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La représentation de la violence dans Guernica de Picasso

Sommaire

Le thème de cette année au programme de l’épreuve de culture générale pour les classes préparatoires commerciales est « la violence ». La violence vient du latin « vis », qui se réfère principalement à l’usage de la force. Aujourd’hui, la violence englobe l’emploi de la force, du chantage ou de la menace exercés contre une personne pour la contraindre à se conformer à nos volontés. Cela implique une certaine agressivité physique ou morale à l’encontre d’une personne et cela va parfois jusqu’à la destruction de biens humains ou d’éléments naturels. La violence est souvent associée à des scènes de guerre. Aujourd’hui, nous allons nous focaliser sur la manière dont la violence est représentée dans la célèbre toile Guernica de Picasso, qui dépeint précisément un épisode sanglant de l’histoire.

Qui est Picasso ?

Pablo Picasso (1881 – 1973) est un artiste espagnol renommé, il est connu pour ses peintures, dessins, sculptures et gravures qu’il a majoritairement réalisés en France où il a vécu une grande partie de sa vie. On le considère comme l’un des créateurs du mouvement cubiste. Il est resté célèbre non seulement pour ses œuvres d’art, mais également pour ses engagements politiques affirmés. Guernica est un parfait exemple de l’engagement de Picasso.

 

Guernica : contexte historique de sa réalisation 

En janvier 1937, la République espagnole a demandé à Picasso de peindre une œuvre destinée au pavillon espagnol en vue de l’exposition universelle à Paris. Picasso est totalement libre quant au choix du thème de son œuvre. 

Depuis 1936, l’Espagne est enlisée dans une guerre civile dévastatrice opposant les Républicains aux Franquistes. Le 26 avril 1937, la ville Guernica située dans le pays basque est bombardée par la légion Condor allemande, car la population de Guernica soutenait majoritairement les Républicains.

L’attaque a duré plus de trois heures, laissant derrière elle des paysages dévastés, tandis que les corps jonchaient les rues.

Le lendemain, Picasso prend connaissance de l’événement en parcourant le journal, et son indignation le pousse à représenter Guernica sur sa toile. Pour rester fidèle aux photographies en noir et banc, il choisit des tons noir et gris dans sa peinture.

La violence omniprésente au sein de Guernica

Guernica est une œuvre assez déroutante, de nombreux éléments sont fragmentés : les corps sont déformés et les formes se superposent. Cela confère à la toile une impression générale de désordre quand on l’observe.

Picasso n’illustre pas le bombardement de manière réaliste, on ne voit aucune bombe représentée sur la toile. Nous pouvons à la place observer un halo lumineux avec des pics qui symbolise le feu.

Les animaux sont omniprésents dans la peinture. La tête du cheval, notamment, attire le regard. L’animal est éventré par une flèche. La réaction du cheval et des autres personnages marquent l’incompréhension face à l’événement soudain qu’est le bombardement de Guernica.

Le taureau occupe une place particulière dans la toile, car il est le seul à vraiment regarder le spectateur de l’œuvre. L’impression d’immobilité du taureau montre l’impuissance des victimes. Le taureau pourrait d’ailleurs symboliser l’Espagne. 

La colombe, est à peine visible dans l’œuvre de Picasso. Cela fait office de symbole : la violence a pris le dessus sur la paix.

Hormis les animaux, tous les personnages du tableau sont féminins (une mère et son enfant, ainsi que trois autres femmes victimes du bombardement). Un seul homme gît en bas du tableau, démembré par les explosions. Cela représente aussi la situation à Guernica à ce moment-là, car la ville s’était vidée de ses hommes, partis combattre aux côtés des républicains. L’homme gisant en bas du tableau symbolise le courage et la résistance intrépide dont ont fait preuve les habitants jusqu’au bout.

 

L’utilité de l’art pour dénoncer la violence

Ici, il faut évoquer la fonction de l’art. Un débat existe quant à l’utilité de l’art. Certains sont partisans du concept de « l’art pour l’art » dont Théophile Gautier est à l’origine, tandis que d’autres perçoivent l’art comme un véritable outil d’engagement.

A travers Guernica, Picasso avait bien l’intention de dénoncer la violence et de s’engager. « La peinture n’est pas faite pour décorer les appartements, c’est un instrument de guerre offensif et défensif contre l’ennemi » a-t-il déclaré au cours d’une interview en 1945. La toile a eu d’autant plus d’impact qu’elle a été exposée aux yeux de tous durant l’exposition universelle de Paris 1937 ce qui était une parfaite occasion pour sensibiliser un maximum de personnes devant les atrocités commises en Espagne à ce moment-là. 

Finalement, la toile est devenue un véritable emblème pour les républicains espagnols, et l’immortalité de l’œuvre d’art permet d’inscrire le moment dépeint dans les mémoires. La violence de la scène suscite également ce que l’on appelle la catharsis, concept défini par Aristote comme la purgation des passions. En effet, en représentant une scène violente sur une toile ou lors d’une pièce de théâtre, on peut considérer que l’atrocité exposée aux yeux du public dissuade celui-ci de commettre des actes aussi horribles que ceux qu’il contemple.

 

Conclusion

La guerre est un thème omniprésent dans l’histoire de l’art. Dès la préhistoire, les traces d’art rupestre sont nombreuses et illustrent des scènes de conflit et de combat. Beaucoup d’œuvres d’art ont une résonance politique notamment celles réalisées durant les années de guerre.

Il est donc intéressant d’étudier la représentation de la violence dans des œuvres d’art et de citer des tableaux en dissertation. Finalement, quand la violence est indicible, les arts visuels (peinture, représentations théâtrales, … ) sont parfois plus fidèles pour la représenter.

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Elisa Jaubert