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La croissance économique de la Chine s’essouffle et marque le pas

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L’économie chinoise a enregistré au deuxième trimestre une croissance molle dans un contexte de ralentissement de la demande intérieure et extérieure. Selon les chiffres publiés le 17 juillet 2023 par le Bureau national des statistiques, le produit intérieur brut de la deuxième puissance économique mondiale a augmenté de seulement 0,8% sur la période avril-juin par rapport au trimestre précédent.

La croissance économique de la Chine, un trompe-l’œil ?

Le Bureau national des statistiques met en avant la progression trimestrielle de 6,3 % de la croissance au deuxième trimestre sur un an, saluant un « retour à la normale » et une « bonne dynamique de la reprise ». Un chiffre en effet à faire pâlir les économies de la zone euro, en ligne avec l’Inde.

Ce rebond statistique est en réalité en trompe-l’œil, rendu possible grâce à la faible base de départ lors du printemps 2022, marqué par le draconien confinement de Shanghaï, qui avait conduit la Chine au bord de la récession. Premièrement, ce chiffre reste en dessous des prévisions des économistes qui tablaient sur plus de 7 % sur un an. Et en réalité la deuxième économie mondiale a enregistré une modeste croissance de 0,8 % au second trimestre par rapport aux trois premiers mois de l’année. Cette progression est en net repli par rapport à la performance de 2,2 % au premier trimestre, et confirme ainsi les difficultés structurelles du géant asiatique, qui connaît une reprise postpandémie moins forte que nombre d’économies concurrentes.

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La reprise économique post-Covid 19 s’essouffle en Chine

Après avoir tourné la page du Covid, minée par la morosité intérieure et la conjoncture mondiale, la croissance économique chinoise s’essouffle. « Au deuxième trimestre, cette dynamique a perdu de sa vigueur en raison d’une baisse de la demande mondiale en biens (chinois) qui a pesé sur les exportations (- 12,4 % en juin, sur un an), la faiblesse du secteur immobilier et de manière générale une demande intérieure insuffisante« , indique l’économiste Erin Xin, de la banque HSBC.

L’économie chinoise fait face « à une conjoncture internationale complexe et difficile, et à des tâches ardues pour la réforme, le développement et assurer la stabilité » du pays, a admis devant la presse un porte-parole du Bureau national des statistiques, Fu Linghui. Le taux de chômage des jeunes Chinois âgés de 16 à 24 ans a ainsi atteint un nouveau record en juin, à 21,3%. Le chiffre général est pour sa part stable d’un mois sur l’autre (5,2%) mais il ne tient compte que des chômeurs comptabilisés dans les grandes villes.

La consommation domestique est également à la peine. Les observateurs s’attendaient à ce que la fin du « zéro Covid » se traduise par un retour en masse dans les magasins, au restaurant ou dans les hôtels. Ce n’est pas le cas. « Il y a une vraie défiance des ménages chinois, qui ne dépensent pas leur argent », relève Irina Topa-Serry économiste spécialiste des marchés émergents chez AXA IM. Cette situation entraine une stagnation de l’inflation, une situation à l’opposé des pays occidentaux. « Les pertes d’emplois constituent un choc sur les revenus des ménages, qui s’additionne au choc sur leur patrimoine provoqué par la baisse des prix de l’immobilier », analyse Raphaël Gallardo, chef économiste chez Carmignac.

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L’économie chinoise continue de souffrir du retournement de l’immobilier

Depuis l’éclatement de la bulle immobilière il y a deux ans, le secteur de la construction ne s’est pas remis. En juin, le prix des logements dans 70 villes baissait encore de 2,2 % sur un. « Le secteur immobilier représentait le quart du PIB chinois ! En proportion, c’est deux fois plus que les bulles immobilières qu’on a connues par le passé – en Espagne ou en Irlande, remarque Raphaël Gallardo. La Chine continue d’en payer le prix, avec des anticipations – des entreprises comme des ménages – qui se sont inversées. »

Les investisseurs commencent aussi à sérieusement s’inquiéter du niveau élevé d’endettement des gouvernements régionaux. Ces derniers ont massivement emprunté (8 000 milliards d’euros de « dette cachée ») pendant des décennies pour financer les gigantesques projets d’infrastructures qui soutenaient la croissance chinoise : routes, gares, aéroports, parcs à thèmes, etc. Et leur capacité à rembourser pose aujourd’hui question. D’ores et déjà, certains gouvernements locaux ont appelé Pékin à l’aide et les grandes banques chinoises ont accordé de premiers moratoires sur les paiements, ou de nouveaux prêts sur vingt-cinq ans.

Pour faire repartir la machine, la Banque centrale chinoise a déjà baissé ses taux d’intérêt. Elle pourrait récidiver, mais ses marges de manœuvre sont limitées par la faiblesse des taux. Tous les regards se portent désormais sur la réunion du bureau politique du Parti communiste chinois fin juillet, qui pourrait décider d’une relance budgétaire.

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Pour conclure, la Chine vise toujours « environ 5% » de croissance cette année, un objectif qui pourrait toutefois être difficile à atteindre, a averti le Premier ministre chinois Li Qiang.

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Damien Copitet
Je suis étudiant à SKEMA BS après deux années de classe préparatoire au lycée Gaston Berger (Lille). Nous nous retrouvons toutes les semaines pour l'actualité en bref