« Peu d’élèves définissent correctement le progrès technique, souvent assimilé à l’innovation. Presque rien sur la distinction entre progrès technique non-incorporé et progrès technique incorporé. De même, assez peu de candidats ont fait référence aux analyses en termes de progrès technique biaisé. » Stéphane BECUWE (auteur du rapport du sujet d’ESH de l’ESSEC 2009). Pour ceux qui visent des écoles du haut du classement, il va donc falloir s’attarder à cette disctinction et l’utiliser à bon escient dans vos copies. C’est parti !
Comme écrit dans les rapports d’HEC, la distinction entre le capital incorporé et non-incorporé est indispensable
En parcourant les sentiers sinueux de la théorie économique, un nom se détache par sa perspicacité et son éclairage sur un aspect crucial du monde des affaires : Arthur Lewis. Dans son travail pionnier sur le développement économique, Lewis a introduit le concept de “capital incorporé” et “capital non-incorporé” pour explorer les nuances fondamentales du développement économique.
Le concept du “capital incorporé” se réfère aux investissements dans des actifs tangibles, tels que les machines, les usines et les infrastructures. C’est le type de capital que nous pouvons voir, toucher et mesurer facilement. D’autre part, le “capital non-incorporé” englobe les ressources immatérielles, telles que le capital humain, la connaissance, les compétences et les réseaux. La distinction entre les deux réside dans la nature de ces actifs et leur contribution à la croissance économique.
Le concept du “capital incorporé” se réfère aux investissements dans des actifs tangibles, tels que les machines, les usines et les infrastructures. Mathématiquement, nous pouvons l’exprimer comme suit :
Capital Incorporé = Investissements Tangibles
D’autre part, le “capital non-incorporé” englobe les ressources immatérielles, telles que le capital humain, la connaissance, les compétences et les réseaux. Mathématiquement, cela peut être défini comme :
Capital Non-Incorporé = Capital + Humain + Connaissance + Compétences + Réseaux
La distinction entre les deux réside dans la nature de ces actifs et leur contribution à la croissance économique.
À travers les travaux d’A. Lewis, la Corée du Sud illustre la puissance d’un capital non-incorporé
L’illustration de cette distinction cruciale peut être trouvée dans l’histoire du développement économique de la Corée du Sud. Dans les années 1960 et 1970, la Corée du Sud était essentiellement un pays agraire, avec peu de ressources en capital incorporé. Cependant, le gouvernement sud-coréen a fortement investi dans l’éducation et la formation de sa main-d’œuvre, créant ainsi un capital non-incorporé solide. Cette décision stratégique a conduit à une main-d’œuvre hautement qualifiée et compétente, capable de gérer et d’innover dans l’industrie.
La citation d’Arthur Lewis résonne particulièrement dans ce contexte : “Le capital incorporé peut vous donner une économie développée, mais le capital non-incorporé peut vous donner une économie prospère.“
L’exemple précis de la Corée du Sud confirme cette thèse. Au cours des décennies suivantes, la Corée du Sud a vu sa croissance économique exploser, devenant l’une des économies les plus avancées au monde. En 1960, le PIB par habitant en Corée du Sud était d’environ 155 dollars. En 2019, il avait atteint près de 31 000 dollars, une augmentation stupéfiante qui témoigne de l’importance du capital non-incorporé.
Cette croissance remarquable repose sur la force du capital non-incorporé sud-coréen, notamment sur la qualité de son système éducatif et la détermination de sa main-d’œuvre. Les investissements dans l’éducation ont permis de former une population hautement éduquée et compétente, tandis que la culture du travail acharné et de l’innovation a stimulé la productivité et la compétitivité.
Exemple pour distinguer ces différentes formes dans une copie de concours
Sujet : progrès technique et emploi.
Le progrès technique est souvent synonyme d’innovation technologique, conduisant à l’automatisation et à l’amélioration de la productivité. Cette innovation est principalement liée au capital incorporé, c’est-à-dire aux machines, à la robotique, aux systèmes informatiques avancés, etc. Lorsque les entreprises investissent dans ces formes de capital incorporé, elles peuvent augmenter leur efficacité et leur capacité de production. Cependant, cela peut également avoir un impact sur l’emploi, car certaines tâches peuvent être automatisées, ce qui peut réduire la demande de main-d’œuvre dans certains secteurs.
D’un autre côté, le progrès technique peut également être alimenté par le capital non-incorporé, tel que le capital humain et la connaissance. Les investissements dans l’éducation et la formation améliorent la compétence et la productivité des travailleurs, ce qui peut contribuer à l’innovation et à la création de nouveaux emplois dans des secteurs à forte croissance, tels que la technologie de l’information, la recherche et le développement, etc.
Prenons l’exemple de l’industrie automobile. Les progrès techniques ont conduit à l’automatisation de nombreuses étapes de la production automobile, ce qui a réduit le besoin de main-d’œuvre non qualifiée dans les usines. Cependant, en parallèle, le secteur automobile a vu une demande croissante de travailleurs hautement qualifiés pour concevoir, développer et maintenir les nouvelles technologies embarquées, les véhicules électriques, etc. Ces emplois hautement qualifiés sont le résultat du capital non-incorporé, à savoir l’éducation et la formation spécialisée.
Sujets en lien :
ESSEC 2009 : Progrès technique et emploi.
ECRICOME 2012 : Le progrès technique peut-il être orienté et conduit par la puissance publique ?