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Le bilan économique et social du Premier ministre espagnol Pedro Sanchez

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Pedro Sanchez bilan

A l’issue des élections législatives anticipées en Espagne, aucune majorité ne s’est dégagé du vote du dimanche 23 juillet. Convoquées par le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez après la déconvenue du bloc de gauche lors des scrutins municipaux et régionaux du 28 mai, l’objectif est manqué puisque l’Espagne se trouve désormais dans une impasse politique. L’occasion de tirer un bilan économique et social des cinq années de pouvoir de l’homme fort du pays, Pedro Sanchez.

Pedro Sanchez a réussi à consolider l’économie espagnole

Au moment où l’Espagne se retrouve sans majorité claire à la suite des élections législatives, malgré une débâcle annoncée évitée, il est dommageable pour le Premier ministre de n’avoir pu vanter son bilan lors de la campagne électorale, l’économie ayant été la grande oubliée du débat. Pourtant, ce dernier aurait pu capitaliser sur l’image d’une Espagne nettement plus en forme que ses voisins, avec la perspective d’une hausse de 2,3 % du PIB attendue cette année, une dynamique de l’emploi retrouvée avec 1,3 million de postes créés depuis la pandémie, et une inflation ramenée à 1,9 % en rythme annuel.

En réalité, le rôle maillon faible de l’euro endossée depuis la grande crise financière est en train de s’effacer. « Cette fois, l’Espagne a évité les grands soubresauts et les explosions de chômage qui avaient accompagné les crises précédentes », constate Raymond Torres, directeur de conjoncture de l’Institut Funcas, en soulignant les filets de protection déployés pour soutenir les entreprises et éviter l’effondrement des classes moyennes, au moment de la pandémie, de la crise énergétique et de l’inflation. « Il s’agit souvent de décisions similaires à celles des pays voisins, précise-t-il encore, mais cette normalité est précisément une grande nouveauté pour l’Espagne. »

Les experts de la Banque d’Espagne souligne notamment une « résilience notable » et calculent que l’élan se maintiendra, grâce à l’impact du plan de relance, avec une croissance de 2,2 % en 2024 et de 2,1 % en 2025. L’utilisation des premières tranches du plan de relance économique de 140 milliards d’euros soutenu par les prêts et subventions des fonds européens post-Covid a permis de soutenir l’économie espagnole sans entacher pour trop longtemps la discipline budgétaire européenne. La Commission européenne a même salué l’efficacité espagnole quant à l’utilisation des fonds. Le déficit public est attendu à 3,8% cette année tandis que la dette publique avoisine les 110% du PIB.

Le Premier ministre espagnol a mené un politique sociale généreuse tout en acceptant les contraintes de Bruxelles. Concrètement, depuis son élection en juin 2018, le chef du Parti socialiste ouvrier (PSOE) a mené une politique économique et sociale qui s’articule autour de deux objectifs : donner des gages de sérieux à Bruxelles tout en mettant en place une politique sociale plus généreuse. Ce pragmatisme lui a permis de mener une réforme du travail qui combat l’emploi précaire, de créer un revenu minimum vital, d’élargir la protection sociale et de relever le salaire minimum de 47 % en cinq ans en veillant à l’orthodoxie budgétaire.

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Le bilan du Premier ministre espagnol est-il le fruit d’un concours de circonstances ?

L’économiste en chef d’AXA, Gilles Moëc, a été interrogé par le quotidien Les Echos le 22 juillet 2023 semble plus nuancé sur les réussites économiques de Pedro Sanchez. Selon lui, le Premier ministre espagnol « n’a pas eu besoin de mener de grandes réformes : il est arrivé après cinq années d’ajustements structurels brutaux – imposés par la crise des dettes souveraines et mis en place par ses prédécesseurs Rajoy et Zapatero. En réalité, l’économie avait été assainie dès avant le Covid. »

Gilles Moëc ajoute que « Pedro Sanchez n’est pas arrivé au pouvoir avec un mandat économique, mais un mandat politique : il fallait calmer le jeu sur la question institutionnelle après l’organisation du référendum sur l’indépendance de la Catalogne. Les nationalistes basques ne lui avaient d’ailleurs accordé leur soutien qu’à condition qu’il respecte le budget préparé par son prédécesseur de droite. Pour résumer, Pedro Sanchez avait les mains liées dès le départ. Puis il a dû gérer l’urgence, avec la crise du Covid, suivie de l’explosion des prix de l’énergie et la guerre en Ukraine. »

Finalement, l’économiste pointe tout de même la réforme du marché du travail. « Il y a tout de même une réforme majeure à mettre au crédit de Pedro Sanchez : celle du marché du travail, dont tout le monde semble aujourd’hui satisfait. C’est important car le recours extrêmement élevé aux CDD en Espagne freinait probablement les gains de productivité. »

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Pour conclure, le Premier ministre espagnol Sanchez peut se targuer d’un bilan économique et social plus qu’honorable dans une Espagne toujours marquée par son rôle de maillon faible de l’Europe au début des années 2010.

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Damien Copitet
Je suis étudiant à SKEMA BS après deux années de classe préparatoire au lycée Gaston Berger (Lille). Nous nous retrouvons toutes les semaines pour l'actualité en bref