Les villes sont des espaces essentiels à étudier pour comprendre les dynamiques géographiques et économiques contemporaines. Voici quelques références à connaître sur ce thème !
Les grandes villes : un gigantesque archipel ?
Mondes nouveaux, Olivier Dollfus, 1991
Dollfus développe dans cet ouvrage la thèse d’un “système monde”. Tous les pays du monde étant globalisés, ils en feraient partie. Ce système est régi par un “archipel mégalopolitain mondial”. Cet archipel est constitué de trois axes. En effet, il regroupe la côte est des Etats-Unis, le Japon (de Tokyo à Fukusa) et l’Europe (de Londres à Milan). Dans cet archipel, les métropoles fonctionnent ensemble et forment un espace harmonisé.
Ainsi, les grandes puissances de l’OCDE constituent un centre pour l’économie mondiale, tandis que les pays en développement sont situés dans la périphérie.
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Mondialisation, villes et territoires : une économie d’archipels, Pierre Veltz, 2014
Dans cet essai, Pierre Veltz souligne que les pôles urbains majeurs sont connectés entre eux. Ceci forme une “économie d’archipels” qui dépasse les frontières. Les métropoles sont indispensables à la mondialisation, puisque ce sont des espaces où transitent des flux économiques ainsi que des réseaux de production et de services.
Cependant, cette interconnexion croissante est aussi accompagnée d’inégalités fortes. Il désigne ce phénomène comme étant une “fracture territoriale”. En effet, certaines zones sont relégués au second plan et exclues des réseaux émergents.
La concentration d’informations, une caractéristique essentielle des villes
Global City, Saskia Sassen, 1991
Cet essai se focalise sur le rôle des grandes métropoles dans le monde contemporain. Saskia Sassen commence par les décrire comme des espaces qui concentrent des fonctions de commandement et des capacités d’innovation.
Par la suite, l’essayiste étudie les raisons pour lesquelles on retrouve une concentration des entreprises dans les villes. Pour ce faire, elle utilise certains indicateurs, comme les services aux entreprises. En effet, les entreprises se recentrent sur leur cœur de métier tout en externalisant des tâches moins centrales, à l’instar des fonctions juridiques et comptables. Ainsi, il est très important pour ces firmes de se situer dans un espace où les sociétés de services aux entreprises sont développées. S’installer dans une métropole permet également de profiter d’un environnement où les entreprises peuvent être en concurrence avec d’autres. Ceci les pousse à faire preuve d’innovation et à apprendre à s’adapter à des contextes changeants.
De plus, Sassen souligne que la force des villes est leur capacité à concentrer l’information. Il y a un nombre limité de villes qui ont affirmé leur pouvoir en passant d’une spécialisation dans le secteur industriel à une spécialisation dans le tertiaire. Or, les marchés financiers globalisés reposent sur un système de transmission électronique direct et développé à l’échelle mondiale. Cependant, ce système est aussi localisé au sein d’un réseau de villes étroitement connectées. Les villes seules ont donc le privilège d’obtenir certaines informations. Ceci conforte leur position hiérarchique par rapport à d’autres espaces.
L’autrice parle également d’une certaine harmonisation dans les profils des citadins. Les métropoles concentrent les élites, qui se ressemblent quelle que soit leur origine.
“Le paradoxe des télécommunications” selon François Ascher
François Ascher souligne un paradoxe quant à l’accès à l’information. En effet, les infrastructures de télécommunications ont fortement gagné en efficacité ces dernières années. Les espaces les plus marginalisés y ont accès. Avec cette révolution des nouvelles technologies de l’information et de la communication, il y aurait une égalité d’accès à l’information dans tous les espaces. Il n’y aurait donc plus de raison d’être en ville pour obtenir ces données.
Cependant, le poids des métropoles se renforce. Ceci s’explique par le fait qu’il est essentiel de recueillir des informations qui ne circulent pas partout et qui ne peuvent être acquises que dans certains endroits précis (en l’occurrence, les métropoles). C’est grâce à ces données qu’il est possible de se différencier et donc d’être plus compétitif dans un environnement toujours plus concurrentiel.
Un regard critique sur l’urbanisation
La révolution urbaine, Henri Lefebvre, 1970
Dans cet ouvrage, Henri Lefebvre analyse le processus d’urbanisation. C’est un des premiers travaux sur le thème, ce qui a grandement influencé les travaux suivants sur ce thème.
Lefebvre parle d’une “urbanisation complète des sociétés”. En effet, l’auteur soutient que le phénomène d’urbanisation ne touche pas seulement les villes. Ce dernier s’étend à l’ensemble du territoire et des populations. Il est entre autres responsable de la modification des paysages, même ruraux. Il transforme aussi les relations sociales et les modes de production. Ceci rend donc de plus en plus difficile la capacité à différencier les espaces urbains et ruraux.
Par la suite, l’essayiste développe l’idée d’un “droit à la ville”. Il est autant un droit à l’accès à la ville, qu’un droit pour les citadins à se réapproprier cet espace urbain. Or, ce droit est mis en danger par des intérêts capitalistes et technocratiques des dirigeants locaux. Il y a donc un phénomène d’aliénation dans les villes, puisque les habitants se voient retirer le contrôle de l’espace dans lequel ils vivent. Certains sont même exclus, lorsque des mesures de ségrégation sont mises en place.
Lefebvre offre donc une vision critique de l’urbanisation, en invitant à la repenser avec une participation plus active des habitants.
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