Selon les données de la Banque mondiale, la Chine est devenue en 2010 la deuxième puissance économique mondiale avec un PIB atteignant 6 090 milliards de dollars. Entre la fébrilité du dollar sur la scène internationale, la croissance des BRICS avec notamment son sommet qui se déroule du 22 au 24 août 2023, ou encore, la position chinoise de leadership inattaquable dans les énergies renouvelables, nous pouvons nous attendre à ce que la Chine impose davantage son hégémonie. Pourtant, le pays fait face à de nouvelles difficultés que nous vous proposons de découvrir dans cet article.
La Chine s’enrichit mais pas les Chinois, une devise toujours d’actualité ?
Juillet 2021 marquera la date d’un excédent commercial record : 101,3 milliards de dollars, s’expliquant majoritairement par une industrie forte ainsi qu’une consommation interne faible à la suite de la crise sanitaire. Nous rencontrerons en parallèle de fortes tensions sur le marché immobilier ainsi qu’un taux de chômage pour les jeunes âgés entre 16 et 24 ans importants. Cette Chine qualifiée de « néo-mercantiliste » n’est dorénavant plus d’actualité. On constate en effet un recul des exportations chinoises ces trois derniers mois, accompagné également d’une chute des importations (il est crucial de le préciser !). Comment peut-on expliquer ce repli ? Hormis les difficultés économiques actuelles de la Chine, nous pouvons noter que la crise sanitaire, la guerre en Ukraine ainsi que les multiples tensions géopolitiques ont su rappeler à l’ordre l’importance de l’indépendance dans les domaines stratégiques. Beaucoup de pays visent désormais l’autonomie stratégique en renforçant leur écosystème industriel et/ou en diversifiant leurs chaînes d’approvisionnement. Si la Chine ne peut plus autant compter sur ses excédents commerciaux, qu’en est-il des autres indicateurs macro-économiques ?
Comme vous le savez pertinemment, nous pouvons mesurer la santé économique d’un pays à travers divers indicateurs dont le taux d’inflation et le taux de chômage (bien que ces indicateurs restent évidemment limités tant d’un point de vue positif que normatif). Alors que la plupart des pays connaissent une forte inflation depuis plus d’un an, l’indice des prix à la consommation chinoise est en baisse de 0,3% sur un an selon le Bureau National des Statistiques.
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De plus, le chômage des jeunes demeure problématique avec un taux-record dépassant les 21%. A titre de comparaison, le taux de chômage des jeunes en France s’est stabilisé pour atteindre 16,6% cette année.
Peut-on parler d’une crise immobilière en Chine ?
Après l’effondrement du groupe Evergrande, c’est au tour de Country Garden de faire faillite. Mais qu’est-ce que Country Garden ? Il s’agit de l’un des plus grands promoteurs privés dans l’immobilier chinois détenu par la famille de Yang Guoqiang et figurant au classement Forbes des 500 plus grosses entreprises mondiales. Mais aujourd’hui, Country Garden semble incapable de rembourser ses dettes estimées à plus de 200 milliards de dollars, confirmant ainsi les craintes d’une crise immobilière. En effet, le cours de l’entreprise a chuté début août de 18% à la Bourse d’Hong Kong aggravant, de fait, la réputation financière du groupe et ralentissant par là même les ventes de biens résidentiels. Quelles conséquences ? Country Garden est indispensable dans les petites villes chinoises (représentant 60% des projets immobiliers), là où les prix de l’immobilier ont le plus chuté. Cumulée à la déflation en cours, l’économie chinoise se retrouve désormais en péril : les consommateurs reportant leurs achats, les entreprises réduisant leur offre et la défiance sur les marchés financiers s’intensifiant, la spirale déflationniste présente pourrait donc s’aggraver.
Conclusion sur l’actualité en Chine
Bien que les médias chinois restent plus ou moins discrets quant aux évènements actuels, force est de constater l’avènement d’une crise économique. Conformément aux analyses de 2008, les craintes selon lesquelles la crise immobilière chinoise pourrait provoquer une crise financière systémique, acquièrent une légitimité grandissante. Il convient cependant de préciser que les crises ne sont pas toujours la norme, l’effet de contagion reste, pour l’instant, éventuel.