ce débat un questionnement sur l’inspiration : est-elle divine ou bien le fruit d’un travail poussé ? Dans le premier cas, l’auteur est un homme doté d’un don grâce auquel il écrit sans difficulté, or dans le second c’est parce qu’il mène un travail long et minutieux que son œuvre est notable.

Joachim Du Bellay se range parmi ceux qui considèrent l’écriture possible parce que l’inspiration a une provenance mystique : lui ne serait qu’un messager qui écoute ses muses. Victor Hugo a une approche similaire lorsqu’il parle du rôle qu’a le poète  vis-à-vis du peuple : il doit le guider. Ainsi, dans “Fonction du poète” (Les Rayons et les ombres), il écrit “Peuples ! écoutez le poète ! / Ecoutez le rêveur sacré !” ou encore “Dieu parle à voix basse à son âme”.

Paul Valéry condamne quant à lui ce type d’inspiration comme principe de création poétique au profit de la valeur travail : les poètes sont pour lui des “chefs-d’œuvre de labeur” et “c’est une image insupportable pour les poètes que celle qui les représente recevant de créatures imaginaires le meilleur de leurs ouvrages”. 

Cette revue des sujets principaux est évidemment non-exhaustive, mais les garder en tête en les associant aux auteurs cités te permet de plus facilement organiser ton analyse de sujets en littérature et ton plan ensuite. De plus, tu pourras par la suite te pencher sur des manuels qui regroupent une multitude de textes théoriques, pour retravailler les plus connus et découvrir les plus originaux. 

Garde en tête que l’apport de théories littéraires est relativement nouveau pour les premières années et tu te sentiras plus à l’aise avec le temps. Quoiqu’il en soit, ces théories doivent t’aider mais ne remplacent en aucun cas les œuvres que tu dois citer et analyser dans ton développement !

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Benjamin Hautin
Etudiant en Finance, Stratégie et Médias, je gère principalement des relations avec les Grandes Ecoles et du contenu en culture générale. En parallèle étudiant à Sciences Po Paris et à emlyon business school.